mardi 31 janvier 2012

Le rapport de la Cour des Comptes brise le dogme du nucléaire pas cher

Le gouvernement avait demandé l’année dernière à la Cour des comptes de réaliser un chiffrage sur le coût de l’énergie nucléaire. Celle-ci a rendu sa copie aujourd’hui. Le nucléaire coûte cher - les investissements déjà réalisés sont de l'ordre de 228 milliards d'euros- et cela ne risque pas de s'arranger avec le coût du démantèlement, de la gestion des déchets radioactifs ou la prolongation de la durée de vie des centrales.


Ainsi, le rapport de 400 pages estime que les investissements publics et privés réalisés depuis le début dans la filière nucléaire française sont évalués à 228 milliards : le montant total de la construction des installations nécessaires à la production d'électricité nucléaire est chiffré à 121 milliards d'euros (hors coût de Superphénix), et le parc actuel, composé de 58 réacteurs a coûté à lui seul 96 milliards. Les dépenses de recherche publiques et privées depuis les années 1950 sont de leur côté évaluées à 55 milliards, soit environ un milliard par an.

Ces chiffres confirment une nouvelle fois que l’énergie est une question de stratégie politique. L’investissement dans le nucléaire a été colossal. Avec les mêmes montants, la France est capable de se doter d’un véritable parc d’énergie renouvelable, beaucoup plus compétitif, en libérant des fonds pour la recherche et développement. L’énergie renouvelable, comme le signale le rapport, sera plus chère mais c’est la seule énergie qui est infinie.


« Les Français bénéficient de l’électricité la moins chère d’Europe. » Cet argument, entretenu depuis des années par les partisans de l’atome risque donc d'être remis en question...



Source : Le Point



D'après un rapport de la Cour des comptes, de lourds investissements vont être nécessaires sur le parc nucléaire français. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Un rapport commandé par la Cour des comptes a étudié l'ensemble des coûts liés à la production d'électricité nucléaire en France, y compris les frais de démantèlement et de gestion des déchets radioactifs à long terme.


La France doit faire des choix dès maintenant sur sa politique énergétique et l'avenir de son parc nucléaire, a prévenu mardi la Cour des comptes, soulignant que dans tous les cas, il faudrait de lourds investissements pour maintenir la production d'électricité.


"D'ici la fin de l'année 2022, 22 réacteurs sur 58 atteindront leur 40e année de fonctionnement", et à moins de prolonger leur durée de vie, "il faudrait un effort très considérable d'investissement permettant de construire 11 EPR d'ici 2022", a déclaré Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes. Selon lui, un tel effort "paraît très peu probable, voire impossible, notamment pour des considérations industrielles", et faute d'avoir pris des décisions "explicites" en ce sens, la France devra faire durer les centrales existantes au-delà de 40 ans, à moins d'investir massivement dans les énergies renouvelables, ou de réduire la consommation d'électricité. "Ne pas décider revient à prendre une décision qui engage l'avenir, et il est souhaitable qu'une décision explicite soit prise", a plaidé Didier Migaud.


Le Premier ministre François Fillon a réagi à cette mise en garde en indiquant que le gouvernement préciserait ses choix "sur la durée de fonctionnement des centrales nucléaires ou la construction de nouveaux réacteurs", dans le cadre d'un programme d'investissements qui sera élaboré "à partir de l'été 2012", c'est-à-dire après les échéances électorales du printemps. La Cour a émis cet avertissement dans un rapport sans précédent sur l'ensemble des coûts liés à la filière française d'électricité nucléaire, qui relève des incertitudes sur certaines charges futures et souligne que les coûts de production de cette énergie augmenteront de toute façon, en raison d'une envolée des frais de maintenance.


Montant colossal


Les partisans comme les adversaires de l'atome se sont dits confortés par ce rapport. Ainsi, le ministre de l'Énergie Éric Besson a jugé que "le mythe du coût caché du nucléaire s'effondrait" et que la Cour avait confirmé la compétitivité de l'atome. À l'inverse, la candidate d'Europe Écologie-Les Verts à la présidentielle Eva Joly estime qu'après le "mythe de l'indépendance énergétique" et celui "de la technologie sûre", "c'est le mythe du nucléaire énergie pas chère qui s'effondre".


D'après ce rapport de près de 400 pages, qui avait été commandé l'an dernier par le gouvernement après la catastrophe de Fukushima au Japon, les investissements publics et privés réalisés depuis le début dans la filière française d'électricité nucléaire, d'un montant colossal, sont néanmoins bien "identifiés", avec une addition "toutes dépenses confondues" évaluée à 228 milliards (en incluant les frais de démantèlement prévisibles). Le parc nucléaire actuel, composé de 58 réacteurs, dont les plus anciens (Fessenheim 1 et 2) sont entrés en service en 1978, a coûté à lui seul 96 milliards d'euros, et les dépenses de recherche ont représenté 55 milliards depuis le milieu des années 50.


Par ailleurs, la juridiction financière a prévenu que les charges futures liées au démantèlement des centrales et à la gestion à long terme des déchets radioactifs sont très incertaines, par manque d'expérience concrète. D'où des risques d'augmentation "probables" des chiffrages existants. À ce sujet, Éric Besson a déclaré que des audits sur les devis de démantèlement des centrales "ont déjà été lancés" et seront achevés d'ici la fin de l'année. Mais la Cour estime de toute façon que ces incertitudes auraient un effet assez faible sur le coût moyen de production de l'électricité nucléaire. En revanche, les frais de maintenance du parc existant, qui vont plus que doubler sur la période 2011-2025, devraient faire grimper de 10 % ce coût moyen.

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