mardi 28 juin 2011

Lancement de l’Alliance : Discours d’Hervé Morin..






Chers amis



Pourquoi sommes-nous là ? Qu’allons-nous faire de notre unité ? Et comment allons-nous faire ?
C’est un joli plan de discours politique, n’est-ce pas ?



Mais je vais vous dire la vérité, ce plan, ce n’est pas le mien. Non, en fait, c’est celui du discours de François Mitterrand, ici, à Epinay, il y a quarante ans, presque jour pour jour.



Rassurez-vous, je ne suis pas candidat aux primaires du Parti socialiste, mais si vous en êtes d’accord, je vais quand même garder ce plan de discours, car il me paraît tout à fait adapté à notre situation actuelle.



Alors première question, pourquoi sommes- nous là ?



Il y a bien sûr le plaisir de retrouver beaucoup de visages amis, mais la réponse essentielle n’est pas celle là. Nous sommes là parce que nous voulons adresser un message aux Français et leur dire que le Centre portera un projet alternatif au PS et à l’UMP aux prochaines élections présidentielle et législatives.



Oui, un message que nous adressons tout d’abord à tous ceux qui ont annoncé un peu vite la mort du Centre ; - un message à celui qui nous a souvent dit que le Centre n’existait pas ;- un message à tous ceux qui clamaient que nos divisions étaient trop fortes ;- un message à tous ceux qui affirmaient que nos idées n’avaient plus d’avenir parce qu’elles avaient été absorbées par les autres ;- un message, donc, à tous ceux qui nous ont enterrés un peu vite, et qui nous voient aujourd’hui rassemblés, au-delà de nos personnes, au-delà de nos tendances, au-delà de nos partis ! Nous leur montrons, vous leur montrez par votre seule présence qu’ils se sont trompés sur toute la ligne !



Car notre rassemblement, c’est aussi un magnifique message en direction de ces millions de Français qui, à chaque élection présidentielle depuis 1965, ont porté leurs suffrages vers un candidat du centre. Je leur dis qu’en 2012 aussi, ils pourront faire ce choix, que le Centre aura un candidat, et que rien, ni personne ne nous fera changer d’avis.



N’en déplaise à nos adversaires, le centrisme n’est pas un accident de l’Histoire ; le centrisme, c’est la confluence de plusieurs courants de pensée, une réalité électorale et aussi un idéal : un humanisme respectueux des libertés, favorable à l’économie de marché, et attentif à la personne. Comme il y a un peuple de gauche ou un peuple de droite, il y a aussi un peuple du centre, et c’est lui que nous représentons aujourd’hui.



N’en doutez pas mes chers amis, notre rassemblement d’aujourd’hui sera vu et entendu bien au-delà des frontières du centre. Oui, je m’adresse à eux aussi, les déçus du socialisme et les déçus du sarkozisme.- Les déçus du socialisme qui constatent chaque jour que le monde n’a pas changé pour le PS ; aucune inspiration, toujours les mêmes réponses comme si le monde et la France étaient immobiles. - et les déçus du sarkozisme qui ont constaté depuis quatre ans que la République exemplaire qu’on leur avait promis est restée un vœu pieux de campagne.



A tous ces déçus, je veux leur dire que l’Alliance républicaine, écologiste et sociale est là pour les accueillir. Que nous avons besoin d’eux pour bâtir un projet politique alternatif.



Deuxième question, qu’allons-nous faire de notre unité ?



Autrement dit, pourquoi faisons-nous cette alliance ?



Je vais aller droit au but.



Mes chers amis, si j’ai décidé de m’engager dans cette union, si j’ai accepté que le Nouveau Centre, sans se dissoudre – car nos partis continueront à exister - rejoigne une organisation plus large, si j’ai accepté en quelque sorte que notre capital politique puisse donner le sentiment de se diluer, c’est pour que nous ayons une vraie chance d’accéder au pouvoir.



Je vais vous dire, je n’ai pas la nostalgie de l’UDF, j’ai la nostalgie de ses conquêtes. Toutes ces grandes villes de France où nous avions des maires, toutes ces régions et ces départements où nous avions des présidents. 1993, où nous avions un groupe de 200 députés grâce auquel rien ne se décidait sans nous. 1974, où l’un des nôtres est devenu président de la République pour moderniser la France. Cela vous paraît peut-être ambitieux, utopique, immodeste, mais nous sommes là pour gagner !



