lundi 10 mai 2010

L'Union Européenne sort l'artillerie lourde

Hier, nous fêtions les 60 ans de l'appel de Robert Shumann. Comme chaque année, le 9 Mai, c'est la fête de l'Europe.

En 2010, cette fête aura été particulière. En pleine crise depuis plusieurs semaines, nous sommes passés ce week end pas loin d'une véritable catastrophe. Heureusement, et pour la première fois de son histoire, l'Europe a répondu d'une seule voix pour tenter de se mobiliser face à la crise profonde qu'elle connaît actuellement et surtout face à l'euro qui dévissait depuis quelques jours.

En effet, cette nuit, les ministres des Finances européens se sont mis d'accord sur les modalités d'une intervention qui est d'une importance absolument sans précédent. C'est une très bonne nouvelle d'autant plus que ça s'est fait en accord avec le Fonds Monétaire International et les autorités américaines et japonaises. C'est même un évènement historique pour l'Union européenne pourtant en pleine tourmente.

Il est dommage que cette réponse arrive avec 3 mois de retard car elle aurait coûté beaucoup moins cher à tout le monde... car la crise n'a pas attendu et a pris beaucoup d'importance.

Espérons que l'enveloppe considérable débloquée par nos Ministres des finances suffira à rassurer les marchés afin de sauver l'Europe et notre monnaie.
Il reste aussi à espérer que la situation actuelle serve de leçon à chacun. Rigueur, diminution des déficits doit être la priorité de l'ensemble des Etats pour les années à venir.






Source : Le Monde

L'Europe répond aux marchés par une riposte massive


Les Européens et la communauté internationale espèrent avoir enfin trouvé la parade pour stabiliser la zone euro. Les ministres des finances des Vingt-Sept ont annoncé, lundi 10 mai, au petit matin, la mise en place d'un plan de sauvetage de l'ordre de 750 milliards d'euros afin d'éviter que la crise grecque ne s'étende à l'Espagne, au Portugal, voire à l'Italie.

Le dispositif est la pierre angulaire d'une série de mesures annoncées dans la foulée par la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), et les principales banques centrales de la planète.


"Ce sont des mesures fortes qui contribueront à la stabilité économique et financière globale", a dit le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Le plan va "renforcer et protéger l'euro", a indiqué Angela Merkel lundi matin.

D'un montant sans précédent, le dispositif a été négocié au forceps, juste avant l'ouverture des marchés asiatiques. La réunion avait débuté sur un coup de théâtre: en raison d'un malaise, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a dû être hospitalisé d'urgence à sa descente d'avion.


Après son forfait, les grands argentiers ont attendu pendant deux heures son remplaçant, l'ancien bras droit d'Angela Merkel à la chancellerie, Thomas de Maizière.


Réunis à Bruxelles, les ministres des finances se sont surtout déchirés au sujet des modalités du fonds d'assistance esquissé l'avant-veille par les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro.

PRÊTS BILATÉRAUX


L'Allemagne a insisté pour imposer ses conditions : pas de garantie d'Etat à un emprunt communautaire géré par la Commission, intervention du FMI en cas de besoin, et plafonnement de l'enveloppe "européenne".


Les grands argentiers se sont donc entendus sur un dispositif hybride, c'est-à-dire de nature à la fois communautaire et intergouvernementale. Dans un premier temps, la Commission européenne a été autorisée à emprunter 60 milliards d'euros pour abonder la facilité qui lui permet, avec la garantie du budget communautaire, de prêter de l'argent aux Etats non membres de la zone euro en difficulté: il a été convenu d'ouvrir ce fonds aux pays de l'Union monétaire menacés par des "événements exceptionnels échappant à [leur] contrôle" (article 122 du traité).


L'Allemagne aurait aimé en rester là. Mais selon la plupart des capitales européennes, ainsi que pour la BCE, cette seule enveloppe n'était pas de nature à enrayer les risques de contagion de la crise grecque.


La Commission avait demandé un peu plus tôt dans la journée de disposer de la garantie des Etats de l'Union monétaire afin de muscler le dispositif.


Inacceptable pour l'Allemagne et les Pays-Bas. Avant un coup de fil entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en fin d'après-midi, Berlin espérait encore dupliquer le schéma mis en place en faveur de la Grèce, en privilégiant les prêts bilatéraux, couplé à l'assistance du FMI. Comme lors du sommet de la zone euro, vendredi, ses partenaires ont exigé la création d'un dispositif "ambitieux", moins compliqué à actionner en cas de besoin.

FONDS DE STABILISATION


En complément, les Etats de la zone euro ont donc décidé de mettre en place une sorte de fonds de stabilisation intergouvernemental, dont ils garantiront l'activité à hauteur de 440 milliards d'euros.L'idée a été proposée par les Français et les Italiens afin de débloquer les négociations. L'instrument sera susceptible de lever des dizaines de milliards d'euros sur les marchés de capitaux pour financer des prêts, en échange d'une conditionnalité très stricte, calquée sur celle du FMI.


Deux Etats non membres de la zone euro, la Pologne et la Suède, ont promis d'offrir leurs garanties au dispositif. D'autres, comme le Royaume-Uni, ont catégoriquement exclu de le faire. La contribution de la France à ce fonds censé expirer dans trois ans devrait avoisiner les 85 milliards d'euros.


Enfin, il a été convenu avec le FMI que ce dernier abonderait les prêts européens, "au moins" à hauteur de 50 % – soit quelque 250 milliards d'euro. En échange de la création de cet instrument inédit, Espagne et Portugal se sont engagés à amplifier leurs efforts de réduction des déficits d'ici au 18 mai.


Ce mécanisme va être complété par une décision spectaculaire de la BCE. Après avoir traîné les pieds, celle-ci a annoncé son intention d'acheter aux banques les obligations qu'elles détiennent d'Etats fragilisés. Pour enrayer la chute de l'euro, plusieurs banques centrales, dont la Fed américaine et la BCE, ont, enfin, engagé une action concertée en mettant en place des accords d'échanges de devises.


Philippe Ricard


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire