mercredi 31 août 2011

Hervé Morin : "Nous serons obligés d'augmenter les impôts"

Source : Le Point



Le Point.fr : Que pensez-vous du "plan de rigueur" annoncé par François Fillon ?



Hervé Morin : D'abord, je regrette qu'on ait attendu trois ans pour que le gouvernement prenne des mesures que les centristes réclamaient à chaque budget. Je pense notamment au "rabotage" des niches fiscales et sociales. Ces mesures sont nécessaires, mais seront-elles suffisantes ? Rien n'est moins évident. Il s'agit très clairement d'un saupoudrage de propositions diverses, qui ne sont que des mesures conjoncturelles, et non structurelles. On voit bien qu'elles sont prises avec l'arrière-plan de la campagne présidentielle. Il faut tenter de déplaire le moins possible. Elles ne règlent en rien la nécessité d'un grand Grenelle de la fiscalité, que j'appelle de mes voeux, pour remettre à plat la fiscalité française, en faisant appel à tous les acteurs économiques et sociaux, pour faire en sorte que la France redevienne une plate-forme de production d'entreprises performantes à l'échelle européenne et mondiale.


S'agit-il selon vous de mesures d'"austérité" ?



Il est difficile de parler d'austérité quand un pays a plus de 100 milliards d'euros de déficit.



Que proposez-vous ?



Il faut le dire : nous serons obligés d'augmenter les impôts. Pour moi, le retour à l'équilibre budgétaire repose sur deux axes. D'un côté, la réduction des dépenses : continuer ce qu'a commencé l'État sur ce plan, avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, la réforme de l'État, l'effort des collectivités locales, le rabotage des niches fiscales et sociales, etc. Nous demandons aussi que les exonérations de charge sociales pour les grands groupes non délocalisables soit plafonnées. Je pense aux banques, aux assurances ou à Total, qui font des bénéfices extraordinaires. Par ailleurs, il faudra demander aux Français un effort supplémentaire l'année prochaine, et, pour refaire de la France un pays performant, concentrer toute notre politique économique et fiscale sur les PME.



Que pensez-vous de la contribution exceptionnelle des plus riches demandée par François Fillon ?



En matière de fiscalité, le diable est dans le détail. Cela nécessitera une analyse précise pour observer la justice de l'ensemble des mesures. De notre côté, nous sommes favorables à une tranche marginale d'impôt sur le revenu à 45 % pour les revenus au-delà de 150 000 euros par part.



Jean-Louis Borloo a appelé au maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires en l'état. Qu'en pensez-vous ?


Cette mesure visait à limiter les effets du temps de travail en France. Pour moi, elle doit donc être revue dans le cadre d'une réforme des 35 heures. Il faut redonner à chaque branche le soin de déterminer les conditions de mise en oeuvre du droit du travail et de durée du travail. Cette réforme-là, nous la porterons.



Assiste-t-on au dépeçage de la loi Tepa ?


Il était difficile de ne pas remettre en cause des mesures dont les effets ne sont pas si évidents.


Êtes-vous favorable à l'augmentation des taxes sur les sodas, le tabac et l'alcool ?



Oui, dans le cadre de nouvelles recettes. Cela revient à réexaminer les taux de TVA. Et je l'avais déjà proposé pour le Coca-Cola, même si ce n'était qu'un exemple... Que des produits qui n'ont rien d'alimentaire passent au taux normal ou voient leur taux augmenter, cela ne me choque pas.





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