INTERVIEW - Le président du Parti radical, qui tient son congrès ce week-end, explique pourquoi sa formation doit quitter l'UMP.
LE FIGARO. - Vous proposez au Parti radical de quitter l'UMP. Pourquoi cette rupture?
LE FIGARO. - Vous proposez au Parti radical de quitter l'UMP. Pourquoi cette rupture?
Jean-Louis BORLOO. - C'est une déclaration d'indépendance, pas une déclaration de guerre! On aurait pu continuer à faire un bout de chemin ensemble, mais ce que l'on appelle communément la majorité a besoin de ses deux piliers, de ses deux forces, de ses deux sensibilités. Or, petit à petit, l'UMP s'est droitisée. C'est une stratégie assumée, qui s'est faite doucement, par le choix des hommes, des débats, de la politique menée. Une clarification est nécessaire et je crois qu'au fond, elle sera constructive. Surtout, nous entrons dans un débat majeur, la séquence présidentielle et législative. Le pays va se mettre en ébullition avec des débats passionnants. Que notre sensibilité républicaine et sociale soit présente avec son projet me paraît sain pour la démocratie et nos familles politiques. Si nous ne le faisions pas, d'autres le feraient.
Que va-t-il sortir de ce congrès?
Je vais proposer au Parti radical de créer une nouvelle formation politique avec nos amis du Nouveau Centre, de la Gauche moderne et de la Convention démocrate, et même d'autres centristes de l'UMP: l'Alliance républicaine, écologiste et sociale. Ce sera un parti de plein exercice, dans lequel nous nous inscrirons de manière irréversible. Il y a neuf ans, le Parti radical avait voté sa participation à la fondation de l'UMP. Demain, il devra décider démocratiquement de fonder cette nouvelle Alliance, ce qui implique notre indépendance vis-à-vis de l'UMP. Il n'y a aucune ambiguïté.
Allez-vous former un groupe centriste autonome à l'Assemblée?
L'Alliance étant un parti politique de plein exercice, il est logique qu'il y ait un groupe parlementaire. Cette question se posera après la constitution formelle de l'Alliance et donc à la rentrée parlementaire de septembre 2011.
Comment convaincre les élus radicaux, comme Jean Leonetti, qui ne veulent pas bouger avant 2012?
Ne vous y trompez pas, la grande majorité des députés et sénateurs radicaux s'exprimeront favorablement ce week-end sur la création de cette nouvelle force politique. Ils seront candidats de l'Alliance lors des prochaines élections. Quant à Jean Leonetti, j'ai cru comprendre qu'il entendait assurer pleinement ses responsabilités de premier vice-président du groupe UMP, tout en soutenant cette démarche.
Si vous faites un groupe autonome, ne craignez-vous pas que l'UMP vous coupe les vivres?
De quoi parlons-nous? Il n'est pas question de mettre sur le même plan l'expression, le combat pour nos valeurs et les modalités de financement public. D'autant plus que ce que le Parti radical perçoit via l'UMP, c'est le financement légal public attribué du fait de l'élection de ses députés et ses sénateurs. Nous vivons aussi grâce aux dons et aux cotisations des adhérents du Parti radical. J'invite d'ailleurs les lecteurs du Figaro à nous soutenir, à soutenir l'Alliance.
Quand annoncerez-vous votre candidature?
Ne brûlons pas les étapes! J'ai dit que je prendrai ma décision avant l'automne, je le maintiens. Ce n'est pas une décision que l'on prend à la légère. J'y réfléchis très sérieusement depuis des mois. Je travaille à la vision de la France de 2020 et au projet précis à mettre en œuvre dès 2012. J'imagine ce par quoi il faudra commencer, avec quelles équipes, quels talents. Et surtout selon quelle méthode de gouvernance, ce qui est pour moi la question cruciale.
Comment pourrez-vous défendre un projet alternatif en 2012 alors que vous avez été ministre de 2002 à fin 2010?
Soyons précis. J'ai d'abord été ministre de Jacques Chirac et collègue de gouvernement du président actuel. Il n'a échappé à personne à l'époque que, par exemple, sur les banlieues, nous n'avions pas les mêmes rôles: l'un était ministre de l'Intérieur, l'autre de la Cohésion sociale. Dans mes fonctions, j'ai bâti le programme massif de rénovation urbaine pour nos quartiers. Eh bien, je n'ai pas changé. Nicolas Sarkozy m'a demandé de rejoindre le gouvernement en 2007 et de porter le Grenelle de l'environnement. J'ai appliqué totalement le principe de solidarité à l'extérieur, tout en me battant à l'intérieur pour mes arbitrages. En 2012, nous serons face aux Français. Nous devrons faire des choix et avancer des projets. Ma double expérience, ministérielle et à Valenciennes, me permet de bâtir un projet pour la France.
Nicolas Sarkozy et François Fillon redoutent un «21 avril à l'envers». Pas vous?
Sous la Ve République, pour gagner, la droite et le centre ont toujours eu besoin de deux candidats, avec deux projets. Parfois même, ces deux projets ont été portés par deux candidats du RPR, comme Chirac et Balladur en 1995! Le FN est fort à chaque fois que le débat est faible, il se nourrit autant des difficultés sociales que de la peur des autres. Le combattre, c'est y répondre. Toutefois, si cette question du «21 avril» se posait, elle se poserait à tous: à nous comme à l'UMP, au PS, aux Verts, au Front de gauche…
Des familles rivales au premier tour peuvent-elles se rassembler au deuxième?
Entre l'UMP et nous, il n'y a pas d'affrontements, il y a des différences. Nous pensons par exemple que la principale richesse de la France est son capital humain, ce qui doit être le fil rouge absolu de toute politique. En outre, c'est tellement facile de critiquer sous prétexte de s'affranchir de la langue de bois. En général, c'est la marque de ceux qui n'ont pas d'idées neuves. Je ne rentrerai jamais dans ce jeu de la critique gratuite et stérile, je préfère bâtir pour et avec les Français.
Que pensez-vous de la proposition de Laurent Wauquiez sur le RSA?
Comme son nom l'indique, c'est un dispositif de solidarité active. Qu'on regarde comment l'améliorer ne me pose pas de problème. La vie, c'est faire évoluer les choses. Je ne veux pas qu'on parle d'assistanat en disant que c'est un cancer. Ça laisse entendre que c'est un choix de vie, alors que les allocataires du RSA sont dans des moments douloureux de leur existence où nous devons ensemble les aider à remettre le pied à l'étrier. La non-assistance à personne en danger, ou en désarroi, n'est pas acceptable. N'opposons pas les gens qui ont un travail et ceux qui n'en ont pas. Quant à la polémique soulevée par Laurent Wauquiez, ne montre-t-elle pas les tensions internes qui existent plutôt au sein de l'UMP?
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