jeudi 25 novembre 2010

çà bouge au centre...

Dix jours après un remaniement défavorable aux centristes, Jean-Louis Borloo (Parti radical) et Hervé Morin (Nouveau centre) ont haussé le ton devant leurs troupes, mercredi, en prenant leur distance vis-à-vis de l'UMP, mais sans claquer la porte.

Hasard du calendrier? Les deux grands perdants du dernier remaniement ont convoqué leurs états-majors respectifs le jour du discours de politique générale de François Fillon à l'Assemblée nationale.

Jean-Louis Borloo, rival malheureux de M. Fillon dans la course à Matignon, a annoncé par la voix de son lieutenant Laurent Hénart sa décision de quitter la vice-présidence de l'UMP.

"C'est une décision cohérente qui lui permet de retrouver sa liberté de parole et de proposition dans la majorité", a expliqué le numéro 2 du Parti radical (associé à l'UMP), à l'issue d'un bureau national à l'Assemblée.

M. Borloo reste toutefois membre de l'UMP et à ce titre siègera au sein du groupe UMP, une fois redevenu député, dans trois semaines.

Son parti, grand oublié du dernier remaniement et battu dans la compétition pour la présidence du groupe UMP à l'Assemblée, a tiré les conclusions de la nouvelle donne. Le bureau national a ainsi "unanimement exprimé une volonté très nette de prise d'indépendance" vis-à-vis de l'UMP, tout en restant "un allié loyal" du grand parti frère dont il est co-fondateur.

"Jean-Louis Borloo ne sera plus vice-président de l'UMP et très clairement les radicaux, à l'instar de leur président, ne prendront pas non plus de fonctions exécutives" dans l'organigramme du parti présidentiel, a ajouté M. Hénart.

Une manière d'opposer une fin de non recevoir à son nouveau patron Jean-François Copé qui leur avait ouvert les instances dirigeantes du parti.

Les militants trancheront la question de l'autonomie lors d'un congrès début 2011. Quant à celle d'une candidature de Jean-Louis Borloo à la présidentielle, les radicaux la jugent "prématurée".

Le Nouveau centre, lui, a réaffirmé sa détermination à porter un "message centriste" incarné par son candidat à la présidentielle. "Nous avons un cap clairement affiché", a dit M. Morin.

Il s'est félicité de la prise de distance de M. Borloo avec l'UMP y voyant un signal encourageant. "Nous sommes dans une convergence que j'apprécie", a-t-il dit, tout en mesurant le chemin à parcourir jusqu'à l'émergence d'un centre autonome.

Le bureau politique du NC, parti créé par d'anciens amis (ex-UDF) de François Bayrou et rallié à Nicolas Sarkozy en 2007, a réaffirmé "sans arrière-pensée" sa volonté "de participer au rassemblement des centres".

Mais cette recomposition doit s'effectuer "entre des centres non-seulement autonomes mais indépendants de tout autre formation politique", a prévenu M. Morin.

Pour l'ex-ministre de la Défense, qui redeviendra lui aussi député dans trois semaines, cette "nouvelle construction politique" devra s'accompagner d'"une représentation à l'Assemblée et au Sénat", avec la constitution de deux groupes centristes autonomes.

M. Morin a jugé "intéressante" mais insuffisante la démarche de Jean-Pierre Raffarin de créer son propre "mouvement" au sein du groupe UMP au Sénat. "Il se situe au sein de l'UMP", et à ce titre, "son temps de parole, ses moyens, sa liberté sont déterminés par la structure à laquelle il appartient", a-t-il rappelé.

Le patron du Nouveau Centre exclut par ailleurs toute réconciliation avec M. Bayrou qui à ses yeux "confond indépendance et solitude".

Au Parti radical, M. Hénart et son porte-parole Serge Lepeltier ont assuré que Jean-Louis Borloo gardait "sa capacité de parole" et de débat avec le patron du MoDem.

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