Interview parue dans Le Monde du 10 Mai 2011Dimanche soir politique avec Hervé Morin, député de l'Eure, président du Nouveau Centre, sur France Inter , "Le Monde", i >TELE avec Dailymotion.
Pourquoi vouloir créer, avec Jean-Louis Borloo, Hervé de Charette, Jean-Marie Bockel et d'autres une confédération du centre alors que vous avez été trois ans et demi ministre de Nicolas Sarkozy ?La raison fondamentale est que nous avons besoin de sortir de l'hyper concentration des pouvoirs. Nicolas Sarkozy a, sur bien des points, transformé le pays, mais son bilan est entaché par son comportement au pouvoir.
Dans "Arrêtez de mépriser les Français" (Flammarion), vous comparez le chef de l'Etat à un "petit garçon capricieux", vous évoquez un homme "étourdi par le tourbillon" qu'il crée lui-même, qui ne consulte presque personne. Vous n'y allez pas un peu fort ?Ce n'est pas faire injure à Nicolas Sarkozy que de dire que certains de ses comportements ont choqué. Les Français veulent un pouvoir sobre et ils veulent savoir où on les emmène. Parmi les choses qui n'ont pas fonctionné, il y a le fait que le président de la République a en permanence annoncé des réformes sur tous les sujets au lieu de fixer quelques grandes priorités nationales.
Pourquoi n'avoir rien dit sur le moment ?
Vous ne savez pas ce que je disais au président de la République lorsque nous nous voyions. Je lui ai toujours dit qu'il fallait une majorité plus équilibrée. On est plus intelligent à plusieurs que tout seul.
François Bayrou ne dit pas autre chose.Quand François Bayrou a pris les rênes de l'UDF, nous étions plus de cent députés, aujourd'hui autour de lui ils sont deux. A force de considérer que le centre est au milieu de nulle part, il l'a progressivement détruit. Nous sommes en train de reconstruire cette famille politique qui avec ses valeurs de liberté d'entreprise, de responsabilité individuelle, de tempérance fiscale est naturellement amenée à un accord avec la droite.
Et si vous faites perdre M. Sarkozy ?Si la question est de se dire qu'il ne faut personne d'autre que le candidat de l'UMP pour être au second tour de l'élection présidentielle, c'est que nous avons déjà perdu.
Qui portera les couleurs de cette nouvelle formation ? Jean-Louis Borloo ? Vous ?
A l'automne, nous verrons bien qui est le mieux placé mais nous ne serons pas dans un combat d'ego.
Avez-vous conclu un pacte ou faudra-t-il des primaires ?
Certains disent qu'il nous faut des primaires. Pour ma part, je n'y suis pas favorable parce que je ne voudrais pas que ces primaires soient pour nous facteur de division, de fracture et de ressentiment.
Qu'est-ce qui permettra de vous départager ?
Une élection présidentielle, c'est la capacité d'incarner un message politique et une détermination. Cette détermination, je l'ai, il n'y a aucun doute.
Le pouvoir d'achat est la grande préoccupation des Français. Que préconisez-vous ?
Pour augmenter les salaires, il faut réduire massivement les cotisations sociales en créant une TVA sociale. Je veux que lorsqu'un Français achète un produit provenant de Chine ou d'Inde, les Chinois ou Indiens, indirectement, participent au financement de notre protection sociale. Je veux que les 77 millions de touristes qui viennent chaque année consommer en France, lorsqu'ils vont à l'hôtel, ou chez LVMH sur les Champs-Elysées, participent aussi à la protection sociale.
Faut-il rétablir les frontières nationales lorsqu'il y a comme aujourd'hui des vagues d'immigration exceptionnelles ?
Non, tout le monde sait bien qu'on n'arrivera jamais à gérer cela au niveau national. La bonne réponse, c'est de renforcer l'Europe.
Propos recueillis par Jean-François Achilli, Jean-Jérôme Bertolus et Françoise Fressoz
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