mardi 17 avril 2012

Contrairement à ce que l'on nous dit, la crise financière est toujours là !

Grâce à la Banque Centrale Européenne, depuis début 2012, nous n'entendions plus parler de problèmes financiers pour les Etats européens.
Nombre de candidats à l'élection présidentielle avait donc mis en suspens, le temps de la campagne et des promesses, la situation critique de nos finances et les contraintes financières importantes avec lesquelles l'Etat français doit fonctionner.
L'annonce des difficultés que rencontre l'Espagne depuis quelques jours met chacun fasse à ses responsabilités et donne ainsi raison aux candidats comme François Bayrou, qui prône, depuis le début, un dialogue de vérité sur la rigueur et l'absence totale de dépenses nouvelles lors du prochain quinquennat.

Source : Le Point






Zone euro : le retour de la crise financière
Après quelques mois d'accalmie, l'Espagne suscite l'inquiétude des investisseurs. La France n'est pas à l'abri.

C'est devenu un véritable argument de campagne pour Nicolas Sarkozy. En cas d'élection de François Hollande, la France pourrait être attaquée par les marchés. "J'entends que, chez certains, on se sent inspiré par l'esprit de 1981. C'est leur droit. En 1981, il a fallu deux ans pour que tout s'arrête et tout se retourne. En 2012, il faudrait deux jours, c'est ça, la vérité", martèle maintenant le président-candidat au cours de ses interventions. Non sans contradictions, il se vante d'avoir contribué à régler la crise financière tout en utilisant le regain de tension sur la dette espagnole pour disqualifier par avance la politique proposée par François Hollande...

Où est la vérité ? Après l'octroi par la Banque centrale européenne (BCE) de quelque 1 000 milliards (à la fin décembre, puis en février) à 1 % sur trois ans aux banques, la crise financière avait disparu des gros titres de la presse. Conjuguées au succès de l'annulation de la moitié de la dette grecque détenue par les investisseurs privés, les deux opérations lancées par Mario Draghi avaient réussi à apaiser les tensions sur le marché de la dette souveraine de la fin 2011. Les candidats à la présidentielle française s'étaient d'ailleurs immédiatement remis à faire marcher la machine à promesses.


L'Espagne dans l'oeil du cyclone

La réalité est en train de les rattraper. La BCE n'a rien fait d'autre que d'"administrer une dose massive d'analgésiques" sans résoudre les problèmes structurels, avait prévenu Jean Pisani-Ferry, directeur du think tank Bruegel, dans une interview au Point.fr début mars. Depuis quelques semaines, les effets des analgésiques s'estompent.


Cette fois, c'est l'Espagne qui inquiète le plus les investisseurs. Le nouveau gouvernement de droite de Mariano Rajoy a eu beau annoncer un nouveau plan de rigueur pour tenir ses objectifs de réduction des déficits, les investisseurs doutent de nouveau de la capacité du pays à inverser la tendance de l'aggravation très rapide de sa dette.


"L'Espagne est sous observation étroite des marchés. En ce moment, c'est le pays qui doit affronter le plus important ajustement budgétaire, encore plus considérable que celui garanti en Italie par le plan d'austérité (adopté) au début du mandat du gouvernement Monti", constate Pier Carlo Padoan, le chef économiste de l'OCDE. Selon les prévisions de Natixis, Madrid ne devrait pas pouvoir réduire le déficit à moins de 6,3 %, contre 5,3 % attendu. L'annonce précipitée d'un effort supplémentaire d'économies de 10 milliards d'euros dans l'Éducation et la Santé, lundi, "n'a rien fait pour rassurer les marchés", juge Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis. Le lendemain, les taux à 10 ans de la dette espagnole ont frôlé les 6 %, un niveau susceptible d'alourdir considérablement le coût de la dette s'il devait se maintenir à un tel niveau.

Doutes sur le Portugal et l'Irlande

L'Italie n'est pas non plus tirée d'affaire. Les réformes structurelles portées par Mario Monti, comme celle du marché du travail, rencontrent une opposition croissante et pourraient se révéler moins ambitieuses que prévu. Les taux demandés par les investisseurs pour financer de la dette à trois ans ont fortement augmenté jeudi par rapport aux émissions du même type au mois de mars. La récession, entretenue par des plans de rigueur drastiques, empêche ces deux poids lourds de l'économie de la zone euro de sortir de l'ornière.

Pour ne rien arranger, le Portugal et l'Irlande, sous perfusion, pourraient ne pas pouvoir revenir sur les marchés à temps et solliciter un nouveau plan d'aide du FMI et des Européens, ce qui réduirait d'autant la capacité du nouveau pare-feu de la zone euro à venir au secours de l'Espagne, voire de l'Italie.


Dans ce contexte, les Bourses européennes se sont montrées très instables. Mardi, le CAC 40 a décroché de plus de 3 %. Depuis un mois, la chute dépasse 7 %, comme sur les Bourses de Madrid et Milan, qui ont reculé respectivement de plus de 8 % et 11 %.


La France peut-elle être atteinte par le mouvement de défiance ? L'écart entre le taux demandé à l'Allemagne pour financer sa dette s'est déjà légèrement écarté du taux réclamé à la France, soulignent les observateurs. Mais c'est surtout la dette allemande qui, pour l'instant, profite de sa réputation de valeur refuge.


L'élection, un facteur de risque

Il n'en est pas moins vrai que "l'élection est un facteur de risque pour les marchés, estime toutefois Cyril Regnat, on ne peut pas exclure une remontée des taux". La hausse devrait toutefois rester relativement modérée, selon ce spécialiste, qui anticipe une remontée du taux à 10 ans à environ 3,30 %, soit une hausse de 30 à 40 points de base. L'agence France-Trésor a d'ailleurs pris un peu d'avance dans son programme d'émission (l'équivalent de 800 millions d'euros par jour ouvré) afin de laisser de la marge au nouveau locataire de l'Élysée. La France peut aussi compter "sur le chemin parcouru par la zone euro depuis la fin de l'année 2011 avec l'adoption du pacte budgétaire, l'entrée en vigueur du nouveau pare-feu européen de 800 milliards d'euros à partir de juin 2012 et le volontarisme de la BCE".

Mercredi, le Français Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a contribué à ramener le calme sur les marchés en ouvrant la porte à d'éventuels nouveaux rachats de titres de dette espagnole au cas où la situation devait encore se dégrader. Cyril Regnat ne croit pas à ce scénario noir, notamment parce que le Trésor espagnol est en avance sur son programme d'émission de dette de 86 milliards d'euros programmé en 2012. Il a déjà bouclé près de la moitié de son programme et devrait avoir accompli les trois quarts d'ici au milieu de l'année.


http://www.lepoint.fr/economie/zone-euro-le-retour-de-la-crise-financiere-12-04-2012-1451041_28.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20120414

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire