jeudi 18 mars 2010

Fin de négociation aux forceps à gauche

Il aura fallu 36 heures mais la gauche est parvenue mardi à conclure un accord pour une liste commune au second tour. Mais ce fut long et tendu. Qu'est-ce que cela aurait été s'il avait fallu en plus discuter avec le Modem ?? Surtout que les négociations n’ont porté que sur les places, et le projet à proposer aux Rhône Alpins a été occulté…

Je retiens que la liste d’union présentée par Jean Jack Queyranne est une liste de multiples compromis. Elle est le résultat de nombreuses heures tendues entre le Front de Gauche, Europe Ecologie et le Parti Socialiste. En guise de démonstration de l’ambiance des réunions, Elisa Martin a accusé les socialistes de « ne pas savoir compter ». Elle réclamait l'application de la proportionnelle et donc de 13 places éligibles alors que Jean Jack Queyranne lui en a proposé que 10. En fait, le Front de gauche, qui ne pouvait se maintenir, n'était pas statistiquement indispensable pour gagner, le PS pouvait faire sans eux mais Jean-Jack Queyranne a préféré un accord, d'où une proposition intermédiaire avec 10 places.

Le Front de Gauche, insatisfait a alors boudé les dernières heures de la journée de lundi puis de la nuit qui a suivi. Le lendemain matin, où tout le monde se retrouvait pour officialiser les listes départementales et quelques lignes du projet tout de même, le Front de Gauche ayant été absent toute la nuit a multiplié les suspensions de séance en prenant connaissance du travail de ses camarades ! Ils n’ont jamais été d’accord ! La conférence de presse qui devait annoncer l'accord à 11h a été repoussée à midi, puis à 13h, 14h, 15h, et enfin 16h !!

Les retrouvailles d’entre deux tours promettent donc pour la gestion de la région pour les années suivantes en cas de victoire …

Les négociateurs du Front de gauche ont en plus fait preuve d’amateurisme avec quelques feuilles de papier pour faire des règles de trois face aux autres formations équipées d’ordinateurs portables travaillant sur des fichiers Excel. Amateurisme qui a profondément agacé dans les rangs écologistes… organisés pour une fois !

La fusion des listes aura fait des mécontents au sein du PS également. Les militants du Mouvement Républicain et Citoyen de Jean Pierre Chevènement n'auront plus d'élu. "Un président qui s'engage au premier tour et qui ne tient pas sa parole au second, cela laisse mal augurer de la suite".

Du côté d’Europe Ecologie, çà a coincé au sujet des périmètres des grands pôles transversaux et la méthode de Gouvernance que demandaient les écologistes. La députée européenne Michèle Rivasi s’est d’ailleurs moquée de Jean-Jack Queyranne en lui disant : « Jean-Jack, tu es raide comme un piquet ! Alors que les électeurs nous ont dit qu’il fallait tout revoir dans la façon de faire de la politique, tu repars dans tes vieux schémas ». L’affrontement semble avoir été assez frontal entre eux…

La députée européenne a aussi critiqué le manque de démocratie interne au PS. « Les socialistes appellent cela de la discipline : les seuls à parler ou presque sont Jean Jack Queyranne, Soulage et Fougère . Les femmes du PS ne disent rien, à l’exception par moments de Bernadette Laclais », a souligné Michèle Rivasi. Europe Ecologie avait opté pour un fonctionnement plus collégial : Deux leaders Philippe Meirieu et Michèle Rivasi, entourés de 20 personnes, dont Gérard Leras, Président sortant du groupe Vert, le tout réunis en 4 groupes : programme, fusion, gouvernance et campagne. Jean Jack Quueyranne s’est alors agacé de ne pas avoir toujours affaire aux mêmes : « ça va, ça vient ». Mais Côté Front de gauche, c’était encore pire ! « Tout le monde s’en mêle. C'est le bordel »

Après ces houleuses heures de mises au point, l'accord arrêté mardi devrait permettre aux socialistes d'obtenir 50 à 53 élus, aux écologistes 35 à 37, et au Front de gauche 10.
Pour Jean-Jack Queyranne, les négociations n’auront donc pas été simples. Il a dû faire beaucoup plus de concessions qu’il y a six ans et chacune constituait un sacrifice dans son camp. Certains à qui le candidat socialiste avait promis, en cas de victoire, un siège à la région, sont désormais en place inéligible.

Mais ce n’est peut-être que le début. Les rapports de force sont modifiés à gauche et Europe Écologie ne se contentera pas d’un simple partenariat. Et puis, lors de ces négociations, tous les points chauds n’ont pas été abordés. Le nom des vice-présidents comme les délégations qui reviendront aux uns et aux autres n’ont pas été définies. L’essentiel, mardi, était d’avoir déposé une liste commune en temps et en heure à la Préfecture…Les résultats de la semaine dernière laissent penser que ce sont ces personnes qui gèreront la région pour les quatre ans à venir… C’est réjouissant, la bonne humeur, la bonne entente, la volonté de travailler ensemble, semblent être de mises… Un journaliste a demandé à Elisa Martin s'il s'agit d'un "bon accord". Elle a répondu que c'était "un accord pour faire gagner la gauche mais nous ne signerons pas l’accord de mandature".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire