vendredi 19 mars 2010

Hervé de Charette : "A droite, tout le mal vient du parti unique monocorde"



Source Le Monde.

Ancien ministre des affaires étrangères d'Alain Juppé entre 1995 et 1997, Hervé de Charette a quitté, en décembre 2009, l'UMP, "trop à droite" selon lui, et rallié le Nouveau Centre. Il appelle à la fin du parti unique. Entretien.


Lors du premier tour des élections régionales, plus de 50 % des Français ne se sont pas rendus aux urnes. Vous faites partie du premier parti de France, celui des abstentionnistes, expliquez-nous pourquoi. Vous avez choisi de voter ce dimanche, témoignez.


Le premier tour des élections régionales signe-t-il l'échec de la stratégie d'union de la droite ?

Sans aucun doute. La majorité est dans l'épreuve. Ce qui lui est arrivé le 14 mars n'a pas de précédent. On ne peut pas négliger les risques de violences sociales. La crise profonde transmise par l'économie mondiale crée dans notre pays de fortes tensions. La politique ne doit pas les aggraver, mais les réduire et les résoudre.

Les électeurs français, dans leur ensemble, sont mécontents, mais, d'une certaine manière, les plus mécontents sont ceux de la majorité, car leurs espoirs et leurs attentes ont été déçus. La gauche, au contraire, s'est retrouvée - PS, Verts, Front de gauche -, car la gauche, à la fois ensemble et séparément, apporte une réponse audible à ses propres électeurs. Chacun a été capable de mobiliser. La majorité, non. Elle s'est contentée d'une campagne sans message et sans force, sans écoute de son électorat.

Qui est responsable de cet échec ?

Je ne recherche pas les responsables, je suis à la recherche de solutions. D'où vient le mal ? Du parti unique. L'union, c'est bien, le parti unique, ça ne marche pas. Il y a pire : le parti unique monocorde, fondé non pas sur la diversité de ses composantes mais sur l'autorité d'une hiérarchie rigide. Voilà ce qu'est devenue l'UMP. La difficulté, ce n'est pas tant la mise en cause des réformes. Certes, elles créent des mécontentements sectoriels qui sont d'autant plus forts quand les catégories concernées ont l'impression d'avoir été ignorées, voire méprisées. Le problème, c'est la qualité de l'écoute politique des électeurs, et c'est la richesse de l'offre politique majoritaire qui est en question.

Le centre doit-il s'émanciper de l'UMP ?

Quand nous avons créé l'UMP, dont je suis l'un des fondateurs, nous avions comme projet de rassembler dans une même formation la droite et le centre. Il est juste de reconnaître que ça n'a pas marché. La France a besoin du centre. La droite est orpheline du centre. L'enjeu de l'après-régionales, c'est la reconstitution de la force politique du centre, qui, avec son originalité et son indépendance, doit apporter sa contribution propre au relèvement du pays.
Avec l'UMP, nous avons des valeurs communes, mais nous avons aussi nos convictions propres, qui sont différentes de celles de la droite. Cette différence doit s'affirmer dans le paysage politique.

Comment rassembler la famille centriste éclatée ?

J'invite, avec Alain Lamassoure et Claude Goasguen, tous les dirigeants de la majorité à venir réfléchir le 30 mars sur la question de la diversité de la majorité. Ce débat concerne bien entendu le fonctionnement interne de la majorité. Mais j'ai vu aussi François Bayrou au lendemain du premier tour pour l'inviter. C'est au MoDem de décider s'il veut participer avec nous à une réflexion commune.

Propos recueillis par Sophie Landrin






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