mardi 16 octobre 2012

Hervé Morin: "Nous avons besoin des patrons, des entreprises et des investisseurs"

Source : Le Point


L'Assemblée nationale entame ce mardi l'examen du budget 2013. A cette occasion, Hervé Morin, président du Nouveau centre, expose ses idées pour relancer "l'appareil productif français".


L'Assemblée entame ce mardi l'examen du projet de loi de finances 2013. Comment comptez-vous prendre part aux débats?
Je vais défendre un certain nombre d'amendements pour tenter d'infléchir le projet de loi de finances présenté par le Gouvernement. Arrêtons de taper sur les entreprises! Que croit la gauche? Que parce qu'on va taxer les riches jusqu'à les faire fuir, il y aura moins de pauvres? Mais ce raisonnement est totalement simpliste. Il faut donner à notre appareil productif les moyens de ses performances. Si l'on voulait adresser comme message aux jeunes sortant d'école de commerce ou d'ingénieur, "allez créer votre entreprise à l'étranger", on ne s'y prendrait pas autrement !  
Quelle partie de ce projet de loi voulez-vous particulièrement amender?
Il est urgent que la France retrouve un niveau d'investissement suffisant. Comment penser un instant qu'un régime d'imposition de 62% sur les dividendes peut inciter à investir dans les entreprises ? Il faut favoriser l'investissement à risque. Or, ce gouvernement fait exactement l'inverse et condamne les business angels. Je propose donc de revenir au prélèvement libératoire de 21% sur les dividendes d'actions. Regardez ce qui se passe à l'étranger: en Israël, par exemple, les investisseurs dans les entreprises peuvent déduire 450 000 dollars. En Grande-Bretagne, 200 000£. Ne soyons pas les seuls à ne pas soutenir nos entrepreneurs.  
Ce n'est pas suffisant. Pour échapper à une lourde taxation lors de la cession de plus-values, il faudra détenir au moins 10% du capital de l'entreprise et il faudra réinvestir cet argent. Avec une telle fiscalité, le gouvernement va décourager tous les investisseurs qui seraient prêts à investir dans nos entreprises. Ce n'est pas le tout de créer des entreprises, il faut aussi leur permettre de se développer. Si les entreprises se développent moins et créent moins d'emploi en France que dans les autres pays européens, c'est parce que nous avons des entreprises sous-capitalisées. Toutes les mesures gouvernementales ont encore accentué ce phénomène. J'appelle le gouvernement à sortir des stéréotypes: nous avons besoin des patrons, des entreprises et des investisseurs. Vous n'irez nulle part sans eux!  
Vous voulez créer de nouvelles possibilités de déduire une partie de ses revenus, mais il faut bien réduire le déficit de l'Etat...
Diriger la France, c'est voir plus loin que le bout de son nez. En favorisant l'investissement, à moyen terme, on augmente les recettes publiques à venir, bien plus que l'effort financier que cela demande aujourd'hui. Il y a deux écoles: celle des pays du nord de l'Europe, qui favorise la production et taxe la consommation ; et celle des pays du sud, qui pense que la croissance passe par la consommation. Je milite pour une véritable politique de l'offre, accompagnée d'un appareil productif performant. 
Vous parlez de "moyen-terme". Mais alors que fait-on de l'objectif de réduire le déficit à moins de 3% du PIB dès l'année prochaine ?
Si nous voulons avoir une chance de reprise économique, peut être faudrait-il savoir s'en détacher à la marge. Si nous sommes à 3,3% l'année prochaine, le monde ne va pas s'arrêter de tourner. Le problème n'est pas la dépense, mais la dépense pour quoi faire. Si c'est un investissement qui permet demain de créer de la richesse demain, alors oui, misons sur l'avenir. 
Avez-vous un espoir de voir l'un de vos amendements adopté?
Aucun. L'idée de mettre en oeuvre une politique de l'offre est étrangère à ce gouvernement. Et je ne peux que le regretter.  
S'agit-il d'ailleurs de vos propres amendements ou de ceux du groupe UDI, dont vous êtes membre et qui est présidé par Jean-Louis Borloo ?
Ils correspondent au message que je souhaite porter au sein de l'UDI et auquel les députés de l'UDI souscrivent : un discours économiquement libéral, de défense de l'entreprenariat, car je sens vraiment que notre économie est en train d'étouffer.  
Ces amendements sont-ils également un moyen de vous affirmer au sein de votre groupe alors que vous ne disposez d'aucune fonction exécutive?
Non. Je ne fais que décliner des idées que j'ai toujours portées. 
Dimanche prochain, le groupe UDI va se transformer en un véritable parti politique. Y occuperez-vous des fonctions?
J'ai envie de participer loyalement et avec détermination à ce parti. Je suis ouvert à tout. 

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