dimanche 3 juillet 2011

Le conseil général de la Loire ne trouve plus d’argent pour financer ses projets

Source : Le Progres


Le département a besoin de 45 millions d’euros pour financer ses investissements. Faute de pouvoir emprunter, il pourrait être contraint de reporter certains projets. Le député Paul Salen va saisir le Premier ministre

>> Paul Salen, vous êtes député et premier vice-président du conseil général de la Loire, pourquoi les banques sont-elles réticentes à financer les projets des collectivités locales ?
La crise de la dette de certains pays et les règles de prudence issues du G20, conduisent le secteur bancaire à examiner avec une extrême diligence leur activité. Aujourd’hui, les banques font une analyse de plus en plus fine du risque et la rentabilité.


>> Pour vous, ces règles sont-elles contraignantes ?


Oui, car il n’y a jamais de risque important de défaillance d’une collectivité. Et il ne faut pas oublier que les collectivités représentent plus de 70 % de l’investissement public. Ce sont elles qui tirent l’économie.


>> Vous avez fait un appel d’offres auprès des banques à hauteur de 45 millions d’euros pour les investissements 2011. Quels sont les retours des banques ?


Aujourd’hui, seules six banques nous ont fait des propositions. Il y a 10 ans, elles nous démarchaient pour nous prêter le maximum d’argent. Aujourd’hui, la banque qui nous fait l’offre la plus importante, nous propose 10 millions d’euros, soit 20 % de ce que nous demandons. D’autres nous proposent 2 millions d’euros… À ce jour, nous n’arrivons pas à emprunter l’argent nécessaire pour réaliser l’ensemble de nos investissements.

>> Quels sont les taux applicables ?


En 2010, la marge moyenne des banques était de 0,60 % pour les emprunts contractés par le conseil général. Les propositions que nous avons pour 2011 vont de 0,75 à 1,90 %, ce qui est énorme. Si l’on retenait les six offres, la moyenne serait de 1,60 %, ce qui pénaliserait les finances de la collectivité.


>> Concrètement, qu’allez-vous faire ?


Nous allons continuer à négocier avec les banques. L’association des maires de France et celle des départements de France viennent d’écrire au Gouvernement. Je vais, de mon côté, saisir le Premier ministre pour que soient revues les règles applicables au secteur bancaire.

>> Quelles en seront les conséquences ?


110 millions d’euros injectés dans l’économie du département, c’est d’abord des emplois. Si nous ne trouvons pas les montants nécessaires, à des conditions acceptables, nous pourrions réduire l’emprunt, ce qui pourrait entraîner des reports d’investissement. Ce serait très pénalisant pour l’économie locale. Il faudra faire des arbitrages. Ce n’est pas exclu. C’est la première fois que cela arrive…


>> Et quel sera l’impact sur les projets du conseil général ?


Pour l’instant, aucun projet n’est menacé car on espère bien trouver l’argent nécessaire. Si ce n’est pas le cas, nous étalerons certains projets, pour l’heure bien évidemment pas encore définis, sur deux exercices, afin d’échelonner les investissements dans le temps.



Pas de changement de stratégie au Crédit Agricole Loire/Haute-Loire


« Les banques ne jouent plus le jeu » : j’entends ça depuis 30 ans ». Gérard Ouvrier-Buffet, le directeur général du Crédit Agricole Loire/Haute-Loire a le mérite d’être clair dans ses explications. Mais il l’avoue : « Il y a bien un méga problème », celui de la nouvelle réglementation qui va s’imposer aux banques concernant les fonds propres et la liquidité. Le fond du problème est là : ceux qui posent problème, sont ceux qui empruntent et qui n’épargnent jamais. « Le métier de la banque, c’est de trouver de l’épargne pour pouvoir prêter de l’argent », explique M. Ouvrier-Buffet.


Et ce n’est pas plus compliqué que ça… « La donne a changé et n’a plus rien à voir avec ce qu’il se passait il y a 10 ans, où l’on trouvait autant de liquidité qu’on en voulait, explique-t-il. Et ce qu’on ne trouvait pas auprès de nos épargnants, on le trouvait sur les marchés financiers ». Les temps ont donc bien changé. Il y a 5 ans, Dexia était le premier financeur des collectivités locales. Suivaient derrière, la Caisse d’Épargne et le Crédit Agricole. Une époque où certaines collectivités allaient même jusqu’à contracter des prêts à l’étranger, en Angleterre, en Allemagne. Dexia et les autres sont partis, en partie… Seuls les locaux sont restés. Et sont toujours là. « Nous avons fait et nous faisons les mêmes volumes aux collectivités locales, avant, pendant et après la crise », explique M. Ouvrier-Buffet, qui affiche très clairement la couleur : « Au Crédit Agricole, nous ne changeons rien à notre stratégie de crédit, mais nous ne prendrons pas plus de parts sur ce marché sans épargne, laissé libre par ceux qui partent ». Chiffre à l’appui : en 2010, le Crédit Agricole Loire/Haute-Loire a prêté 130 millions d’euros aux collectivités locales des deux départements. C’est 15 % de plus qu’en 2009. Mais pas question d’aller au-delà, prévient M. Ouvrier-Buffet : « Le Crédit Agricole veut continuer à privilégier les agriculteurs, les ménages, les artisans, les entreprises » : en deux mots, ceux qui ont en face, les capacités à lui confier de l’épargne.



"Avec les collectivités locales, la prise de risque est minime"
Jean-François Barnier est président de l’association des maires de la Loire.


Le moteur de l’économie, ce sont les collectivités locales qui sont les premiers donneurs d’ordres. Les collectivités locales sont donc vitales pour le département. D’où la nécessité pour les communes, les communautés de communes, le département, de pouvoir contracter des emprunts auprès des banques.


Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les banques préfèrent partager les risques, si risque il y a. Mais je ne connais pas de collectivités qui soient en difficulté dans le département. La prise de risque est donc minime pour les banques qui devraient faire plus confiance aux élus. Nous avons des rapports historiques les uns et les autres. Un rapport qu’il ne faut pas rompre, car nous avons besoin les uns des autres


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