jeudi 24 juin 2010

Congrès de Tours : la confirmation des valeurs du Centre et de notre indépendance

Le week end dernier avait lieu le Congrès du Nouveau Centre à Tours. Avec un peu de retard, je souhaite vous livrer mes impressions. J’avais décidé de faire le déplacement car j’étais curieux de découvrir l’ambiance de mon nouveau parti mais je souhaitais aussi avoir la certitude que ses « convictions », ses « idées » étaient bien celles que je partageais. Je n’étais pas particulièrement inquiet mais ce sont dans de tels rassemblements que l’on aborde réellement le fond et les objectifs, en côtoyant les militants, les élus, en provenance des diverses fédérations.

Lorsque j’étais au Modem, en plus du quotidien dans la vie militante de la fédération, c’est lors des Universités de rentrées ou lors d’autres évènements nationaux que l’on a pu remarquer, au fil du temps, le changement des profils militants, la lente dérive vers une opposition systématique et l’oubli de nos fondamentaux (Entre 2007 et 2009, les convictions de base du parti avaient réellement changé).
En ce qui concerne le Nouveau Centre, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui nous entendons tout et son contraire quant à son positionnement. Le Nouveau Centre est soit un parti affilié à l’UMP – sans convictions profondes, sans identité – ou un parti du Centre réellement indépendant. Très sincèrement, j’avais mon idée mais je voulais en être persuadé !

Tout d’abord, pour avoir participé à de nombreux Congrès, je tiens à souligner la remarquable préparation de l’évènement par la fédération de la région Centre. L’organisation d’un rassemblement de 1500 à 2000 personnes est très compliquée à gérer dans une région qui n’est pas la capitale avec toutes ses commodités d’accès et d’hébergement.
J’ai été aussi très heureux de voir beaucoup de jeunes -fait important à souligner- ; le tout dans une ambiance studieuse mais aussi conviviale.

Le samedi a été consacré à l’organisation de tables rondes sur les valeurs du Centre ou encore sur la construction européenne. Nous avons réfléchi aux valeurs intangibles du Centre aidés par des analyses de sondeurs d’opinions. La responsabilité personnelle, l’éthique face aux comportements sociaux, l’équité, la lucidité sont des convictions qui caractérisent principalement les centristes.
Aussi, nous sommes attachés à l’Europe et nous estimons qu’il n’y a pas d’autre réponse pour promouvoir notre modèle social européen que de poursuivre la construction d’une Europe fédérale. Il est maintenant devenu clair que l’euro n’est pas à l’abri des spéculations et qu’il ne peut pas y avoir d’unité monétaire sans minimum d’unité budgétaire. Il faut reconnaître que l’UMP a maintenant accepté la gouvernance issue des traités de Maastricht, de Nice et de Lisbonne, mais il est clair qu’elle n’entend pas aller plus loin dans la construction d’une Europe fédérale au moins à court et moyen terme.
Un sondage paru le matin même dans le « Figaro » nous accordait d’ailleurs ces valeurs sans aucune hésitation.

Après une soirée festive, le dimanche matin fût l’occasion d’écouter de nombreuses interventions de cadres du parti et d’accueillir également des partenaires centristes. Yvan Lachaux, François Sauvadet, Maurice Leroy, Jean Marie Cavada, Jean Arthuis, Jean-Louis Bourlanges, Jean Christophe Lagarde, Damien Abad, eurent à cœur, chacun à leur manière, de préciser les grands enjeux de demain pour la France, l’Europe mais aussi la place du Centre dans la politique française.
Au cours de cette matinée, plusieurs des intervenants sont notamment intervenus sur les récentes visites de François Bayrou à l’Elysée et son énième brouillage des cartes auprès des Français. Jean Louis Bourlanges, qui malheureusement pour notre pays n’est plus élu, dans une intervention comme d’habitude puissante et riche mais aussi rendue grave en raison d’une laryngite a dit tout haut ce que la salle pensait tout bas en affirmant que « l’heure de Bayrou est passée même si Sarkozy essaye de le ressusciter”. Il a estimé que « la bipolarisation de la Véme république impose au centre soit de devenir une force d’appoint soit de disparaître ». Une vision à l’opposé de la doctrine de François Bayrou qui prône un rôle d’interface et la capacité de picorer à droite et à gauche des propositions quand elles sont jugées bonnes. Nous sommes nombreux à avoir espéré en 2007 pouvoir construire un Centre fort et indépendant mais force est de constater que dans notre République, avec notre Constitution, ce n’est pas possible et qu’il est très difficile d’exister et d’être crédible en dehors de la majorité sans vouloir pour autant entrer dans l’autre camp, l’opposition. Il en a été conclu que notre courant de pensées existait, qu’il était et qu’il devait continuer à être représenté en étant un partenaire coriace du parti de droite : l’UMP.

