mercredi 3 août 2011

Deux semaines après l'accord européen du 21 juillet, la zone euro repart dans une spirale de crise sans fin







Quelle est l'origine du regain de stress ?




Le spectre, même improbable et finalement écarté, d'un défaut de paiement des Etats-Unis, a fait prendre conscience aux investisseurs que le surendettement des Etats pouvait frapper tout le monde. Y compris la première économie mondiale. Chacun s'est alors souvenu qu'en Europe, le problème n'était pas réglé. Le plan de sauvetage de la Grèce présenté le 21 juillet n'a rassuré qu'un temps. Surtout, la publication d'une série de chiffres macroéconomiques plus mauvais les uns que les autres fait trembler. Le spectre d'un "double dip", une bascule de l'économie américaine dans la récession, refait surface avec ses inévitables répercussions sur la reprise européenne. Or, le meilleur remède pour éponger des dettes publiques reste la croissance.




Pourquoi le plan de sauvetage de la Grèce annoncé le 21 juillet n'a-t-il pas rassuré ?



L'accord conclu à l'arraché le 21 juillet entre les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro prévoit un élargissement de la mission du Fonds européen de stabilité financière (FESF) – dont la possibilité d'acquérir de la dette d'Etat sur le marché – et une participation des créanciers privés sous forme d'échange des anciens emprunts grecs.




Si, au moment de l'annonce, les investisseurs ont semblé soulagés, encore faut-il que cette décision soit entérinée. En France, la modification des missions du FESF doit faire l'objet d'un vote du Parlement, et la session extraordinaire consacrée au projet de loi de finances rectificative qui validera l'accord européen ne débutera que le 6 septembre. Trop lent, trop tard, trop bureaucratique, jugent les marchés.




Pourquoi la spéculation touche maintenant l'Espagne et l'Italie ?




L'Italie, en raison de son taux d'endettement très élevé (120 % du produit intérieur brut, PIB), et l'Espagne (dont la dette publique a atteint 63,6 % du PIB, contre 55 % il y a un an), sont deux "maillons faibles" de la zone euro. L'endettement de l'Italie est supérieur à celui du Portugal (93 %) et de l'Irlande (96 %), et moindre que celui de la Grèce (140 %).




Les marchés craignent que ces deux pays ne tombent dans une spirale infernale : méfiance des investisseurs qui se traduit par des taux plus élevés débouchant sur un étranglement du pays. Tout cela se conjuguant à une croissance insuffisante pour diminuer l'endettement, à une fragilisation du système bancaire en Espagne (très engagé dans l'immobilier) et à une crise politique en Italie.Or, les investisseurs savent que si la zone euro a la capacité d'apporter son aide à la Grèce, à l'Irlande, au Portugal – voire même à Chypre, qui pourrait bientôt en avoir besoin –, qui ne représentent que 6 % du PIB de l'Union, elle n'a pas les moyens de sauver ces deux grands pays (près de 30 % du PIB de la zone euro).




Quels sont les risques ?




En dépit de maladresses, les dirigeants européens semblent avoir démontré leurs engagements à sauver la zone euro. Mais certains évoquent toujours son implosion. Dans ce cas, la sortie, même temporaire, d'un "maillon faible" de l'union monétaire, se traduirait par un retour à sa devise, une dévaluation drastique, une inflation galopante qui ruinerait les créanciers. Une fuite en avant douloureuse pour le pays concerné, son système bancaire, mais aussi pour ses partenaires européens.




Le risque est aussi de devoir "gérer la crise". Autrement dit, de mettre chaque fois plus sur la table pour recapitaliser un pays et ses banques. Chaque plan réclamerait aussi des efforts budgétaires de plus en plus drastiques à même de plonger les pays dans la récession.
Comment apaiser radicalement les tensions ?




L'option la plus probable est d'augmenter la force de frappe du FESF, voire de lui faire un "chèque en blanc". Mais pour l'économiste Daniel Cohen (membre de conseil de surveillance du Monde), l'Europe doit aller plus loin pour faire capituler le marché. Il faut, dit-il, transformer la Banque centrale européenne (BCE) en "bombe nucléaire" en l'autorisant à acheter de la dette d'un pays de l'euro dès que des tensions trop fortes apparaissent sur les taux et l'habiliter à "imprimer" des billets autant que nécessaire. Les marchés sauraient alors que, quoi qu'il arrive, c'est elle qui a l'avantage

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire