lundi 3 mai 2010

Gauche et droite dépassent leurs clivages pour la Grèce

Source : Le Figaro


Les députés PS ont choisi de voter en faveur du plan d'aide présenté par le gouvernement, qui a été adopté dans la nuit de lundi à mardi. Le PCF et Parti de gauche, tout comme Nicolas Dupont-Aignan, ont voté contre.

La crise grecque a presque dépassé les clivages partisans en France. L'Assemblée nationale a adopté dans la nuit de lundi à mardi le plan d'aide international destiné à permettre à la Grèce d'éviter la banqueroute et de lutter contre la spéculation financière. La part de la France s'élève à 16,8 milliards d'euros sur un montant total de 110 milliards.

«On ne fait pas un don ou une subvention. On prête au taux d'à peu près cinq pour cent, à taux fixe, a indiqué Christine Lagarde dans Le Monde . C'est-à-dire que l'opération devrait rapporter de l'argent au budget de la France.» C'est la ministre de l'Économie qui a ouvert le débat lundi soir à l'Assemblée nationale.

«Un taux usuraire»

Alors que les débats avaient à peine commencé, Nicolas Sarkozy s'est une nouvelle fois entretenu au téléphone avec le premier ministre grec, Georges Papandréou. Le chef de l'État l'a assuré de la «solidarité » de la France dans la crise. En retour, le leader grec a remercié Nicolas Sarkozy «pour le soutien constant de la France » et «son action personnelle pour rassembler les Européens sur un plan de soutien ambitieux», selon des propos rapportés par l'Élysée.

Fait rare, le groupe socialiste a choisi de voter le collectif budgétaire présenté par le gouvernement. Après le Grenelle de l'environnement de Jean-Louis Borloo, c'est la deuxième fois que les socialistes votent avec la majorité sur un texte majeur.

Nuances

Le porte-parole du PS a toutefois apporté quelques nuances. «Le PS vote l'aide mais pas le plan d'austérité (…) L'argent de l'Europe et du FMI aurait été mieux utilisé pour faire de la relance», a déploré Benoît Hamon. Il a par ailleurs jugé «curieuse cette conception de la solidarité qui veuille qu'on emprunte à 3% pour prêter à 5% à la Grèce ». Une prise de position modérément appréciée au sein du groupe socialiste où l'un de ses membres minimisait les propos du porte-parole du parti : «Benoît Hamon n'est pas député. Il n'est pas forcément le plus légitime pour s'exprimer.» Il n'empêche, le groupe socialiste a tout de même assorti son vote positif des réserves exprimées par le parti sur le plan d'austérité.

«Je ne soutiens pas le gouvernement, je soutiens la Grèce et je soutiens l'euro, nous ne sommes pas là dans un débat droite-gauche, nous sommes là dans un débat européen et un débat de principe », a expliqué lundi François Hollande sur RTL. Ce qui lui a tout de même valu un satisfecit de la part de Frédéric Lefebvre. Pour le porte-parole de l'UMP, l'ancien premier secrétaire du PS «a montré qu'il était capable de prendre ses responsabilités et de soutenir un dispositif vertueux». «On sait que ça n'a pas été simple à l'intérieur du Parti socialiste mais la manière dont il a pris à bras-le-corps lui-même ce dossier au Parlement et à la commission des finances méritait qu'à l'UMP nous lui rendions hommage», a-t-il ajouté.

« taux usuraire »

La majorité n'a toutefois pas pu compter sur le soutien des communistes, qui ont voté contre. «Il s'agit d'un dispositif dont l'unique objectif est de renflouer les marchés financiers et les banques qui ont enfoncé la Grèce dans la crise, en spéculant sur la dette publique de ce pays», ont dénoncé les députés PCF. Comme une partie du PS, ils critiquent le taux d'intérêt de l'emprunt consenti à la Grèce en déplorant que les pays prêteurs réalisent au passage un bénéfice sur l'opération. «Il faut savoir que la France va prêter à la Grèce à un taux de plus de 4 %, c'est presque un taux usuraire», a déploré Marie-George Buffet dimanche sur Canal+.
À droite, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, s'oppose au plan d'aide. «La France ne doit pas payer pour aider la Grèce… à mourir !» affirme le député de l'Essonne, favorable à la sortie de la Grèce de l'euro et à «la création d'une monnaie commune européenne où les monnaies nationales restaurées pourront enfin s'ajuster les unes par rapport aux autres ».

Après le vote de l'Assemblée nationale, le texte doit désormais passer au Sénat, où son adoption ne fait, là non plus, aucun doute. Les responsables espèrent qu'il ne sera pas nécessaire de monter un nouveau plan d'aide.

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