Il appartenait à Hervé Morin, brillamment réélu président par quelques 93% des votants de conclure ce congrès.

C’est sous des applaudissements particulièrement fournis, que notre Président présenta son rôle pour ce deuxième mandat. Il a estimé que ce devait « être d’abord la période du rassemblement » en référence aux multiples initiatives visant à refonder la famille centriste aujourd’hui divisée. « Cette période doit aussi être celle du projet » a-t-il ajouté en appelant à la mise en place de commissions de réflexion dès l’automne. « Notre parti ne doit pas se contenter d’être dans une posture, il doit proposer une réelle alternative à nos compatriotes ».
Au travers de plusieurs exemples, il traça les grandes lignes que le Nouveau Centre doit défendre pour la France et l’Europe en se référant à des principes intangibles. Hervé Morin insista sur les valeurs d’une société de la reconnaissance des mérites, ne sacrifiant pas l’avenir des plus jeunes et des plus âgés, respectueuse du mérite individuel, n’hésitant pas à introduire des règles afin de tempérer les conséquences de la mondialisation.

Oublié par les médias relatant notre Congrès du week end dernier, Hervé MORIN a également mis sur la table des propositions nouvelles et fortes en matière de réduction des déficits : suppression du bouclier fiscal, suppression de l’Impôt Sur la Fortune (ISF), création d’une nouvelle tranche additionnelle pour l’Impôt sur le revenu à 45%, mobilisation de la CSG en tant qu’impôt juste et universel… Bref, on voit bien qu’entre l’UMP qui a fait du refus de l’augmentation des impôts une de ses priorités politique et le centre qui fait du redressement des finances publiques de la France sa priorité budgétaire, qu’il y a une vraie différence politique !

Dès 2002, grâce aux analyses de Charles de Courson, les centristes avaient défendu le rétablissement des finances publiques en raison du surplus des taux d’intérêts que supporte l’Etat avec ses finances publiques dégradées et le risque de perdre de notre autonomie en tant qu’Etat souverain. Enfin, nous avons toujours dit qu’il était inacceptable que notre mauvaise gestion soit payée par les générations futures.

Hervé Morin n’a pas remis en cause la participation du Nouveau Centre à la majorité présidentielle, bien au contraire, mais il a marqué une réelle différenciation avec l’UMP. La majorité ne peut être que plus forte de nos complémentarités !
La salle lui fit une remarquable ovation. Sa ténacité mais aussi son élan fédérateur sont porteurs d’espoir pour l’avenir.


Contrairement aux retours donnés dans les différents médias, à aucun moment, ce Congrès a été un plaidoyer à la candidature d’Hervé Morin pour la prochaine Présidentielle. Comme je l’ai écrit plus haut, il a été réellement question de la place du Centre, de nos valeurs, de nos priorités pour la France, les Français et du rassemblement des différents courants centristes... Au-delà de la candidature de notre président national à la Présidentielle, il a été longuement question de l’opportunité d’une candidature centriste en 2012… Nos différentes valeurs sont les bases d’un programme spécifique que nous pourrions avoir à cœur de porter dans de futures échéances électorales.


