mardi 3 août 2010

"Une fois de plus, Nicolas Sarkozy s'aligne sur les thèses du FN"

Source : La Monde


Les propos de Nicolas Sarkozy établissant un lien entre délinquance et immigration continuent à faire réagir, au lendemain d'un discours destiné à conforter son camp. A Grenoble, le chef de l'Etat a notamment menacé de déchoir de la nationalité française toute personne d'origine étrangère qui porterait atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre représentant de l'autorité publique.

Des amendements à un projet de loi sur l'immigration ?

Les dispositions permettant, comme l'a demandé vendredi Nicolas Sarkozy, de déchoir certains délinquants de la nationalité française pourraient être présentées au Parlement fin septembre, a-t-on indiqué samedi au ministère de l'immigration.


Interrogée par l'AFP, une source qui a demandé à rester anonyme au ministère de l'immigration a rappelé que le ministre Eric Besson avait présenté le 31 mars au Conseil des ministres un projet de loi "relatif à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité". Ce projet prévoit notamment le durcissement des conditions d'entrée en France et la création d'une zone d'attente spéciale en cas d'arrivée massive de réfugiés.


"Les annonces d'hier par le président de la République pourraient faire l'objet d'amendements et être portées par ce projet de loi, a indiqué la même source. Au ministère, nous travaillons actuellement à la réflexion de ces amendements. Nous sommes au tout début de cette réflexion. Nous avons un peu de temps." – (avec AFP)

"Il n'y a pas de différence à faire entre un Français de souche et quelqu'un qui aurait acquis la citoyenneté plus récemment", s'est indigné vendredi Benoît Hamon, porte-parole du PS, qui considère que la menace de déchéance de la nationalité française "est en contradiction la plus absolue avec le principe d'égalité entre les Français". Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle, a de son côté qualifié l'intervention de Nicolas Sarkozy de "nouvelle étape dangereuse et indigne, dans une surenchère populiste et xénophobe".


"SURENCHÈRE POPULISTE ET XÉNOPHOBE"


"Notre République est en train de pourrir par le sommet", a pour sa part déclaré le porte-parole du Parti communiste, Olivier Dartigolles dans un communiqué. "Par de telles déclarations, c'est au principe républicain et aux valeurs démocratiques que Nicolas Sarkozy déclare la guerre", poursuit-il, estimant que "Nicolas Sarkozy fait le choix du pourrissement, avec un cocktail explosif jouant sur les peurs".


Les critiques des associations de défense des droits de l'homme, qui font état d'une "stratégie de la tension" et d'une xénophobie affichée destinée à reconquérir un électorat perdu, sont tout aussi virulentes que celles de la gauche. "Ce qui est en cause, ce n'est pas le débat légitime en démocratie sur la manière d'assurer la sécurité républicaine, c'est l'expression d'une xénophobie avérée", a indiqué la Ligue des droits de l'homme (LDH) dans un communiqué.


Le Mouvement contre la racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) dénonce lui "des annonces démagogiques, contraires aux droits de l'homme, et inefficaces". "Une fois de plus, Nicolas Sarkozy s'aligne sur les thèses du Front national", déplore-t-il.


"CE SONT TOUJOURS DES MOTS"


Le Front national estime pour sa part que les propos de Nicolas Sarkozy ne sont que de vaines paroles. "Avec M. Sarkozy, ce sont toujours des mots, des mots, toujours des mots. Il ferait mieux de rétablir la double peine qu'il a supprimée et qui permettait d'évacuer hors de France les gens qui ont été condamnés par les tribunaux", a déclaré Jean-Marie Le Pen, président du Front national. "Ce qui justifie notre mécontentement et celui d'un nombre croissant, c'est qu'au-delà des paroles, il n'y a pas d'actes", a renchéri Bruno Gollnisch, vice-président du FN.


Pour sa part, l'UMP dit ne pas voir matière à polémique, invoquant les résultats – contestés par la gauche qui parle d'échec contre l'insécurité – du gouvernement dans la lutte contre les violences urbaines. "Loin de toute polémique, l'UMP tient à souligner que jamais un gouvernement n'a obtenu d'aussi bons résultats en matière de lutte contre la délinquance. (...)

Depuis 2002, les indicateurs sont tous à la baisse", déclare-t-il.







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