Soit on reste dans son coin à commenter et à donner des leçons à la terre entière, mais alors on renonce à exercer le pouvoir, ce qui est tout de même gênant quand on se dit être un responsable politique. C’est l’option Bayrou. En tous cas, au moins jusqu’à ces derniers jours, puisqu’on me dit de manière assez insistante que les belles sirènes de l’Elysée chantent de plus en plus fort à l’oreille de notre Ulysse du Béarn, et que la douce Marielle lui aurait délié la corde qui l’attachait au mât de sa petite embarcation. J’attends tout de même de voir François Bayrou nous dire du bien de Nicolas Sarkozy, lui qu’il a qualifié dans son livre d’« enfant barbare ». « Enfant barbare », je le cite, « en ce qu'il se croit tout-puissant, qu'il imagine que le monde commence avec lui et qu'il est à sa main et qui détruit les piliers de la république comme il détruirait ses jouets ». Voir François Bayrou se rapprocher de Nicolas Sarkozy, et appeler à voter pour lui, serait tout de même un grand moment de patinage artistique politique qui resterait à coup sûr dans l’histoire.



Je reprends mon propos, mais c’est quand même une affaire à suivre.


Donc, soit on reste dans son coin, soit on se dote d’une organisation plus large et on accepte, tout en conservant son autonomie, quelques compromis pour se présenter ensemble à des élections et pour les gagner. Gagner, et à défaut, peser et être incontournable : aucune majorité sans nous, et nous pour équilibrer, modérer, inspirer la modernité.



Nous ne sommes pas là seulement pour des banquets républicains plus ou moins larges. Nous ne sommes pas là seulement pour vous dire que nous partageons les mêmes convictions. L’Alliance n’est pas non plus une écurie présidentielle ; c’est une confédération de formations politiques dont l’objectif est de porter un projet politique alternatif pour gagner les élections de 2012.



Oui, gagner ou peser. Etre dans la majorité n’a d’intérêt, et surtout de dignité, que si on peut appliquer ses idées, en tout cas celles qui vous sont essentielles, et si on peut discuter celles de ses partenaires, pas simplement s’y soumettre.



Vous voyez, le contrat de législature que nous avons depuis 2007 avec l’UMP, pour moi, ce n’est pas un vrai contrat, en tout cas certainement pas un contrat synallagmatique. C’est un contrat unilatéral. Et puisque ce n’est pas un contrat, ce n’est pas non plus une coalition que nous formons au sein de la majorité. Avions-nous le choix à l’époque, en 2007 ? Je ne le crois pas. C’était cela ou la disparition du centre.



Et bien moi je ne veux pas revivre cela.Je veux vous dire mes chers amis : si nous le voulons, si nous en avons la plus ferme volonté, mai 2012 ne ressemblera pas à mai 2007. Si nous sommes au second tour, nous gagnerons. Et si nous ne sommes pas au second tour, nous pèserons.


Valéry Giscard d’Estaing disait : « Je ne veux plus que nous ayons à solliciter ou à prier ». Eh bien, moi non plus. Je le dis autrement. Ni dissidence, ni déférence.



Et ceux qui nous disent, « vous avez été au gouvernement pendant quatre ans et maintenant vous voulez faire autrement », et bien je leur réponds « c’est justement parce que nous avons vécu cela pendant quatre ans que nous le voulons pas à l’avenir pour la France ». Cela veut dire qu’au soir du premier tour, ce ne sera pas le ralliement des hommes, les uns derrière les autres, un peu comme les Bourgeois de Calais, alignés en robe de bure blanche, mais le ralliement des idées pour un contrat de gouvernement. - Une coalition comme dans toute l’Europe ;- une coalition qui empêche la monarchie républicaine et l’hyper-concentration des pouvoirs, tout ce qui éloigne les Français de leurs gouvernants ; - une coalition qui empêche l’arbitraire et l’effet d’annonce nuisible à la crédibilité de l’action gouvernementale ; - une coalition qui respecte la diversité de la société française où chacun se sent un tant soit peu représenté au sein des pouvoirs.



Mes chers amis, je le répète, nous devons être ceux qui portons cette idée que la majorité de second tour se fera sous forme d’un contrat de gouvernement et non du ralliement des hommes à un autre.



Nous serons les gardiens et les garants vigilants de principes, de mesures et de réformes qui nous semblent fondamentales. Ces mesures et ces principes seront inscrits dans le marbre d’un contrat de gouvernement ; et ce contrat de gouvernement sera la condition sine qua non de notre soutien dans l’hypothèse où nous ne sommes pas qualifiés.Je vous livre pour ma part cinq principes qui sont pour moi incontournables pour participer à toute majorité nouvelle :



1er principe : Une république exemplaire et une démocratie nouvelle.- Une République exemplaire et irréprochable où la politique est à l’abri du monde des affaires ; - une République exemplaire et irréprochable où les membres du gouvernement obéissent à un code éthique, s’y soumettent ou sont immédiatement démis ;- une démocratie nouvelle qui fait confiance aux corps intermédiaires, aux fondations, aux associations, au paritarisme pour porter le changement. Non, tout ne vient pas d’en haut. Non, dans une société moderne, les citoyens n’attendent pas à chaque instant la becquée de leurs gouvernants ; non les Français ne demandent pas au chef de l’état de s’occuper de tout, jusqu’à la cadence du RER B.Nous serons ceux qui porterons l’idée que le mouvement peut se créer par les forces de la société et que de nouvelles solidarités, de nouveaux liens existent par la multitude des communautés auxquelles chacun d’entre nous appartient, en fonction de ses origines, de ses passions, de son métier, de sa religion, et que ces communautés, sans remettre en cause les principes de la République, sont créatrices de lien humain et facteur de changement.