Entre une UMP qui roule à nouveau sur la voie la plus à droite et un PS qui serre de plus en plus à gauche, la troisième voie centrale a aujourd'hui la taille d'un boulevard ! Certains estiment que non, et cela ouvre tout de suite le débat sur ce qui différencie la droite du centre. Hervé Morin a dit dans son discours de dimanche, «quand vous rencontrez une personne qui affirme avec certitude qu’il n’y a pas de différence entre la droite et le centre, vous pouvez affirmer avec certitude qu’il n’est pas du Centre». Les différences entre centristes et UMP sont réelles et se concentrent sur les finances publiques et sur la construction Européenne. Voilà le cœur des différences entre la droite et le centre: la fiscalité, les finances publiques, la construction européenne. Nous avons la conviction que la voie des centristes doit être portée notamment sur ces sujets là, notamment lors des élections présidentielles qui sont la clé de voûte de notre système politique.
Mais c'est aussi ce qu'on entend à nouveau du côté du MoDem et de François Bayrou, qui se revendique encore centriste mais qui n’est plus vraiment le candidat naturel… disparus des écrans radars depuis des élections régionales cruelles pour le « troisième homme » de la présidentielle de 2007. Le président du Modem continue à ne pas vouloir choisir officiellement entre la droite et la gauche, préférant donner des coups de godille selon les intérêts du moment. François Bayrou le rappelait encore la semaine dernière dans les colonnes du journal La Croix.
De plus, depuis 1965, le centre a toujours eu un candidat sauf en 1995 où il a soutenu la candidature d’Edouard Balladur, mais Jean Lecanuet en 1965, Alain Poher en 1969, Valéry Gisacrd D’Estaing en 1974 puis 1981, Raymond Barre en 1988 et François Bayrou en 2002 puis 2007 ont porté les couleurs du centre. Une candidature centriste diviserait la majorité ? Sur ces 8 dernières élections présidentielles, nous en avons remporté 6. No comment.

Pour réfuter les arguments des « anti-centristes », Maurice Leroy donnait la semaine dernière les scores de François Mitterrand, candidat unique de la gauche en 1974, qui faisait plus de 43% au premier tour et sans réserve au second tour, il a perdu l’élection contre Valéry Gisacrd D’Estaing. En 1981, il fera à peine 26% au premier tour alors qu’il y a pas moins de 7 candidats pour la gauche et il gagne l’élection avec plus de 52% des suffrages. La capacité de rassemblement au deuxième tour n’a que peu de chose à voir avec le score du premier tour…
Alors il faut le dire franchement, la candidature centriste est non seulement opportune, mais elle est légitime ! Il est tout à fait normal et naturel qu’une famille politique incarne ses valeurs lors d’échéances essentielles !

Il nous restera donc à trouver notre candidat… Mais nous avons encore largement le temps puisque ce ne sera pas avant l’automne 2011…

A moins de deux ans de la présidentielle, le centre est donc entré en ébullition. L’organisation mardi 8 juin, à l’initiative de Jean Arthuis, des Assises de la refondation du centre au Sénat suivie le week-end dernier du congrès du Nouveau Centre à Tours, ce week end du lancement du parti de Dominique De Villepin qui tente de capter une partie de notre électorat, et l’augmentation significative des adhésions au Nouveau Centre, témoignent d’une volonté d’existence de nombreux centristes en deuil de l’UDF ou d’un vrai parti du Centre comme nous avons connu ces 30 dernières années.

Lassés du ni-ni de François Bayrou, encouragés par la chute dans les sondages et du virage à droite de Nicolas Sarkozy, les centristes se trouvent paradoxalement remis au centre de l’échiquier politique par une crise économique qui nous renvoie dos à dos, à travers la question des déficits publics, la droite libérale et la gauche.

Après ce week end politique et militant passé à Tours, je suis en mesure de vous affirmer, certifier que le Nouveau Centre représente pleinement le courant du centre en France occupé depuis 1974 par l’UDF de Valéry Giscard d’Estaing.
Je n’ai absolument aucun regret d’avoir rejoint Herve Morin et François Rochebloine dans la Loire.

J’aurais pu me tromper : mes valeurs, mes convictions qui ont fait mon engagement au sein de l’UDF depuis 2000 auraient pu ne pas être représentées. Ce n’est pas le cas. Je retrouve au Nouveau Centre le parti de débats, d’idées, d’échanges autour des valeurs humanistes, européennes, que j’avais perdu lors de l’éclatement de l’UDF.

2 commentaires:

  1. Merci Arnaud pour cette franchise intellectuelle.
    Merci pour cette analyse franche et concise, merci pour votre ouverture d'esprit et merci enfin pour votre sympathie. Les valeurs, nos valeurs du respect de la démocratie ne sont plus à démontrer mais à défendre.
    Je crois sincèrement que les valeurs du Nouveau Centre s'affirment de plus en plus avec la nouvelle génération qu'est la votre. Oui, le Centre est un parti sympathisant et indépendant et qui doit le rester.
    Respectueusement, bien à vous.
    Joseph Inguanta

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  2. Merci Arnaud d' avoir rejoint le Nouveau Centre.....te connaissant un peu ......je l' esperais et espere en revoir d' autres comme toi pour reformer un parti plus fort!

    C' est bien car tu donnes l' exemple!
    Bienvenue.....et pour longtemps!!!
    Elisabeth Albert de St Paul en Jarez

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