jeudi 1 septembre 2011

Bruno Lemaire annonce quelques idées pour le programme de Nicolas SARKOZY

Dans cette interview accordée à L'Express, Bruno Lemaire qui travaille actuellement sur le projet présidentiel de Nicolas Sarkozy dénonce le coût des indemnisations chômage des cadres et hauts salaires qui seraient parmi les plus généreuses au monde. Je trouve la réflexion intéressante que de descendre le plafond des indemnités à un niveau similaire des autres pays européens soit environ 2000 à 2500 euros. Dans une société qui se paupérise, aux retraites extrêmement basses..., on ne peut verser des indemnités chômage dépassant les 2500 euros.



Par contre, Bruno Lemaire avance une proposition sur la fiscalisation des allocations familiales. Je pense qu'il faudra très certainement se pencher sur une réforme de la politique familiale et peut être réfléchir à un plafond ou à différents paliers sous conditions de ressources mais je ne suis pas favorable à la fiscalisation de cette aide de l'Etat.


Je pense qu'il est par contre urgent de revoir l'ensemble de la politique fiscale de la France où il faudra voir comment on intègre éventuellement les aides issues de la politique familiale. Il faut dans un premier temps absolument creer une nouvelle tranche d'impot.




Source : L'Express


Le Projet de l'UMP coutera zéro euro au pays


Le ministre de l'Agriculture et délégué général au projet au sein de l'UMP, Bruno Le Maire dessine les contours du programme présidentiel.

En juin, Bercy lui a échappé, et il en fut fort marri. Resté au ministère de l'Agriculture, il est chargé par l'UMP de préparer le programme pour 2012. Il a déjà remis un document long et précis sur le sujet à Nicolas Sarkozy, qui fait travailler en parallèle plusieurs équipes. Bruno Le Maire, lui, ambitionne de dessiner les grands traits d'une doctrine politique. Sur la dette, l'Europe, l'éducation, la sécurité ou encore la place des élites.

Cette crise ne montre-t-elle pas un affaiblissement du politique?

Nous vivons une réplique de la crise de 2008, une crise de la dette aggravée par la spéculation: le vice au bras du crime. Voilà pourquoi François Fillon a annoncé un plan d'économies de 11 milliards d'euros pour 2012. Voilà pourquoi le président de la République combat la spéculation dans le cadre du G 20. L'opinion a le sentiment que les responsables publics ont les mains liées par les acteurs privés, agences de notation, banques. Se désendetter, c'est garantir notre indépendance.

Pourquoi Nicolas Sarkozy ne s'est-il pas libéré dès 2007, la dette atteignant déjà des niveaux élevés?

Nous sommes entrés dans un monde nouveau. Où des pays émergents veulent nous imposer leurs règles ; où les tentations de repli sur soi sont très fortes ; où les peuples arabes se libèrent des dictatures. La France doit opposer la force de sa raison et de ses valeurs à la violence du monde.

Visiblement, elle n'a pas encore réussi à persuader Angela Merkel de la force de ses valeurs, vu les résultats du sommet franco-allemand du 16 août...

Tout le monde n'a pas encore conscience que le choix se situe entre le sauve-qui-peut généralisé et la solidarité. Mais nous progressons vers un gouvernement économique de la zone euro, alors que les Allemands y avaient toujours été opposés ; ou encore, vers une plus grande harmonisation fiscale. La relation entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel a aujourd'hui la même densité historique que celle entre Helmut Kohl et François Mitterrand, puis entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder. Jamais Nicolas Sarkozy n'a manqué les rendez-vous de l'Histoire avec l'Allemagne. Pendant cette crise, l'Europe a été aux abonnés absents. Elle ne doit sa survie et celle de l'euro - sa seule réalisation politique en dix ans - qu'à Nicolas Sarkozy et à Angela Merkel. Il faudra en tirer les leçons : les dogmes européens - libéralisme et concurrence effrénée - ne sont plus les bons. Nous avons besoin d'un leadership européen. L'intégration devra se faire au sein des 17 membres de la zone euro et non à 27. Face à la crise, 2011 est l'année zéro pour l'Europe.

Faut-il créer des eurobonds?

Seulement une fois que les Etats européens qui n'ont pas mis de l'ordre dans leurs finances publiques l'auront fait. On ne peut pas nous demander de signer des chèques en blanc. La solidarité doit aussi reposer sur un principe de responsabilité.

En 2007, le candidat de l'UMP avait beaucoup promis. La crise ne devrait-elle pas l'obliger à faire une campagne sans promesses?