2e principe : Une société qui donne sa chance à chacun Hier, je suis allé au conseil de classe de l’école de mon petit village tranquille de 1 400 habitants en Normandie. Une équipe enseignante motivée et de qualité.Mauvais cru, certes, mais savez-vous combien d’enfants de CM2 passent en 6e sans les acquis fondamentaux : lire, écrire, compter.L’institutrice de CM2, Mme Andrieu, une enseignante d’exception, me disait : « on essaie tout, on essaie de leur donner l’envie mais rien n’y fait ». Constat terrible : 10 enfants sur 24 sont en grande difficulté de lecture, d’écriture et de mathématiques. Dix enfants dont le destin est pratiquement scellé. Nous serons ceux qui, par une transformation de notre système scolaire, porterons l’idée que l’éducation sera notre 1ère priorité, notre 2e priorité, notre 3e priorité et notre ultime priorité. Si dans certaines écoles, il faut la maternelle à deux ans car trop de parents sont défaillants, alors mettons là ! S’il faut des moyens complémentaires dans les Zones urbaines sensibles ou dans les villages de Normandie avec des problématiques différentes reposant sur des solutions différentes, alors donnons l’autonomie aux établissements pour leur permettre de mieux construire leur projet pédagogique.Nous devons porter une ambition : que 100% des enfants en CM2 sachent lire, écrire et compter, pour empêcher ce terrible gâchis humain et éviter le gouffre que nous creusons chaque jour un peu plus.La majorité a échoué ; nous ferons changer les choses.



3e principe : Une croissance fondée sur la production
Le constat est clair : c’est celui du décrochage de l’économie française. Notre problème ce n’est pas la Chine et l’Inde ; c’est d’abord notre contre-performance au sein de l’Europe.Deux millions d’emplois industriels ont été détruits depuis 1980.Deux chiffres auraient dû faire la Une des journaux, il y a quelques semaines : la France vient de battre le record de son déficit commercial. 7 milliards d’euros pour le seul mois d’avril quand l’Allemagne fait 6 milliards d’euros d’excédent.



Depuis 30 ans, nous avons construit un modèle de croissance basé sur la consommation financée à crédit. Nous devons, comme l’ont fait l'Allemagne et les Pays-Bas, construire notre modèle sur la production. La France ne restera un grand pays que si elle bâtit une politique centrée sur la restauration de son secteur productif.C’est pourquoi, il faut réorienter notre politique économique vers les PME, foutre la paix aux entreprises en cessant de changer les règles du jeu, notamment fiscales, chaque matin et créer des moteurs puissants de financement des PME comme le font d’autres pays que j’ai visités. En Israël, le programme d’incubation lancé par le Gouvernement a coûté 500 millions de dollars à l’Etat ; mais il a généré ensuite 2,5 milliards de dollars de recettes.



La reconquête économique, elle suppose aussi : une véritable reconnaissance du rôle des partenaires sociaux, en inscrivant dans la constitution le respect du paritarisme ; un marché du travail plus fluide et plus protecteur en créant un contrat de travail unique à droits progressifs et un droit universel à la formation ; un retour à l’équilibre budgétaire par une règle constitutionnelle contraignante avant que, comme la Grèce, les créanciers ne nous dictent notre politique. une politique fiscale favorisant le pouvoir d’achat et la compétitivité des entreprises par la création d’une TVA emploi permettant une réduction massive des cotisations sociales.



4e principe : l’horizon politique d’une Europe fédérale
La crise de l’Euro, c’est la crise d’une Europe mal construite. Fédéralisme économique, fédéralisme budgétaire, harmonisation sociale et fiscale, budget européen : donnons à l’Europe la capacité de lever l’impôt et l’emprunt. Voilà l’Europe que nous voulons. Plus d’Europe pour plus de France et plus d’Europe pour peser plus dans le monde, voilà le chantier prioritaire du Président de la république qui sera élu l’année prochaine.Quatre orientations politiques dont nous pourrions être les garants dans le cadre d’un programme de gouvernement négocié avec nos partenaires.



Alors après avoir répondu aux deux premières questions - pourquoi sommes-nous là ? et qu’allons-nous faire de notre unité ? , j’en viens à la 3e et dernière question :
Comment allons-nous faire ?



