jeudi 21 avril 2011

Les jeunes centristes rejouent «Génial, mes parents divorcent»




Alors que les multiples leaders centristes semblent incapables de s’unir au sein d’une seule et même formation, leurs homologues juniors s’apprêtent à se réunir mercredi 20 avril pour lancer leur premier débat commun et réfléchir au « destin politique » de la famille centriste. Le rassemblement du centre pourrait-il se concrétiser grâce aux jeunes ?

Hervé Morin refuse tout dialogue avec François Bayrou, certains, au Nouveau centre, le désapprouvent. Pendant ce temps, les Jeunes centristes organisent un débat commun avec les jeunes démocrates et les Jeunes radicaux sur le thème « Famille politique à la recherche de son destin ».


Jean-Louis Borloo quitte l’UMP, les membres du Parti radical valoisien tergiversent. Pendant ce temps, les jeunes radicaux se réunissent, votent à l’unanimité et un mois avant leurs aînés la rupture avec la majorité présidentielle.


François Bayrou affirme vouloir se tenir « le plus loin possible de ce panier de crabes » . Pendant ce temps, les Jeunes démocrates échangent, discutent avec leurs homologues centristes.


Les juniors du centre réussiraient-ils mieux que les seniors à unir leurs forces ?


Un débat commun qui réunirait autour de la table François Bayrou, Hervé Morin et Jean-Louis Borloo ? L’idée a tout du scénario de politique-fiction. Lassés du manque, voire de l’absence, de dialogue et de concertation de leurs aînés, Daniel Leca, président des Jeunes radicaux, Jérémy Coste, chef de file des Jeunes centristes, et François-Xavier Pénicaud, responsable des Jeunes démocrates ont décidé de se réunir pour échanger et « faire émerger une nouvelle génération de centristes », selon les mots de Coste. « Il faut que notre famille politique se rassemble pour pouvoir peser et être un jour majoritaire. » Et tant pis si leurs parents politiques ont choisi de faire éclater la cellule familiale UDF quelques années plus tôt ; eux, prétendent vouloir recoller les morceaux.


Vierges de tout contentieux, les trois leaders des mouvements jeunes acceptent volontiers de se parler et affirment mettre un point d’honneur à « garder le contact ». « On écrit sur une page griffonnée par nos aînés, reconnaît Daniel Leca. Mais nous les jeunes, on discute, on accentue le débat. » Un avis partagé par son homologue du Nouveau centre : « Entre nous, il n’y a pas de problématique d’ego et de mandat. Si nos aînés refusent de se parler c’est parce qu’ils ne sont pas d’accord sur la stratégie à suivre pour 2012, mais il ne s’agit pas de désaccords idéologiques. Nous, on veut mettre en lien toutes les familles du centre. »


Première étape en 2008. Les présidents de l’époque officialisent leur dialogue en participant ensemble à un débat sur l’Europe réunissant les jeunes militants des trois formations. « En l’absence total des aînés », précise-t-on côté jeunes. Comprendre : les centristes juniors oeuvrent au rassemblement pendant que les seniors se tirent dans les pattes. Réalité ou posture ?


Comme pour crédibiliser leur volonté d’unité, Leca, Coste et Pénicaud ont décidé de lancer les « débats de la confluence ». Le premier a lieu ce mercredi 20 avril, sous le parrainage de Jean-Louis Bourlanges, ancien député européen et vice-président de l’UDF.


Le thème ? Une question d’actualité (centriste) : « Famille politique à la recherche de son destin ». De quoi animer la soirée. Et pour le responsable des Jeunes centristes, le centre n’a qu’un seul destin : « Se rassembler pour peser et être, un jour, majoritaire. On a réussi à transformer l’essai en 1974 avec l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, il faut réitérer. » « C’est l’occasion pour nos militants de se rencontrer, souligne de son côté le chef des Jeunes radicaux. On ne va pas rester cloisonner alors qu’on se rejoint sur le fond, ça n’a pas de sens. »


A les entendre donc, il semblerait que les jeunes du centre soient en passe de réussir l’impensable : rassembler leurs parents désunis. Mais à peine érigée, la façade si lisse de la maison centriste version junior se craquelle déjà. « Pour les démocrates, il est difficile de travailler avec les radicaux valoisiens », admet Jérémy Coste. Et vice versa. A tel point que les Jeunes radicaux et les Jeunes centristes s’apprêtent à lancer, début juin, leur propre confédération des centres, à l’instar de leurs aînés. Les jeunes de l’Alliance centriste et de la Gauche moderne devraient également y participer. Et les Jeunes démocrates ? « Ils veulent soutenir François Bayrou et on les respecte, assure Coste. Mais je dois reconnaître que je suis déçu qu’ils ne prennent pas part à ce mouvement. » Chef de fil des jeunes du Modem, François-Xavier Pénicaud, quant à lui, dit « regretter qu’ils aient voulu montrer leur zèle à Morin et Borloo en les imitant ».


Les conflits des grands rejaillissent inévitablement sur les petits. « Si ils envoient le message fort qu’ils ne soutiendront pas le candidat de l’UMP au second tour, nous pourrions nous réunir, mais vous savez bien qu’ils ne sont pas prêts à le faire », ajoute le président de Jeunes démocrates. Malgré sa bonne volonté affichée, la jeunesse centriste bute sur les mêmes difficultés et les mêmes désaccords que ses aînés. Du président des Jeunes radicaux, en passant par celui des Jeunes centristes ou des Jeunes démocrates, chacun refuse de prendre le risque de se désolidariser de son leader. Une place de choix dans un parti ne s'obtient pas en désavouant l'action de son chef...


Seul espoir : l'après 2012. « Le vrai enjeu est l’après présidentielle, il faudra rebattre un certain nombre de cartes », assure Daniel Leca. La reconfiguration du centre pourrait-elle s'accompagner de la création d'un seul mouvement de jeunes centristes ? « Après 2012, mon souhait est qu’on arrive à travailler avec les jeunes démocrates, affirme Coste. Il s’agira de reconstruire, d’exister, mon souhait le plus profond est qu’on arrive à rassembler toute cette famille. » Et justement : « Mercredi, on pose les premières fondations pour l'après 2012 », jubile le patron du Nouveau centre jeunesse. Un enthousiasme aussitôt relativisé par son collègue du Modem : « On organise un débat ce soir, je ne sais pas s'il y en aura d'autre. »


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