La question de la crédibilité sera au coeur de la campagne. Nous devons rompre avec cette habitude qui fait reposer l'action politique sur de la dépense supplémentaire. Avec Jean-François Copé, nous proposons un projet dont le coût est de zéro centime. Une première pour un projet présidentiel. Toute nouvelle dépense devra être compensée par la réduction d'une autre.

La cohérence de ce premier quinquennat ne saute pas aux yeux. Quelle est-elle?

La volonté. Face à la crise, le gouvernement a su protéger les Français. Nous ne sommes pas dans la situation dramatique du Portugal, de la Grèce ou de l'Espagne. La voix de la France est restée forte. Des réformes de fond ont été engagées. En intervenant en Libye, Nicolas Sarkozy a provoqué un changement diplomatique majeur : le choix de la volonté contre celui de la résignation.

Quelle serait la cohérence d'un éventuel second mandat?

La justice. Le prochain quinquennat doit être celui de la reconquête : retrouver le sens de l'unité nationale, renforcer encore nos atouts économiques, redonner aux parents l'espoir que leurs enfants vivront mieux qu'eux-mêmes. Pour cela, des efforts sont nécessaires. Ils devront être équitablement répartis.

Quelle sera votre stratégie pour rétablir les finances publiques tout en relançant la croissance?

La France veut-elle rester une terre de production, garder ses usines, son agriculture ? La réponse est oui, trois fois oui ! C'est l'emploi et l'identité de notre pays qui sont en jeu. Nous ne pouvons pas continuer à avoir un financement de la protection sociale qui repose à 60 % sur le travail et à 40 % sur les impôts. En Allemagne, c'est l'inverse. Dans les Pyrénées-Orientales, les producteurs de pêches produisent des fruits à 1,20 euro le kilo. L'Espagne, grâce à son coût du travail, produit les mêmes à 0,80 euro. Dans cette situation, nos producteurs ne peuvent pas lutter. Ensuite, il faut que nous parvenions à créer ce tissu de PME adossées à de grands groupes, pour prendre des parts de marché à l'exportation. Enfin, nous devons valoriser nos secteurs exceptionnels (filière verte, numérique).

Comment redresser les finances publiques en même temps?

Cela suppose des décisions courageuses, comme celles prises par François Fillon. Pouvons-nous garder un dispositif d'indemnisation du chômage parmi les plus généreux au monde, en particulier pour les cadres à hauts salaires ? Les collectivités locales ne peuvent-elles pas faire les mêmes efforts d'économies que l'Etat ? Est-il logique d'engager le RSA, un dispositif utile, sans toucher à la prime pour l'emploi?

Nous dites-vous que Sarkozy 2 aura le courage de faire ce que Sarkozy 1 n'a pas fait?

Le président a déjà apporté la preuve de son courage. La réforme des retraites, la règle du "1 fonctionnaire sur 2" : où en serions-nous s'il n'avait pas pris ces décisions ? Autre question, la famille, à laquelle je suis profondément attaché. Ne pourrait-on pas verser une allocation dès le premier enfant et étudier en contrepartie une fiscalisation totale ou partielle des allocations familiales ?

L'allocation dès le premier enfant était une promesse de 2007!

Il faut dégager des marges de manoeuvre financières. Soit par la réduction des dépenses : c'est notre choix. Soit par l'augmentation des impôts : c'est le choix du PS.

Ce que vous vous engagez à ne pas faire?

Nos propositions reposent sur un niveau de prélèvements obligatoires constant. Notre projet coûtera zéro euro au pays.

Prenons l'éducation, l'une des clefs de la croissance et le premier poste de dépenses de l'Etat. Que faire?

Nous devons passer d'une école d'instruction massive à une école personnalisée pour chaque élève. C'est la voie prise par Luc Chatel. Nous conduirons ce changement avec les professeurs. Quand un jeune prof de 30 ans reçoit 2 000 ou 2 200 euros par mois alors qu'un trader va en gagner 20 fois plus, cela nourrit la crise morale. Nous voulons mieux rémunérer les professeurs, et, en échange, leur demander d'être davantage présents auprès des élèves, de faciliter ainsi un accompagnement personnalisé. Nous proposons deux priorités, avec des moyens renforcés. La première, c'est l'éducation ; la seconde, la sécurité et la justice. Je dis bien les deux ensemble : n'opposons pas les policiers aux magistrats.

C'était déjà une priorité du premier mandat...

