vendredi 8 avril 2011

Borloo entre en scène pour 2012

Le grand pôle centriste de la majorité est désormais à portée de main ! Source : Le Figaro


L'ex-ministre de l'Écologie quitte l'UMP, prépare son alliance centriste pour la présidentielle mais laisse planer un doute sur sa propre candidature.

Faire taire les rumeurs, les bruits de couloirs et affirmer ses «convictions», sa «méthode» et son projet d'alliance républicaine, écologiste et sociale… Pendant plus d'une heure et demie, jeudi soir sur France 2, Jean-Louis Borloo a souhaité lever certains des doutes qui pèsent sur ses intentions depuis qu'il a quitté le gouvernement. Ménager le maximum de suspense, esquiver les questions les plus précises et, surtout, s'affirmer ancré dans la majorité… Pendant plus d'une heure et demie, jeudi soir, Jean-Louis Borloo a également tout fait pour qu'on ne puisse pas l'accuser d'ajouter la division au malaise que traverse la majorité.

Parmi les doutes que le maître prestidigitateur Jean-Louis Borloo a pu lever, le premier concerne le devenir de la formation qu'il préside depuis 2007. «Le Parti radical a proposé d'organiser l'aile sociale, l'aile humaniste de la majorité, bref, les anciennes équipes de François Bayrou qui sont aujourd'hui au Nouveau Centre, les gaullistes sociaux, les écologistes… Et on va organiser cette formation politique avant l'été, évidemment à l'extérieur de l'UMP», a-t-il expliqué sur le plateau d'«A vous de juger». «Par voie de conséquence, nous allons, je quitte l'UMP», a-t-il ajouté. Borloo signe donc la fin de l'aventure commune entre le plus ancien parti de France et le parti présidentiel, dont il est une formation fondatrice. Personnelle depuis jeudi soir, cette décision devra cependant être confirmée par le congrès du Parti radical des 14 et 15 mai. «Mais vous pouvez considérer qu'il y a une nouvelle formation, une alliance républicaine», a expliqué Borloo, confiant dans le choix de ses adhérents.

Deuxième doute prestement évacué, celui de l'entrée de la confédération des centres qu'il forme avec le Nouveau Centre, l'Alliance centriste, la Gauche moderne dans la course pour 2012. «On a évidemment vocation à avoir un candidat à la présidentielle, a-t-il expliqué. Cela me paraît tout à fait normal, c'est sa vocation. Il faut bien qu'elle soit dans ce débat-là.» L'UMP, qui milite depuis des mois pour voir la majorité se réunir derrière la candidature unique de Nicolas Sarkozy à un second mandat, est donc en passe de voir ses craintes se réaliser. Et pas question d'évoquer devant Borloo une candidature d'appoint ou de complément. «Vous connaissez quelqu'un qui est candidat pour aider quelqu'un ? Vous croyez que les Français sont assez stupides ? Ça n'a pas de sens», élude-t-il. La candidature de l'alliance qu'il est en train de créer sera ainsi «une alternative au PS et une alternative à l'UMP».

Une alternative d'autant plus importante à ses yeux que Jean-Louis Borloo a une certitude : «J'ai la conviction que l'UMP aura du mal à résister à l'alternance», explique-t-il, en soulignant que les régions, les départements, les villes sont déjà majoritairement de gauche. Il s'interroge même, à voix haute, sur la volonté de Nicolas Sarkozy à se représenter. «Est-ce que vous savez s'il sera candidat ? a-t-il demandé à Arlette Chabot. Il aura fait un quinquennat, un quinquennat inouï.» Au moment de tordre le cou à certaines «rumeurs», Borloo en profite pour assurer qu'il ne s'est pas lancé dans cette aventure par esprit de revanche après le remaniement ou par ambition personnelle. «Je ne serai pas premier ministre dans 14 ou 15 mois», assure-t-il à ceux qui lui prêtent l'intention de devenir le dernier premier ministre du quinquennat ou le premier du prochain.

«Je suis prêt»

Candidat lui-même à l'élection, alors ? «Je suis prêt», a-t-il répondu du tac au tac. Mais Borloo ne sera candidat que «si (ses) amis le souhaitent». «S'ils pensent que c'est moi qui dois plutôt l'incarner, précise-t-il. Alors, j'aurai à prendre ma décision personnelle.» Son choix, il le fera connaître «avant l'automne» : «Je sais à quoi cela engage et je garderai en dernier ressort ma décision, parce qu'elle est lourde, parce qu'elle est grave, parce qu'on n'est pas dans un jeu de rôle politique.»

À l'en croire, en tout cas, il ne prendra pas en considération les protestations qui dès jeudi soir sont venues des rangs du parti présidentiel. «On n'a pas cherché à m'impressionner et je ne suis de toute façon pas quelqu'un d'impressionnable», assure-t-il. Interrogé sur le risque qu'il faisait courir à l'éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo lâche «les Français décideront». Interrogé sur la chance que sa candidature donnerait à Marine Le Pen de se qualifier au second tour, Jean-Louis Borloo a une réponse définitive : «Je n'ai pas à empêcher Marine Le Pen d'aller au second tour.»

Au fil de la conversation, on peut comprendre qu'il voit même le candidat centriste sur la plus haute marche du podium : «Nous avons vocation à avoir une candidature à la présidentielle et à la gagner», martèle-t-il. Et quand on lui demande de se prononcer sur les candidats potentiels du PS, c'est sa propre candidature qu'il mesure aux ténors socialistes. face à Dominique Strauss-Kahn, il ne sait pas trop. Mais, «si c'est avec Martine Aubry, ce sera un derby du Nord», explique-t-il, une confrontation entre l'ancien maire de valenciennes qu'il a été et l'actuelle maire de Lille. Avec François Hollande, «c'est “Intervilles”, entre Valenciennes et Tulle», glisse-t-il hilare.


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