lundi 10 mai 2010

Pourquoi je rejoins le Nouveau Centre ?

Après plusieurs mois passés sans être encarté et de nombreuses semaines de réflexion, j'ai décidé d'adhérer au Nouveau Centre.

Profondément attaché aux valeurs du centrisme, dont je parlerai plus loin, j’avais rejoint l’UDF en 2001. Au fil des années, après beaucoup d’investissement personnel, j’ai pris des responsabilités au sein du Mouvement en étant notamment élu Président des Jeunes UDF de la Loire puis Coordinateur régional.
En 2007, fervent défenseur du projet centriste, j’ai fait la campagne présidentielle de François Bayrou de manière très active au plus proche de nos concitoyens sur les 40 cantons du département comme responsable départemental de la « campagne terrain ». François Bayrou a eu la confiance de 18% des Français, et celle de plus de 20% des ligériens ! Dans la foulée du premier tour de la Présidentielle, j’ai ensuite décidé de suivre, François Bayrou et Gilles Artigues, dans l’aventure du Mouvement démocrate.

J’ai été séduit par la volonté de dépasser les clivages politiques pour s’attaquer ardemment et concrètement aux problèmes des Français et de notre pays. Je trouvais le recul, la prise de hauteur courageux face aux problèmes auxquels nous étions confrontés. Afin de symboliser « la 3ème voie », notre nouveau parti devenait autonome et indépendant.
Très vite, j’ai été déçu par la non tenue des engagements. Notre positionnement politique est rapidement devenu plus politicien que constructif, la ligne politique étant en fait « l’anti sarkozysme » ou « anti UMP ».
L’autonomie n’a jamais véritablement été respectée et au cours des différentes élections qui suivirent, une lente dérive gauchisante s’est développée. En effet, notre positionnement a tout d’abord été complètement brouillé par les alliances à géométrie variable lors des municipales. Dans certaines villes nous avons fait listes communes avec le PS, dans d’autres avec l’UMP. Dans certaines, l’autonomie a été tentée au 1er tour comme se fût le cas à Saint Etienne. Malheureusement, au second tour, des approches ont été faites avec la liste d’union de la Gauche. Ce sont les communistes qui ont empêché la fusion des listes. Ensuite, lors des Européennes, l’affrontement était uniquement dirigé contre l’UMP et Nicolas sarkozy. Enfin, lors des dernières régionales, le bras a complètement été tendu au Parti socialiste pour effectuer des alliances au second tour.

François Bayrou mais aussi l’ensemble des cadres du Mouvement Démocrate ont donc trahi leurs électeurs, mais aussi les militants qui les suivaient depuis des années autour des valeurs du centrisme. Convictions trahies dans une course au leadership de l’opposition avec la Gauche.
Le Nouveau Centre l’avait dit depuis l'entre-deux tours des Présidentielles de 2007, mais pour de nombreuses personnes dont je fais parti, il a fallu du temps pour en prendre réellement conscience.
Au moment de la scission de l’UDF puis au cours des nombreux mois qui ont suivi, l'explication véhiculée alors par François Bayrou et les cadres du parti était simpliste, abrupte, et ne nécessitait pas de faire preuve de réflexion. Les « méchants », c'était le Nouveau Centre, ceux qui avaient seulement voulu sauver leurs sièges. Le gentil c'était « Bayrou », le droit, le pur. Ce conte de fée médiatique, vendu avec beaucoup de talent et de victimisation par les responsables du Modem, a volé en éclat.


En décembre 2009, avec en plus de grosses carences démocratiques au sein de la structure, extrêmement déçu, j’ai décidé de démissionner de mes responsabilités au sein du Modem et de quitter cette formation politique aux côtés de 40 militants ligériens.

Comme je l’ai écrit auparavant, je suis profondément attaché aux valeurs humaines, sociales, européennes donc centristes. Lors des dernières élections régionales, comme de nombreux français, je ne me suis pas retrouvé dans les différentes listes proposées. Le Centre n’était pas représenté, visible, audible.
Pour avoir été centriste au Modem, je connaissais l’état d’esprit de la campagne : autonomie au premier tour imposée par Paris alors que tout le monde voulait aller tout de suite avec le PS… Quant aux centristes du Nouveau Centre, ils étaient noyés dans des listes du grand parti de la Droite française : l’UMP, où le Centre n’a pas sa place…

L’échec cuisant des listes d’union menées par l’UMP accompagné de l’effondrement du Modem a confirmé qu’une liste centriste aurait rassemblé les Français du Centre. IL redonne donc de la voix, aujourd’hui, aux partisans d’une aventure autonome des centristes. C’était d’ailleurs mon analyse, depuis ce début d’année, sur mon blog, quand j’analysais le déroulement des campagnes électorales.

