mercredi 28 avril 2010

Loire - Agriculteurs en colère



Source : La Tribune - Le Progrès



Raphaël Reynaud est céréalier à Saint-Romain-le-Puy. Avec quatre enfants, il ne pourrait pas vivre sans le salaire de sa compagne. Comme tous les agriculteurs et céréaliers, il est à bout...

Chez les Reynaud, on est exploitant agricole de père en fils, depuis des générations. Raphaël a 33 ans. Il a repris la suite de son père, Louis. Aujourd'hui, c'est avec sa mère, Gisèle, qu'il travaille. Ils produisent du blé, de l'orge, de l'avoine, du colza, du maïs et du tournesol sur 210 hectares. Une belle exploitation.


Mais chez les Reynaud, comme chez tous les producteurs de lait, de céréales ou de viande, le compte n'y est plus. « Lorsque j'ai débuté avec mon mari en 1974, explique Gisèle, on n'avait que 23 hectares, mais on vivait bien. On pouvait acheter du matériel neuf et le renouveler. On pouvait acheter des terres agricoles. Ce n'était pas le grand luxe. Mais on a vécu heureux jusqu'à l'arrivée de la PAC. »


Gisèle et Louis ont élevé leurs six enfants avec les revenus de leur exploitation. Sans rien demander à personne. Mais aujourd'hui, le refrain n'est plus le même. Et malgré leurs 210 hectares, ils avouent ne plus pouvoir faire face. « Le problème, explique Gisèle, c'est que l'on ne sait jamais à quel prix sera achetée notre production. Hier, on nous a proposé de nous acheter de l'avoine à 75 euros la tonne ! C'est trois fois moins qu'il y a vingt ans où on vendait les céréales à 1 500 francs la tonne. A ce prix-là, on préfère garder la marchandise, car en dessous de 150 euros, on ne couvre pas nos frais de production. »


Gisèle, qui gère l'exploitation, a tous les chiffres en tête. Et malgré les primes de l'Europe (qui vont baisser de 20 % cette année), l'exploitation n'est plus rentable. « Raphaël travaille de 6 heures du matin jusqu'à 21 heures. Il prend tout juste le temps de déjeuner. Les meilleurs mois, on gagne 1 000 euros chacun. Et il y a des mois où on ne les prend pas. Comment voulez-vous qu'un couple et quatre enfants vivent décemment, raconte Gisèle. Il n'est pas normal qu'en France, un exploitant agricole ne puisse pas vivre de son travail. Oui, on est à bout. Cela fait dix ans qu'on nous presse. On n'en peut plus. »


Les charges sociales, les engrais, les semences, les produits phytosanitaires qui ont considérablement augmenté, plombent les finances de cette exploitation céréalière. « Même la Mutuelle sociale agricole nous plume, ajoute Raphaël. Nous donnons plus de 10 000 euros par an… »


« L'agriculture pourrait être le plus beau métier du monde. Mais aujourd'hui, tout le monde s'enrichit sur notre dos », poursuit Gisèle qui avoue que, s'ils en avaient les moyens, ils pourraient pourtant créer deux emplois sur leurs terres. « Mais comment voulez-vous attirer des jeunes dans une filière où le travail est dévalorisé et qui ne paie pas ses salariés », constate avec désespoir Gisèle Reynaud…



Frédéric Paillas
fpaillas@leprogres.fr


50 000 hectares de céréales dans la Loire


La Loire n'est pas un département céréalier par excellence. Malgré tout, sur les quatre mille exploitations agricoles que compte le département, les trois-quarts produisent des céréales pour alimenter leurs troupeaux.

Un peu moins de deux cents d'entre elles vendent une partie de leur production et moins de vingt gros producteurs vendent la totalité de leur production à des organismes stockeurs, comme la CBA par exemple.


Au total, ce sont environ 50 000 hectares de céréales qui sont cultivées dans la Loire : 25 000 hectares de blé, d'orge et d'avoine; 15 000 hectares de maïs et très peu de colza. Hier, une délégation de quatre céréaliers du département s'est rendue à Paris pour manifester. Des céréaliers qui craignent une baisse de rendement des productions dans la Loire, compte tenu d'un début de printemps particulièrement sec.



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