dimanche 4 septembre 2011

La baguette de pain à 29 centimes à Bonson !

Belle initiative à Bonson pour défendre le commerce de proximité mais aussi la qualité de notre artisanat que nous devons absolument soutenir !


On devrait exiger que la grande distribution informe ses clients de la provenance du pain congelé qu'elle vend 29 centimes...



Source : Le Progrès


Face à Lidl qui vend la baguette à 29 centimes, deux boulangers sont entrés en résistance. Hier, ils ont proposé leur pain à 25 centimes

C’est une nouvelle version du pot de terre contre le pot de fer, avec pour décor la commune de Bonson. Un nouveau remake du grand qui veut manger le petit.

D’un côté, l’enseigne discounter Lidl qui, depuis l’installation d’un terminal de cuisson il y a plus d’un mois au sein de son magasin, place François-Mitterand, vend des baguettes à prix cassé de 29 centimes d’euro et d’autres viennoiseries (croissants, pains au chocolat..). De l’autre côté, deux artisans, dont les boulangeries sont implantées à Bonson, qui tentent de résister « à cette concurrence déloyale » en multipliant les actions de sensibilisation auprès de la population. Hier matin, M me de Oliviera de la Grignotière et Cédric Désola, boulanger de la commune, rejoints par des boulangers venus de Saint-just-Saint-Rambert, Saint-Cyprien, Andrézieux-Bouthéon et Périgneux, ont dressé un stand devant le magasin Lidl.

Durant toute la matinée, ils ont vendu la baguette à 25 centimes. Et de délivrer un message très clair pour interpeller la population : « 25 centimes la baguette. Aidez-nous à lutter contre les grandes surfaces qui tuent les artisans de votre ville. Imaginez Bonson sans aucun commerce ».

Ce message, les boulangers l’ont martelé aux nombreuses personnes qui sont venues acheter une baguette. Pendant ce temps, ils ont fait circuler et signer une pétition pour la sauvegarde du petit commerce. Pétition qu’ils remettront aux pouvoirs publics pour les alerter de leur situation. Ils ont également appuyé leur discours sur la qualité de leur baguette. D’ailleurs, ils n’ont pas hésité à placarder sur la banderole publicitaire du discounter « Cuit pour vous toute la journée » un autre slogan : « Non aux pains de m… ».

Depuis l’installation du terminal de cuisson à Lidl, le manque à gagner est important pour la Grignotière : « Le préjudice est plus de 100 euros par jour » a évalué M me de Oliviera. La boulangère met en cause la qualité du produit : « C’est du surgelé qui vient des pays de l’Est ». Et de dénoncer l’attitude du maire : « Il n’a rien fait pour nous. À Chambœuf, le maire s’est imposé pour que le Lidl sur sa commune ne se dote pas d’un terminal de cuisson ».

Cédric Désola, l’autre boulanger de la commune, a été le premier à se mobiliser : « Lidl n’a pas besoin de cela pour faire venir du monde ». L’artisan est très remonté contre l’absence des représentants des chambres de commerce et de métiers : « Ces gens qui sont censés nous aider, où sont-ils pour nous soutenir ? ».

Du côté de la population, Guy, 56 ans, donne son avis sans concession : « Il faut que les grandes surfaces arrêtent de faire n’importe quoi en étendant leur monopole surtout dans une petite commune comme Bonson. Déjà qu’on n’a plus de bouchers. Si cela continue, et qu’on laisse faire, c’est la mort à petit feu des petits commerçants ».

Marie-Louise, une alerte septuagénaire, est aussi en colère contre la grande distribution : « Ils ont quand même d’autres moyens de gagner de l’argent que sur le dos des petits artisans. A ce rythme, les petits commerces vont crever. Mais que font donc les pouvoirs publics ? », interroge-t-elle. Et de terminer sur une note pessimiste : « Je ne sais pas où on va mais je suis heureuse d’être sur la pente descendante ».

Pauline, fleuriste sur la commune, est venue soutenir les boulangers : « On veut toujours payer moins cher, sans se soucier de la qualité des produits. C’est là que le bât blesse. Si cela continue comme cela, il y aura plus que des grandes surfaces ».

Élue d’opposition, Mauricette Moine est solidaire du combat des boulangers : « Il est incompréhensible que nos pouvoirs publics et maires de certaines municipalités ne prennent pas des dispositions qui empêcheraient que les grandes surfaces implantées dans une commune ne puissent nuire à nos commerces de proximité ». Et d’appeler la population à les soutenir : « Ne les laissons pas tomber ».

