jeudi 28 juin 2012


Claude Bartolone, le pivot du quinquennat

photo AFP
Il n’était pas prévu à cette place dans le casting de François Hollande et c’est pourtant sur ses épaules que repose une bonne partie du sort du quinquennat.
Elu mardi 26 juin président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone est l’illustration parfaite de ces  hasards  pas vraiment hasardeux qui font aussi la vie politique.
A 60 ans, ce méditerranéen affable se voyait ministre. Il est devenu mieux que cela, le quatrième personnage de l’Etat,  le pivot du quinquennat.
Il n’est pourtant pas la femme que l’exécutif recherchait pour contrebalancer le caractère très masculin de la nouvelle assemblée ( 73% d’hommes) .
Il ne fait pas non plus partie des fidèles de François Hollande puisqu’il a longtemps été le lieutenant de Laurent Fabius avant de se mettre dans la roue de Martine Aubry puis de rejoindre l’ancien député de Corrèze.
Claude Bartolone appartient en revanche pleinement à la confrérie des députés : il a trente ans de maison, a été facilement réélu député de la Seine- Saint- Denis, est bien vu de tout le monde ou presque.
C’est cela qui lui vaut d’avoir été élu par ses pairs par 298 voix contre 185 à son adversaire UMP Bernard Accoyer : une certaine autonomie de parcours et de bonnes relations personnelles avec la majorité comme avec l'opposition.
En retour, on lui demande beaucoup, à preuve cette fronde des écologistes qui ont voté blanc parce qu'ils n'avaient pas obtenu la présidence de commission qu'ils convoitaient.
Claude Bartolone est l’homme qui va devoir faire vivre toutes les composantes de la majorité en bonne intelligence .
Celui qui va devoir expliquer aux socialistes et à leurs proches alliés que la majorité absolue dont ils disposent ne les autorisent pas à écraser les autres.
Celui qui va devoir rassurer et protéger l’opposition.
Celui qui va devoir démontrer que le quinquennat ne rime pas automatiquement avec l’hyper présidence.
Celui qui va devoir faire vivre les acquis de la révision constitutionnelle de juillet 2008 censée renforcer les pouvoirs du parlement et les droits de l’opposition.
Dans cette période difficile, où le pouvoir politique n’a pas grand-chose à promettre, une partie importante se joue au parlement .
L’Assemblée nationale, issue des scrutins des 10 et 17 juin, a été d’une certaine façon mal élue avec un taux d’abstention record, supérieur à 40%
Il est vital que les députés qui y siègent montrent qu’ils servent à quelque chose, impératif que les minorités qui sont parvenues à y être représentées s’y sentent respectées.
Faute de quoi le fossé démocratique risque de s’élargir et le populisme grimper encore.
Claude Bartolone a été élu sur ses qualités personnelles autant que sur son étiquette socialiste.
Jean-Louis Debré, l’un de ces prédécesseurs qui n’a laissé que des bons souvenirs à l’Assemblée nationale, lui a délivré ce matin ce conseil sur RFI : «ne pas être un homme de parti,  être libre et fier,  faire en sorte que la volonté générale s’exprime ».
Bref,  oublier l'étiquette socialiste pour endosser pleinement  l'habit de président.

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