mardi 16 mars 2010

Retour sur le premier tour des Régionales en Rhône Alpes

La gauche en force avec l’UMP tout de même en tête mais de justesse… Le FN reste en lice pour dimanche prochain. Quant au Modem, il continue sa dégringolade.

Jean Jack Queyranne sort comme favori de ce premier tour mais son score restera une petite victoire. Il a sauvé l'essentiel en arrivant nettement devant Europe Écologie alors que les sondages annonçaient les écologistes beaucoup plus proches de la liste socialiste... Mais son score est inférieur de 4 points par rapport à la moyenne nationale du Parti socialiste… Ainsi, avec un résultat plutôt bas et Europe Ecologie qui réalise son meilleur score de France, Jean Jack Queyranne va devoir réaliser de nombreuses concessions à ses alliés.

La présence du FN au second tour fera les affaires des socialistes. Une triangulaire, comme c’était déjà le cas en 2004, les favorise.

On peut donc conclure que le Président actuel de la région n'a pas triomphé individuellement mais il est dans les meilleures dispositions pour rempiler pour quatre ans. La gauche a obtenu 49,5% des votes lors de ce premier tour. Ainsi, il ne devrait pas y avoir de suspens au second tour, la victoire est à portée de main.

Dimanche soir, Jean Jack Queyranne sera, comme lors de son premier mandat, un Président rassembleur. Un mode de gouvernance qu’il semble plutôt apprécier même s’il aurait préféré que les socialistes pèsent plus dans l’équilibre des forces...

A droite, Françoise Grossetête est arrivée en tête comme dans six autres régions de France pour l’UMP. Son score est supérieur à la moyenne nationale de la droite. Elle s’en sort donc plutôt bien par rapport à d’autres candidats de droite. Par contre, ce sera difficile pour le second tour car l’UMP l’aborde dans la pire des situations : elle ne dispose pas de réserves de voix et la triangulaire avec le FN finira de plomber le scrutin de dimanche prochain, le FN étant un peu l'assurance vie du PS.

La partie s'annonce donc rude. Françoise Grossetête devra remobiliser les troupes car les abstentionnistes se trouvent plutôt dans son camp. Rien ne s'est passé comme ils l'espéraient à l’UMP au cours des derniers jours de campagne... Le FN se retrouve au second tour alors que tout le monde le pensait en dessous des 10% et puis Jean-Jack Queyranne a largement devancé Europe Écologie. L'UMP espérait que les deux partis de gauche soient au coude à coude, rendant les négociations encore plus compliquées voire la possibilité d’une triangulaire Europe Ecologie, PS, UMP. Il n’en sera pas…

Europe Ecologie a confirmé l'essai des élections européennes de 2009 mais n’est pas arrivée devant le PS contrairement à leurs espérances. Mais leur résultat est tout de même bon et en plus, en Rhône Alpes, les écologistes réalisent leur meilleur score de France ! Pour une si jeune formation, il faut avouer que ce qu’ils viennent de réaliser est rare quand on voit ce qui arrive au jeune Nouveau Parti Anticapitaliste ou au Mouvement Démocrate où ils n’ont réalisé qu’un coup en 2007…

Lors des deux derniers scrutins, les écologistes se placent comme la troisième force politique en France comme en Rhône-Alpes. Leur score baisse certes de deux points par rapport à l’année dernière mais ils ont gagné quelques dizaines de milliers d'électeurs de plus. On peut donc considérer leur résultat de dimanche comme une victoire… Leur 17,9% des voix pourront leur permettre de jouer un rôle très important dans la future mandature. Il faut aussi reconnaître qu’entre 2004 et aujourd'hui, ils ont énormément progressé passant de 10 à pratiquement 18% !

En ce qui concerne le FN, il était à 6,81% l’an passé lors des Européennes, le revoici à un score conforme à ses performances habituelles : 14,01%. Le FN réalise un bien meilleur résultat que les enquêtes ne le laissaient penser. Le parti dépasse haut la main le seuil des 10% lui permettant de se maintenir au second tour et d'avoir des élus.

