vendredi 3 décembre 2010

Remaniement (le retour): le centre ne veut pas de «secrétaire d’Etat aux choux farcis»

Les centristes, déçus par le remaniement, pourraient profiter « des ajustements » qui se profilent avec la nomination de nouveaux secrétaires d’Etat. « Si le réajustement se fait encore au sein de l’UMP, ça n’a aucun sens », prévient François Sauvadet, patron des députés Nouveau centre.
Le remaniement, serait pour bientôt. Enfin le nouveau, pas l’autre. Malgré le changement de gouvernement du 14 novembre dernier, quelques secrétaires d’Etat pourraient être nommés. Après avoir vendu une équipe resserrée (30 membres au lieu de 37), l’exécutif pourrait donc l’élargir un peu. Un ajustement pour laisser de la place aux centristes, qui s’estiment maltraités depuis les sorties de Borloo et Morin.

Le périmètre de certains ministères s’est élargi. Brice Hortefeux a récupéré l’Immigration. Les Anciens combattant sont rattachés à la Défense, auprès d’Alain Juppé. « Il peut y avoir des ajustements », parce que « lorsqu'on regarde le gouvernement, on peut considérer qu'il y a deux ou trois zones où il y a des manques », a indiqué à l’AFP l’entourage de François Fillon mercredi, en marge d’un déplacement au Kazakhstan. Jean-Pierre Raffarin a lui affirmé dimanche que « le gouvernement a une base rétrécie et je pense que Nicolas Sarkozy corrigera le déséquilibre ».

Alors, heureux ? « Je regrette que les ajustements n’aient pas eu lieu dès la formation du nouveau gouvernement », s’étonne François Sauvadet, président du groupe Nouveau centre à l’Assemblée nationale, interrogé par Public Sénat. « Découvrir maintenant qu’il manque des secrétaires d’Etat montre que ce gouvernement a été fait à la hâte », note le sénateur centriste Hervé Maurey, soutien d’Hervé Morin. Il ajoute : « On se rend compte qu’on a vraiment été un peu loin dans la mise sur la touche des centristes. Il faut rééquilibrer. Ça sent le colmatage ».

Anciens combattants ?
Les centristes sont échaudés. Jean-Louis Borloo, vexé après s’être fait doubler sur le fil par Fillon dans la course à Matignon, a préféré quitter un gouvernement synonyme de retour à « l’Etat-RPR ». A l’Assemblée nationale, Christian Jacob, proche de Copé, a pris la tête du groupe. Et les présidences de commissions n’ont pas été le lot de consolation attendu. Ce qui inspire la prudence à François Sauvadet : « Il y a eu l’épisode des présidences de commissions, revenues à l’UMP. On voit un repli sur l’aile la plus à droite. J’attends de voir ».

Parmi les « talents » centristes, on trouve Jean-Christophe Lagarde, dont le nom était déjà cité pour le remaniement. Il a été nommé depuis vice-président de l’Assemblée. Ou encore les députés Charles de Courson, François Rochebloine, « très bon connaisseur du monde des anciens combattants », glisse Sauvadet, et Francis Vercamer, « spécialiste du lien social ».

Sauvadet a vu « longuement » Borloo
Pour compliquer et compléter la galaxie centriste, un nouveau mouvement vient d’être lancée au Sénat par l’UMP Jean-Pierre Raffarin : « République et territoire », qui rassemble une trentaine de sénateurs. « Parler de centristes de l’UMP, ça m’a toujours surpris. Il y en a qui s’amusent à créer des chapelles. C’est diviser pour mieux régner », tacle Hervé Maurey.

« Si le réajustement se fait encore au sein de l’UMP, entre les différentes tendances, ça n’a aucun sens », prévient Sauvadet. Le périmètre des postes sera aussi regardé de près. Hervé Maurey ne veut pas qu’il s’agisse « uniquement de mettre un peu de salade autour du rosbeef ». Le sénateur souhaite de « vraies responsabilités. Si c’est pour nommer un secrétaire d’Etat aux choux farcis, ça n’a aucun sens ».

En donnant des gages aux centristes, l’Elysée pourrait ainsi espérer calmer leurs ardeurs en vue de 2012. A voir. Tirant « les leçons », François Sauvadet souhaite que les centristes « aillent vite dans la constitution d’un rassemblement » pour « peser ». Le patron des députés Nouveau centre a vu « longuement » Jean-Louis Borloo mercredi soir pour défendre l’idée « d’une confédération des centristes. L’UDF a ouvert de grandes pages ». Pour Sauvadet, « il doit y avoir des suites » à la rencontre Borloo-Morin d’après remaniement. Le président du conseil général de Côte-d'Or ajoute : « Je crois que Borloo l’entend ».

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