À l’issue de leur manifestation, les boulangers ont décidé de remettre la recette de leur vente à « Vole, Papillon d’amour », une association pontrambertoise créée en 2010 pour aider financièrement Maxence, un enfant atteint d’une malade rare.

Le directeur : «Je me mets à leur place, ce n'est pas facile»


Directeur de l’enseigne Lidl depuis plus de dix ans à Bonson, M. Pupier ne se formalise pas de cette opération coup-de-poing menée par les boulangers devant son magasin.

« C’est la troisième fois qu’ils protestent. Je me mets à leur place, ce n’est pas facile pour eux. C’est normal qu’ils expriment leur mécontentement, mais on suit l’évolution du marché et on s’adapte aux besoins des consommateurs.

On fait ce qu’on nous demande en appliquant les consignes de la direction régionale.

En Rhône-Alpes, nous ne sommes pas les seuls Lidl à avoir installé un terminal de cuisson ».

Compréhensif jusqu’alors, le directeur espère que ce mouvement ne s’éternisera pas dans le temps :

« C’est louable ; ils défendent leur beurre mais il ne faudra pas qu’ils squattent le parking encore deux mois. moi aussi, j’ai des objectifs et des comptes à rendre à ma direction ».

Le maire : «Je ne peux rien imposer à Lidl»

Accusé de ne rien faire et d’être dans le camp du Discounter, Jo Deville, maire de Bonson, précise sa position sur ce dossier : « C’est un problème entre des commerçants mais je me mets à la place des boulangers, je suis compatissant avec eux et suis prêt à les aider s’ils ont besoin de quelque chose. Ma porte leur reste ouverte ».

Dans cette affaire, Jo Deville s’est renseigné auprès des pouvoirs publics : « Je ne peux rien faire, ni rien imposer à Lidl. Certes, je ne suis pas d’accord avec cette concurrence déloyale mais si j’intervenais, l’enseigne pourrait m’attaquer au tribunal administratif.

Le premier magistrat assure qu’il « aurait pris une position plus tranchée si la boulangerie fermait ses portes » : là, je me dois de rester neutre, j’essaie d’être solidaire en aidant d’une certaine façon les boulangers ».

L’édile tord le cou à une rumeur qui fait état qu’il ne serait pas opposé à Lidl car l’enseigne participerait à la réfection de la place. « Lorsque j’ai été élu en 2008, j’ai mis les pieds dans le plat en découvrant que Lidl n’avait pas réglé son droit de place (80 emplacements lui sont réservés sur le domaine public) depuis son installation.

J’ai rencontré la responsable régionale qui a reconnu être en tort et qui a proposé en contrepartie de participer financièrement à la rénovation de la place »








L’avis de Georges Barret, président des boulangers de la Loire


Boulangers et grandes surfaces, y a-t-il une vraie concurrence ?

Oui et cette concurrence existe depuis plusieurs années déjà. Depuis la libéralisation du prix du pain, en 1978, les grandes surfaces en ont fait un prix d’appel. C’est une manière d’appâter le client, en sachant très bien que ce n’est pas sur ce produit à faible valeur qu’elles feront leur profit. La fabrication du pain ne leur coûte rien. En plus, ils utilisent de la farine de mauvaise qualité. Chez un boulanger, la farine utilisée est triée et traitée et la fabrication du pain demande des heures de travail.

N’ont-ils pas chacun leur propre clientèle ?

Effectivement, il y a ceux qui achètent leur pain en grande surface, justement en raison du prix et qui ne sont pas trop regardants sur la qualité. Le pain est un produit que l’on consomme au quotidien. Au bout d’une semaine, ça représente déjà une somme conséquente. Et il y a ceux pour qui la qualité prime sur le reste. Et ils sont de plus en plus nombreux à consommer ainsi.

Quelles sont les solutions ?

Mettre en avant la qualité, le savoir-faire artisanal et proposer un large choix de variété. Les grandes surfaces ont commencé à perdre des parts de marché en 2010. C’est la preuve que les consommateurs privilégient, à nouveau, les bons produits. L’une des solutions serait de revenir à un prix unique fixé par l’État. Si c’était encore le cas, en 2011, la baguette coûterait 1,25 euro alors qu’en moyenne dans la Loire, elle vaut 85 centimes. Mais au moins, le pain serait toujours au même prix et on ne serait plus à la merci des spéculations sur les matières premières.

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