mardi 13 avril 2010

Les centristes vont tenter un rassemblement sur les décombres du Modem pour canaliser à droite les déçus du Sarkozysme. Y arriveront ils ?

C’est un souci supplémentaire pour l’Élysée… Lors du Conseil national de la formation centriste du Nouveau Centre au cours du week-end dernier, Hervé Morin a fait un pas de plus vers la création d’un nouveau parti. Je doute fort que Nicolas Sarkozy ait donné sa bénédiction à son Ministre de la Défense, Président du Nouveau Centre issu de l’UDF et allié de l’UMP. Il aurait certainement préféré une initiative identique venant des centristes de l’UMP… L’objectif  est clair : être présent au premier tour de la présidentielle de 2012 et rassembler la famille centriste, éclatée depuis la dernière présidentielle avec l’allégeance d’une grande partie des centristes au candidat Sarkozy.

J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises, cette nouvelle posture du Nouveau Centre tient notamment à l’échec stratégique de Nicolas Sarkozy aux régionales dont la doctrine consistait à rassembler toute la droite dès le premier tour. Ce faisant, il s’assurait certes d’un score honorable au premier tour mais empêchait toute réserve de voix pour le second. Or, dans le contexte d’une forte démobilisation par déception au sein des électeurs de droite, Hervé Morin pense qu’il aurait pu recueillir les voix d’une partie de ceux-ci, tout en donnant un signal au Chef de l’État. C’est une analyse très juste. Il aurait aussi reçu la confiance de l’électorat centriste, orphelin de représentants et ne se retrouvant pas dans les listes de l’UMP…

Par ailleurs, ces dernières décisions du Nouveau Centre sont une opportunité avec l’effondrement du Mouvement démocrate. Il y a un espace pour recomposer, repenser, occuper le centre déserté par des électeurs déroutés avec l’opposition trop frontale de François Bayrou à Nicolas Sarkozy et déboussolés par les ambiguïtés entretenues par les leaders du Modem avec la gauche socialiste.

Hervé Morin et de nombreux autres centristes, dont Jean-Christophe Lagarde, Jean Arthuis (Alliance centriste), Nicolas About (président du groupe Union centriste au Sénat), Michel Mercier (Ministre et Président du Conseil général du Rhône) travaillent donc sur le rassemblement de l’ensemble des centristes en vue de la prochaine présidentielle de 2012. Hervé Morin a parlé de rassembler la « diaspora centriste ». Jusqu’à présent assez fidèles et partageant les responsabilités de la majorité, ils prennent aujourd’hui leurs distances avec Nicolas Sarkozy et l’UMP. Ils commencent à faire entendre leurs voix et à se différencier sur les questions sociétales, sur le bouclier fiscal, la taxe carbone…

Cette nouvelle formation est aussi pour la droite centriste une possibilité de tenter d’asphyxier l’opération de Dominique De Villepin, qui lance son parti le 19 juin avec pour ambition de fédérer une partie des déçus du Sarkozysme. Sur ce terrain, l’ancien premier ministre est désormais aussi en concurrence avec Alain Juppé.

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