Source : Le Monde
Merkel recule face à Sarkozy et la BCE sur la dette grecque
Pour les uns, c’est une reculade d’Angela Merkel. Pour l’Elysée, il s’agit au minimum une « clarification importante » de la chancelière allemande. A l’issue d’une visite de Nicolas Sarkozy à Berlin, vendredi 17 juin, la chancelière allemande a expliqué que la participation du secteur privé au sauvetage de la Grèce se ferait « sur la base du volontariat », « en accord avec la banque centrale européenne », et en évitant tout « événement de crédit », en clair toute défaillance.
Jusqu’à présent, Mme Merkel insistait sur la nécessaire participation des banques et du secteur privé. Elle prônait de facto une restructuration de la dette, ce qui laissait augurer possibilité de défaut de la Grèce –et donc d’un membre de la zone euro- sur ses obligations. Cas très inhabituel, Berlin était en opposition frontale avec la banque centrale européenne. Avec Paris, la BCE ne voulait en aucun cas de tout ce qui pourrait s’apparenter à une défaillance d’un Etat membre de la zone euro: ils craignent une contagion sur d’autres pays de la zone, le Portugal, l’Irlande et bientôt l’Espagne.
MM. Sarkozy et Mme Merkel ont réclamé qu’une solution à la crise grecque intervienne rapidement. « Le plus tôt sera le mieux», a dit Mme Merkel, qui privilégiait jusqu’à présent d’attendre septembre. Dans l’ordre, les dirigeants français et allemand veulent que le gouvernement grec fasse adopter par le Parlement un nouveau programme d’efforts. « Un nouveau programme pour la Grèce est nécessaire », a dit M. Sarkozy. « Il serait bien que l’opposition soutienne le premier ministre grec », a demandé Mme Merkel, appelant la Grèce à « remplir ses obligations ». En cas de vote positif au Parlement, les ministres des finances de la zone euro, qui se réuniront dimanche, pourront décider de verser 12 milliards d’euros, dont 3,6 milliards d’euros du FMI.
Ils débattront aussi du nouveau plan d’aide, qui pourrait avoisiner les 100 milliards d’euros, pour que la Grèce puisse se financer à partir de 2012, dans la foulée de la réunion franco-allemande. « Nous avons trouvé une solution pour une implication du privé sur une base volontaire », a dit M. Sarkozy, qui a ajouté qu’il n’y aurait « pas de défaut de paiement ». Paris et la BCE ne veulent pas d’un système qui force les banques à honorer les assurances qu’elles ont vendu sur la dette grecque, les fameux credit default swaps (CDS). Conclusion, les Européens se dirigent vers un type de plan où les banques seraient invitées fortement à réinvestir en dette grecque leurs titres qui arrivent à échéance – c’est le modèle dit de Vienne, qui avait été adopté en 2009 pour les pays d’Europe de l’Est frappés par la crise financière- plutôt que d’échanger semi autoritairement leurs titres contres des obligations à durée plus longue comme le souhaitait jusqu’à présent Berlin, sans passer officiellement par la case remboursement. Vendredi, Mme Merkel a estimé que le modèle dit de Vienne constituait un « bon fondement ».
A l’issue de la réunion, l’Elysée se réjouissait de la détente des taux grecs.
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