samedi 2 juillet 2011

Les sécheresses de plus en plus fréquentes en France



Source : Le Figaro



Les couches superficielles du sol dans lesquelles les plantes puisent l'eau sont particulièrement vulnérables.

Même s'il s'agit d'un simple hasard de calendrier, les résultats du projet Climsec (1) présentés jeudi par Météo-France à Toulouse tombent à point nommé. Alors que la France connaît actuellement une sécheresse exceptionnelle, l'organisation météorologique présente pour la première fois un diagnostic sur les sécheresses au cours des cinquante dernières années et, surtout, dresse des projections pour le XXIe siècle.


Et le constat n'est pas très optimiste: «Si le projet Climsec confirme que les sécheresses météorologiques seront plus fréquentes et plus intenses au cours des décennies à venir, il montre aussi que les évolutions pourraient être encore plus marquées pour les sécheresses des sols superficiels», précise ainsi Météo-France.


Les derniers travaux scientifiques le confirment: la France est très concernée par un risque d'augmentation des vagues de chaleur et de sécheresse. Elles pourraient être plus fréquentes et plus intenses. Or, si les études antérieures se sont surtout focalisées sur l'évolution des précipitations (composante météorologique) ou des débits des rivières (composante hydrologique), très peu de recherches ont été menées sur l'humidité du sol. Une composante dite «agricole» qui concerne les couches supérieures dans lesquelles les plantes vont puiser l'eau, à un ou deux mètres de profondeur.


C'était donc l'objectif de Climsec. La première étape a été de construire des séries de données sur la période 1958-2008, ce qui a été fait à partir de modèles en tenant compte du climat passé. Cela a notamment permis de quadriller la France avec des paramètres atmosphériques établis chaque heure et tous les huit kilomètres.

1976, sécheresse la plus sévère


On a ensuite élaboré de nouveaux indices pour décrire les sécheresses. Jusqu'à présent, il n'en existait qu'un seul, fondé sur la probabilité que surviennent des précipitations. «Un indice insuffisant, rappelle Jean-Michel Soubeyroux qui a coordonné le projet pour Météo-France. L'assèchement des sols sous l'effet de la hausse de l'évaporation est un élément essentiel.» Les chercheurs de Climsec en ont donc élaboré deux autres. Un indice d'humidité «qui tient compte de la capacité de la couverture végétale à absorber de l'eau» et un in­dice hydrologique fondé sur les débits des rivières.


Autant d'éléments qui ont permis de comparer les grandes sécheresses passées (1976, 1989, 2003). «La sécheresse de 1976 apparaît comme la plus sévère en termes de déficit de précipitations, alors que l'événement de 1989 est celui qui correspond au plus fort déficit de l'humidité des sols superficiels», précise ainsi Météo-France. Et les études sont en cours pour qualifier la sécheresse actuelle.


La deuxième partie de la recherche portait donc sur les projections pour les années à venir sur la base des différents modèles climatiques établis pas le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ceux-ci, selon qu'ils sont optimistes ou pessimistes, tablent sur une hausse moyenne des températures mondiales d'ici à la fin du siècle allant de 1,1°C à 6,4°C.


Conclusion de Climsec : quels que soient les modèles retenus, les sécheresses augmentent. Les effets sont relativement peu marqués au cours des prochaines années. Mais, au milieu du siècle, «l'assèchement des sols superficiels s'intensifie», et à partir des années 2080 «des déficits pluviométriques plus forts apparaissent, notamment en été. Les sécheresses des sols superficiels pourraient devenir extrêmes sur la majeure partie du territoire».


(1) Ce projet a été mené avec la collaboration du CNRS, du Cerfacs, du Cemagref, de l'École des mines de Paris. Avec le soutien de la Fondation Maif.


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