Un délinquant condamné à cinq ans de prison devra faire cinq ans et non deux
La sécurité demande une adaptation permanente. Personne ne comprend ainsi la logique de la réduction automatique des peines. Un délinquant condamné à cinq ans de prison devra faire cinq ans et non deux, comme le souligne le rapport Ciotti. La question du respect de l'autorité est essentielle pour la cohésion de la nation. Une autorité juste.

Vous avez évoqué le coût du travail. Comment l'alléger?

En faisant preuve d'imagination. Plusieurs dispositifs permettent de transférer le financement de la protection sociale des salaires vers une autre assiette, par exemple le capital. Il ne faut surtout pas penser que la seule solution soit la hausse de la TVA. Les conventions de l'UMP ont permis de dégager des propositions. Jean-François Copé anime l'UMP dans un esprit de débat et de rassemblement.

François Hollande, le favori des sondages, mène-t-il une bonne campagne?

Le PS n'a pas acté un point essentiel: notre Etat-providence est à bout de souffle.
Je n'ai pas à juger les uns et les autres. Le projet du PS, marqué par la hausse des dépenses et des impôts, est dépassé dans ses orientations et daté dans ses choix. Il n'a pas acté un point essentiel : notre Etat-providence est à bout de souffle. Un projet ne peut consister à ajouter des allocations pour les uns, des subventions pour les autres. Pour le PS, tout est simple. Les jeunes ont des difficultés ? Une nouvelle allocation. Ils ne trouvent pas d'emploi ? Des emplois-jeunes. Un problème à l'université ? Une allocation d'autonomie. Nous devons passer au siècle du citoyen responsable : il ne s'agit plus de se demander ce que l'Etat peut faire pour moi, mais ce que je peux faire pour la nation. L'Etat ne peut plus se disperser. Il doit aider ceux qui en ont réellement besoin. Pourquoi y a-t-il un tel doute sur la parole des responsables politiques ? Kant affirmait en 1789 que les Français étaient les citoyens d'Europe qui avaient le plus de maturité. C'est toujours vrai. Les Français ne nous demandent pas des promesses, ils nous demandent la vérité.

Depuis son élection, le style de Nicolas Sarkozy n'a cessé de fluctuer. Quel devrait être celui du second quinquennat?

Il n'a pas fluctué, il a évolué vers plus de gravité, plus de retrait. Il a su s'adapter et faire face.

L'identité de la France vous paraît-elle menacée, comme le pense une partie de la droite?

La France est suffisamment forte pour que son identité ne soit pas menacée. Mais savoir qui nous sommes est une question importante. Nous sommes un peuple exceptionnel, un peuple de terre et de mer, un peuple de diversité. C'est notre chance. Nous avons une intelligence particulière, nous sommes ouverts sur les autres. Nous sommes un peuple de brassage. La France est une terre d'accueil, il faut l'assumer ! Mais cela implique d'être d'autant plus rigoureux sur les règles qui nous rassemblent. Le drapeau, La Marseillaise, l'égalité hommes-femmes : ces valeurs ne sont pas négociables. La langue, aussi: quand on est en France, on parle français. Les Français ne veulent pas que nous perdions la maîtrise de notre destin. L'immigration, par exemple, doit être un choix et non une fatalité, ce qui suppose d'être plus strict sur l'immigration de travail comme sur le droit d'asile. Il faut réorganiser la procédure de demande pour réduire les délais.

Vous êtes, par vos diplômes, un représentant des élites. Etes-vous gêné que le président les attaque si souvent?

Les rémunérations extravagantes, les délocalisations par facilité, l'ouverture commerciale de l'Europe sans contreparties donnent le sentiment que les élites ont déserté. Notre devoir est de faire en sorte qu'il n'y ait pas les gagnants de la mondialisation contre les perdants. C'est tous ensemble que nous devons réussir.

Avant l'été, vous avez emprunté une impasse - le chemin qui menait à Bercy. On a alors entendu une série de critiques sur votre compte. Seriez-vous trop technocrate?

Je suis élu de l'Eure depuis 2007, je me suis présenté à trois élections. J'ai été technocrate, je suis devenu un homme politique.

Trop courtisan?

J'ai suffisamment montré dans tous mes choix que je savais être critique quand il le fallait. La courtisanerie est le pire des défauts politiques.

Trop faible politiquement?

On se renforcera !

Un mot pour qualifier François Baroin?

Un ami.

Jean-François Copé?

Un grand professionnel.

Christian Jacob?

Une figure.

Bruno Le Maire?

Un père comblé.


http://www.lexpress.fr/actualite/politique/le-projet-de-l-ump-coutera-zero-euro-au-pays_1025744.html


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