Le Centre n’a donc pas été suffisamment visible lors de ces élections. Force est de constater que la majorité présidentielle n’est pas apparue suffisamment diverse et les électeurs centristes se sont retranchés dans l’abstention. Les causes sont évidemment multiples : politique largement menée à Droite, débat sur l’identité nationale, politique avantageuse pour les hauts revenus, et de plus le Nouveau Centre n’a pas su faire entendre suffisamment la voix du centre.
Pourtant, depuis des mois, le groupe Nouveau Centre avait alerté le Gouvernement sur l’angoisse du monde rural, des classes moyennes, sur le fait que la taxe carbone devait être engagée au niveau européen et non national. Ils étaient dans le vrai ! A l’avenir ils devront donc parler plus fort pour défendre l’idée qu’une réforme doit être juste, que les comptes de l’Etat doivent être équilibrés, que la pénibilité du travail doit être prise en compte…
Finalement, ils ont été entendus qu’après les élections. Enfin… entendus à moitié car dans le remaniement ministériel qui a suivi l’échec électoral, la réponse du Président de la République n’a pas été celle attendue par les Français… Il a voulu rassurer l’UMP plutôt que ses compatriotes n’écoutant pas une fois encore les conseils des partenaires du Nouveau Centre, peut être trop agaçant finalement… Du coup, dans le remaniement, aucun représentant du Nouveau Centre ne fût nommé…

Pourtant l’analyse des résultats des élections régionales confirme qu’il ne peut y avoir de succès qu’avec un centre fort. En effet, depuis l’introduction du suffrage universel direct comme mode d’élection du Président de la République en 1962, élection majeure qui irrigue les autres consultations, les candidats du centre n’ont jamais réalisé un score inférieur à 15 % au premier tour de ces scrutins. Depuis 1965 et le choix d’une part de François Mitterrand d’incarner un rassemblement des socialistes et communistes, et d’autre part de Jean Lecanuet de lier le destin du centre à la droite parlementaire, il n’y pas eu de bouleversement politique majeur dans l’équilibre des institutions de la Ve République. La droite et le centre travaillaient ensemble. L’échec de la stratégie de François Bayrou et du Modem en est une preuve.
Là où la gauche a l’intelligence de se concevoir plurielle, la droite a cru pouvoir arriver à un parti unique en 2002. A tort finalement. En effet, en 1998, la majorité actuelle détenait 20 régions sur 22, dont 14 pour l’UDF et 6 pour le RPR. En Rhône Alpes, nous détenions 6 des 8 départements, la région et ses principales villes. Aujourd’hui seule 1 région sur 22 est conservée par la droite et le centre.
Ces mauvais résultats de la majorité présidentielle aux différentes élections locales, faute de réserves de voix au second tour, sont une autre illustration de l’esprit de nos institutions.


Heureusement, le Nouveau Centre est parvenu en moins de trois ans à recréer un noyau dur d’élus et de militants qui doit permettre de refonder une nouvelle UDF, sans pour autant être une stricte copie de cette dernière. Cette force indépendante est un partenaire incontournable aux succès de la majorité. L’avenir du pays passe, aussi longtemps que durera la Ve République, par l’expression d’un centre fort et par une alliance au second tour entre la droite et le centre qui évitera le développement des extrêmes comme le Front national. Sur une jambe, la majorité se révèle bancale : marcher sur deux jambes lui donnera une stabilité certaine.