Son résultat a été une réelle surprise dans les deux camps… La hausse de son score peut faire l’objet de questionnements… Est ce dû à la crise économique ? Au débat sur l'identité nationale ? Au débat sur la burqa ? où tout simplement à la mobilisation de son électorat au milieu de toute cette abstention ? En tout cas, le FN retrouve une position d'arbitre. Cette triangulaire va condamné le parti présidentiel.

Cette performance doit cependant être nuancée. En Rhône Alpes, le FN est loin de réaliser le meilleur score national : en PACA, Jean Marie Le Pen dépasse les 20%. De plus, il perd quatre points par rapport à 2004 où il avait 18,21% des voix et presque cinq par rapport à 1998 (18,97%) où il avait été en situation de dicter ses conditions à Charles Millon.
Dans l'agglomération stéphanoise, il réalise de très bons scores à plus de 20% dans de nombreuses communes où il sort en tête des urnes.

Chez les communistes, les élus sortants ont eu chaud aux fesses pour leur mandat. Ils avaient décidé l'indépendance en faisant le choix de ne pas faire de listes communes dès le 1er tour avec Jean-Jack Queyranne comme en 2004. Ils étaient partis sous les couleurs du Parti de gauche. Pour pouvoir fusionner avec le PS et envoyer des élus à l'assemblée régionale, ils devaient impérativement dépasser le seuil des 5%. C'est fait : avec 6,31%, ils font même mieux qu'aux Européennes où ils avaient recueilli 5,24% des voix.

Pour le second tour, l'alliance avec Jean Jack Queyranne ne devrait pas trop poser de difficultés : le MoDem, dont ils ne voulaient pas, est éliminé de l'élection. Leur poids dans cette coalition rouge rose verte sera tout relatif, le PS et les écologistes étant loin devant en nombre de voix.

Personnellement, le plus dur arrive dans les lignes suivantes. Il y a six ans jour pour jour, la région était encore dirigée par la centriste Anne-Marie Comparini (UDF). Rhône Alpes était un terrain électoral profondément centriste. Le Modem et le Nouveau Centre se disputent certes l’héritage de l’UDF mais, aujourd’hui, il ne reste aucun centriste du MoDem en course et seulement quelque uns du côté de la liste de Françoise Grossetête.

Les Rhône Alpins ont donc tranché, le MoDem n’est pas du centre en disqualifiant Azouz Begag du second tour. En ne passant pas la barre des 5%, il est dans l'impossibilité de fusionner avec la liste de Jean-Jack Queyranne comme le souhaitaient les candidats MoDem et leurs frais de campagne ne seront pas remboursés. Le Modem a eu tout faux. Seul Jean Lassalle, en Aquitaine, sera au second tour mais c’est un homme qui a toujours eu l’honnêteté de refuser le rapprochement avec le PS et de dire tout au long de sa campagne qu’il resterait indépendant même s’il ne passait pas la barre des 10%. Les électeurs l’ont remercié de sa franchise !

Ailleurs et localement, dans les 8 départements de Rhône Alpes notamment, Le Modem est passé totalement à côté de sa campagne : Azouz Begag a régulièrement refusé les débats entre candidats ; quand il était présent, son positionnement était incompréhensible : Il vantait à longueur d'interventions le bilan de Jean-Jack Queyranne. La campagne du Modem a été translucide : pas de meeting et peu d'actions. Il a souhaité faire une campagne décalée, avec un tabouret et dans la rue, mais elle n'a pas trouvé de succès.

Les électeurs ont été perdus, tout comme les militants, avant tout sur le positionnement. Au début de la campagne, les 8 sortants souhaitaient réaliser une union dès le premier tour avec Jean Jack Queyranne, puis annonçaient qu’ils se rallieraient au soir du premier tour. En même temps, au niveau national, la Direction du Modem dévoilait les orientations du soir du premier tour : en bons indépendants, autonomes et démocrates, c’était NON à l’UMP et finalement, pas le choix, TOUS avec le PS…

Les électeurs ont tranché, la question du second tour ne s’est finalement même pas posée !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire