samedi 14 janvier 2012

La note de la France dégradée par Standard and Poor's

Voilà, c'est arrivé ! Ce n'est pas les gesticulations de ces dernières semaines, ni les deux plans de rigueur à rustines qui allaient changer la nature des évènements. les banques et la bourse savaient et avaient d'ailleurs anticipé ce déclassement...


Le problème ne date pas d'aujourd'hui... J'ai souvenir de la campagne présidentielle de François Bayrou en 2007 qui avait annoncé l'éventuelle catastrophe qui nous arrive aujourd'hui si nous rétablissions pas rapidement l'équilibre des budgets et la réduction de la dette de l'Etat.


Depuis, la dette a poursuivi son envolée (Chiffres de l'INSEE)

- 2007 : 1211,6 milliards d'euros soit 62,2% du PIB,

- 2008 : 1318,6 milliards d'euros soit 68,2% du PIB,

- 2009 : 1492,7 milliards d'euros soit 79% du PIB,

- 2010 : 1591,2 milliards d'euros soit 82,3% du PIB,

- Fin 2011 : 1700 milliards d'euros



Source : Le Monde


Perte du triple A : Nicolas Sarkozy sanctionné, la gauche avertie


La dégradation, vendredi 13 janvier, de la note de la France par Standard & Poor's est à la fois un non-événement financier et un véritable électrochoc politique. C'est un non-événement car, pour les grands investisseurs, les véritables destinataires de ces notations, la France ne faisait déjà plus partie, parmi les grands Etats souverains européens, des pays les plus fiables. Le prix que Paris paie pour emprunter sur les marchés internationaux est plus cher, depuis de longs mois, que celui acquitté par Berlin, par exemple.


La perte des trois A, déjà intégrée par les marchés, n'est pas en soi une catastrophe économique. D'abord, des trois agences mondiales de notation, il n'y en a qu'une, pour l'instant, qui ait décidé de reléguer la France en seconde division. Ensuite, la perte de la meilleure note ne conduit pas nécessairement et immédiatement à l'apocalypse. Les Etats-Unis ont perdu leurs trois A en août - ils continuent à emprunter à très bon marché. La première puissance économique mondiale bénéficie, il est vrai, avec le dollar, d'avantages que la France n'a pas.

La décision de Standard & Poor's aura cependant des conséquences sur le coût du financement en France - l'Etat, ses bras armés ainsi que les collectivités locales paieront plus cher leurs emprunts. Le pilotage macroéconomique du pays s'en trouvera plus difficile. La France avait 20 sur 20 ; elle n'a plus que 19 sur 20. Elle reste, malgré tout et comme le dit le gouvernement, une valeur sûre.


Cette décision, attendue donc, est néanmoins un véritable électrochoc politique. Elle sanctionne sans état d'âme la politique économique française de ces dernières années, celle notamment du chef de l'Etat, qui avait fait de la préservation des trois A la fin première de sa stratégie. Nicolas Sarkozy n'aura pris que trop tardivement conscience de la nécessité de réduire les déficits et de lutter contre l'endettement.


Mais le plus grave est ailleurs : dans la division de l'Europe que les décisions de Standard & Poor's révèlent. Il y a clairement aujourd'hui au sein de la zone euro deux Europes. D'une part, l'Europe du Nord, ces pays rigoureux dans leurs comptes publics et disposant d'un réel potentiel de croissance. L'Allemagne, qui n'a pas été dégradée, en est le noyau central. D'autre part, une Europe du Sud, dont les Etats sont en grande difficulté financière et qui affichent des perspectives de croissance très modestes. Dégradée en même temps que l'Espagne et l'Italie, la France fait désormais partie de cette seconde Europe.


Paris va s'en trouver affaibli dans les négociations à venir avec Berlin. Les agences de notation n'avaient guère apprécié l'agressivité de Nicolas Sarkozy à leur égard pendant la crise des subprimes. Elles prennent peut-être un peu leur revanche aujourd'hui. La gauche n'a guère de raisons de s'en réjouir. Les temps seront difficiles, très difficiles, pour ceux, quels qu'ils soient, qui l'emporteront le 6 mai. L'euro risque d'être, de tout cela, la principale victime.

Erik Izraelewicz



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