dimanche 22 juillet 2012

François Hollande a commémoré aujourd'hui la rafle du Vel'h'Hiv

Source : Le Point

En commémorant la rafle du Vél'd'Hiv, le chef de l'État reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs de France.

À l'occasion de la commémoration de la rafle du Vél'd'Hiv de juillet 1942, François Hollande a déposé dimanche une gerbe au square de la place des Martyrs juifs du vélodrome d'Hiver.
À l'occasion de la commémoration de la rafle du Vél'd'Hiv de juillet 1942, François Hollande a déposé dimanche une gerbe au square de la place des Martyrs juifs du vélodrome d'Hiver. © AFP

François Hollande a reconnu dimanche la responsabilité historique de la France dans la gigantesque rafle de Juifs du vélodrome d'Hiver commise en juillet 1942 à Paris par la police française au service de l'occupant nazi. Sur ce sujet resté longtemps un tabou de la France d'après-guerre, le chef de l'État a ainsi confirmé la première déclaration en ce sens formulée en 1995 par Jacques Chirac, mais il a surtout brisé l'ambiguïté entretenue sur le sujet par le premier président socialiste de la Ve République, François Mitterrand
"La vérité, c'est que la police française s'est chargée d'arrêter des milliers d'enfants et de familles. (...) La gendarmerie les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que le crime fut commis en France par la France", a-t-il dit lors d'un discours de commémoration à Paris. "La vérité, c'est que le crime du Vél'd'Hiv fut aussi commis contre la France, contre son honneur, contre ses valeurs, contre son idéal", a-t-il ajouté. Il a rappelé que des milliers de personnes ciblées ce jour-là avaient pu survivre en étant prévenues par des Français qui s'opposaient à cette politique.

Hommage à Chirac

Le chef de l'État a aussi salué la "lucidité" et le "courage" deJacques Chirac. "La reconnaissance de cette faute a été énoncée pour la première fois, avec lucidité et courage, par le président Jacques Chirac, le 16 juillet 1995", souligne François Hollande dans cette introduction. Ce dernier - que Hollande a rencontré samedi en Corrèze - fut le premier président à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs de France.
Lors d'une rafle à Paris et en banlieue menée par la police française et soigneusement préparée, 13 152 Juifs étrangers réfugiés en France, dont plus de 4 000 enfants, avaient été arrêtés, internés dans le vélodrome d'Hiver, dans le 15e arrondissement. Le bâtiment ne fut rasé qu'en 1959. Conduits dans les camps français de Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, où les enfants furent séparés des parents, tous furent ensuite acheminés vers les camps d'extermination nazis, dont Auschwitz. Les survivants furent à peine quelques centaines. Ce fut l'acte le plus grave de la politique de collaboration avec l'occupant nazi décidée par le gouvernement de Vichy et son chef, le maréchal Pétain. Il y eut au total 76 000 Juifs déportés de France sous l'Occupation, un quart de la communauté. Il y eut 2 500 survivants.

Hollande se démarque de Mitterrand

François Hollande se démarque ainsi de son ancien mentor, l'ex-président François Mitterrand, qui considérait que la France ne pouvait être mise en cause dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, puisque, selon lui, il n'y avait eu, durant l'occupation allemande, qu'une seule France légitime, celle de la France libre. Le premier président socialiste de la Ve République avait occupé un poste subalterne dans l'administration de Vichy avant d'être résistant, et fut surtout toute sa vie l'ami personnel de René Bousquet, chef de la police de Vichy et organisateur de la rafle du Vél'd'Hiv, tué par un déséquilibré en 1993. François Mitterrand créa cependant une journée de commémoration nationale de la rafle en 1993. 
Jacques Chirac fut ensuite le premier en 1995 à briser le tabou en admettant la responsabilité du pays. "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français. (...) La France, patrie des Lumières et des droits de l'homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable."

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