mardi 23 novembre 2010

Les centristes passent à la vitesse supérieure

Morin rencontre Sarkozy, Raffarin s'active au Sénat, Borloo prend ses distances avec l'UMP.
Source : Le Figaro

Le remaniement et ses suites n'en finissent pas d'agiter la famille centriste de la majorité. Au sein de l'UMP d'abord, puisque Jean-Pierre Raffarin a annoncé mardi la création d'un «mouvement» au sein du groupe au Sénat. La trentaine d'élus qui le composent a officialisé sa démarche à l'issue d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Baptisé «République et territoires», ce rassemblement a l'intention de se prévaloir de sa liberté de vote et s'inspire des statuts qui stipulent que l'UMP se coordonne en mouvements. «Ce n'est pas une tentative avortée de constitution d'un groupe, ce mouvement s'inscrit parfaitement dans l'UMP», explique-t-on dans l'entourage de l'ancien premier ministre.

Autre ténor centriste reçu mardi par Nicolas Sarkozy, Hervé Morin, président du Nouveau Centre, qui a fait les frais du remaniement. Entre les deux hommes, qui se sont retrouvés mardi pendant trois quarts d'heure, une partie difficile s'est engagée depuis que Morin a fait connaître son souhait de voir les centristes représentés lors de la présidentielle 2012 et son intention de mener lui-même le combat. Une volonté qui va à l'encontre de la sacro-sainte stratégie présidentielle du «virage en tête» au premier tour: pour assurer la victoire, l'UMP préconise une alliance totale des formations de la majorité dès le premier tour.


Volonté d'indépendance
Devant 200 militants de la fédération de Paris, la veille de sa rencontre avec Nicolas Sarkozy, Hervé Morin n'a pas varié sur ses intentions. En 2007, a-t-il expliqué, «nous avons pris un billet de train pour une destination sans en négocier les clauses» avec l'UMP. Pour 2012, «nous voulons négocier les conditions du voyage», a-t-il expliqué en défendant «l'indépendance du Nouveau Centre à l'égard de l'UMP».

Cette volonté d'indépendance, chaque chapelle centriste en a aujourd'hui sa définition, de l'indépendance solidaire du Nouveau Centre à l'indépendance critique de l'Alliance centriste de Jean Arthuis, jusqu'au MoDem de François Bayrou, qui prône une indépendance totale. L'irruption du président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, dans le processus trouble encore le jeu, sa formation étant fondatrice de l'UMP et associée au parti présidentiel. Du moins pour l'instant. L'ancien ministre de l'Environnement doit en effet soulever la question du lien qui unit son parti à l'UMP en bureau national mercredi.

Cette «indépendance» est impérieuse si Morin et Borloo veulent travailler ensemble. D'autant qu'au Nouveau Centre, on dénonce la «RPRisation» du gouvernement et de l'UMP. Un RPR qui n'a pas laissé que de bons souvenirs aux anciens de l'UDF. «Le RPR qui flirtait avec le FN dans les années 1990, le RPR qui dit non à Maastricht et à l'Europe, le RPR qui refuse l'Otan… Si l'UMP est ce qu'elle est aujourd'hui, c'est qu'elle a piqué aux centristes toutes nos idées», estime le sénateur de Paris Yves Pozzo di Borgo, en s'amusant de voir les «RPR» Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie «tout sourire au sommet de l'Otan». «Nous devons être à l'avant-garde de la majorité et de l'UMP», martèle Morin en défendant la présentation aux Français d'un «projet politique indépendant et autonome, mais dans la majorité».

D'ici à 2012, cependant, le Nouveau Centre naviguera moins dans les eaux de l'«indépendance» que dans celles de «la majorité». Morin, qui dit n'être «ni dans le vide, ni dans la souffrance» depuis le remaniement, a ainsi incité à voter «la confiance» au gouvernement. Plus prosaïquement, les députés néocentristes espèrent une des deux présidences de commission vacantes. Une demande qu'Hervé Morin a présentée au président de la République mardi. «Si le gouvernement a été fermé aux centristes, la majorité doit être ouverte aux idées centristes», a-t-il plaidé à l'Élysée.

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