J’ai en tête trois temps à respecter :
- engager le dialogue avec les Français pour rétablir la confiance ;- bâtir notre projet et mener une campagne d’idées pour créer une espérance ;- présenter, non seulement une candidature, mais une équipe à la prochaine présidentielle.



Le premier point, le dialogue avec les Français, est essentiel. En même temps, je le vois bien dans les deux ou trois déplacements que je fais chaque semaine, c’est vraiment devenu compliqué tellement le champ social est dévasté. Les gens ont vraiment l’impression d’être dans une impasse. « Lui ou un autre, qu’est-ce que ça change » ? Je n’invente rien, et je sais que ces phrases, vous les entendez aussi. Il y a tellement de douleur parfois. Il y a de la peur. Il y a de la révolte.



Et pourtant, cette France des oubliés, il faut bien lui parler et lui dire que tout n’est pas foutu. Les oubliés de la justice sociale, les oubliés de l’emploi, la France des découverts bancaires de la première semaine du mois, celle qui remplit son réservoir d’essence cinq litres à la fois pour ne pas trop dépenser d’un coup. La France dont je vous parle ce n est pas celle des restaus du cœur, c’est la France de tous les joursLa France des oubliés n’en peut plus et en même temps la France qui travaille n’en peut plus non plus, exaspérée par les changements incessants de réglementation, les cotisations toujours plus lourds et des pans entiers de notre économie qui s’effritent.Alors notre travail, c’est aussi de rebâtir une France qui soit une communauté d’espérances. Ce ne sera pas simple, je le sais, car au fond d’eux-mêmes les Français ont envie de renverser la table, et de tout jeter par-dessus bord.



Tous les autres candidats joueront d’abord sur la peur, et donc, feront tout pour l’entretenir. Nicolas Sarkozy et l’UMP pour montrer qu’il faut un chef, fort et expérimenté. Martine Aubry ou François Hollande pour montrer qu’il faut plus de fonctionnaires et plus d’assistanat pour nous protéger. Et je ne parle pas de Marine Le Pen ou de Mélenchon unis par l’extrémisme et le rejet de l’autre. « Qu’ils s’en aillent tous ! », avec un titre pareil, ils auraient pu écrire le livre ensemble.



Nous, nous ne devons pas être comme ces candidats de la peur. Pendant cette campagne, nous ne devons pas être complices de ceux qui veulent réduire au silence les forces du rêve.
C’est même tout l’inverse !



Entre une droite qui ne jure que par l’homme providentiel et une gauche qui ne jure que par l’Etat-providence, nous devons incarner l’avenir et la responsabilité, être tout simplement les militants du possible et de l’avenir.



Nous devons des réponses aux urgences d’aujourd’hui – l’emploi, le pouvoir d’achat, la dette –, mais aussi aux urgences de demain – l’écologie, le 4e âge, les libertés numériques.



Nous devons être les champions d’une France apaisée mais certainement pas d’une France de bisounours. Dans bien des domaines, la situation est trop grave pour faire croire aux Français qu’on s’en tirera à coups de table rondes ou de commissions Théodule, ou qu’on réduira la dette simplement en supprimant trois voitures de fonction ici ou là. Il nous faudra du courage et notre ligne de conduite doit être simple : esprit de responsabilité, courage et justice



Toute cette feuille de route, le projet, la candidature, le contrat, ne sera pas simple à tenir. D’abord parce que nos amis nous veulent trop de bien. Le rêve de l’UMP, vous le savez tous, c’est de nous maintenir dans cet état de semi-adolescence, dans cette condition de respiration assistée. La limite de leur générosité, c’est de nous réserver quelques circonscriptions, et ensuite nous offrir quelques strapontins au gouvernement en échange de notre docilité. Cela nous le refusons. Personne ne nous mettra sous tutelle. Personne ne nous bâillonnera, si nous savons résister et garder notre unité.



Ayez confiance pour ces dix prochains mois.
Ils auront un bilan, nous, nous aurons d’abord un projet.
Ils auront de l’argent, nous, nous aurons d’abord du cœur.
Ils auront un chef, nous, nous aurons d’abord une équipe.
Nous avons fait le choix de l’unité. Nous avons repris le chemin de la maison commune.
Scott Fitzgerald écrivait « D’une certaine façon, vivre ensemble est plus important que simplement vivre »



C’est ce que nous avons démontré aujourd’hui. Dites-le maintenant autour de vous. Il faut que des plaines du Nord jusqu’au massif de Provence, des dunes de l’Atlantique jusqu’aux forêts de Sologne, on sache ce qui s’est passé aujourd’hui à Epinay, que la nation centriste s’est reformée, qu’elle sera bien présente à la prochaine présidentielle et qu’elle n’ira certainement pas pour y faire de la figuration.



Je vous remercie.



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