Aujourd’hui, la majorité boîte car le centre est affaibli depuis 2007. L’UMP a cru rassembler mais il n’a pas réussi à étendre son spectre jusqu’au Centre. Hervé Morin a annoncé sa volonté d’amplifier et de passer à l’acte « deux » du développement du Nouveau Centre voire plus largement « reconstruire » le Centre. Depuis 2007, le courant centriste est complètement éclaté en plusieurs partis, mouvements ou groupuscules. C’est le Nouveau Centre qui représente incontestablement l’UDF de Valéry Giscard D’Estaing et le parti auquel j’ai adhéré en 2001. C’est le Nouveau Centre qui doit être le fédérateur des différents courants centristes et j’ai décidé de soutenir activement l’initiative d’Hervé Morin, Jean Arthuis, Michel Mercier, Nicolas About… de créer un rassemblement des centristes. Comme de nombreuses personnalités, j’ai donc décidé de rejoindre le Nouveau Centre dans la Loire parti dynamique autour de François Rochebloine et Nicole Forest. C’est un parti actuellement en pleine mutation avec les nombreux ralliements qu’il connaît. En adhérant au Nouveau Centre, je reviens au fond dans ma famille politique d’origine modérée ouverte et audacieuse.

Le Centre est indispensable dans la politique Française et, force est de constater que même s’il est aujourd’hui affaibli, il manque cruellement. Il n’y a plus de temps à perdre, il faut urgemment travailler à le fortifier. Plus fort, il pourra être plus influent en continuant à être force de proposition, à faire entendre ses propres convictions. Il ne faut pas d’un centre qui s’oppose continuellement mais constructif. Ceux qui ont usé de cette stratégie se sont perdus dans les méandres de l’échec et ils ne pourront en revenir…

Le courant centriste est en quelque sorte la « boussole sociale » de la majorité et actuellement elle en a considérablement besoin ! L’image de la boussole sociale me plaît bien car elle traduit les valeurs auxquelles je suis attaché, celles du centrisme, mais aussi plus idéologiquement à la « démocratie chrétienne ». Face aux réformes menées durement par l’UMP, c’est par exemple le rôle du Centre en politique de peser pour rééquilibrer la balance, d’être la boussole sociale pour restaurer l’équité, c'est-à-dire favoriser la justice sociale dans l’accompagnement des réformes. Aujourd’hui, les craintes des classes moyennes par exemple sont légitimes et ont pesé lourd dans les urnes à l’échelle nationale.

Je souhaite également que le Nouveau Centre poursuive à dénoncer les votes de lois de circonstances qui ne répondent qu’à des préoccupations médiatiques et qui agacent profondément les Français. Le Nouveau Centre devra aussi se montrer plus combatif sur certaines mesures qui pouvaient paraître judicieuses en 2007 et qui ne sont plus d’actualités. Il faut revenir sur le bouclier fiscal et l’impôt sur la fortune et imposer plus lourdement les hauts revenus. En période de crise, tout le monde doit se serrer la ceinture.

Ce sont les attentes de très nombreux Français qui ne sont pas de Gauche mais qui ne sont pas « Sarkozystes » non plus. Cette frange de la population sera à nouveau audible lorsque le Centre pèsera plus sur nos institutions. C’est pour cette raison que je souhaite contribuer activement au développement du rassemblement des centristes qui se dessine au travers des idées qui nous ont toujours rapprochés : humanisme, la conception de la responsabilité, la décentralisation, la gestion rigoureuse de nos finances publiques, l’engagement européen.

Cette nouvelle formation devra porter notre projet de société devant les Français en 2012. Nous allons devoir poser les fondations d’un projet humaniste moderne. Nous avons besoin d’une France apaisée pour affronter les réformes nécessaires au cadre de la mondialisation. Un nouveau souffle, une nouvelle aventure commence pour le Centre. Nous allons nous structurer et grandir. Nous avons aussi un programme à construire. Beaucoup de travail nous attend.

Localement, je sais d’ores et déjà que de nombreuses personnes attendent que le Nouveau Centre prenne plus de libertés pour venir militer aux côtés de l’équipe existante. C’est le cas d’anciens militants UDF devenus orphelins d’un grand parti du centre en 2007, d’anciens Modem, motivés à repenser l’organisation d’un grand parti indépendant.
A la veille de l’élection présidentielle, l’UDF comptait dans la Loire un millier de militants avec deux places fortes à Saint Etienne et dans le Gier. L’objectif est clair, il nous faut être aussi nombreux en 2012. La Loire est une terre centriste, il faut relever le défi en nombre de militants et d’élus !


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