dimanche 20 mars 2011

Le plan français en cas d'accident nucléaire

Source : Le Figaro


INFOGRAPHIE - Depuis cinq ans, l'autorité de sûreté planifie des mesures de gestion post-accidentelle en collaboration étroite avec les administrations, les élus et les ONG proches des centrales. La période la plus dramatique d'un accident nucléaire est évidemment le moment où il se produit avec toutes ses menaces et ses inconnues, comme c'est le cas aujourd'hui à la centrale de Fukujima. Les salariés de Tepco - la firme est responsable de ses installations - font le maximum pour limiter l'ampleur de la catastrophe. Les autorités locales et nationales, elles, ont la charge de protéger les populations. En situation d'urgence, trois mesures préventives sont appliquées: l'évacuation ou le confinement et la distribution de comprimés d'iode. Cette phase d'alerte cruciale, mais limitée dans le temps, ne constitue qu'une petite partie de l'iceberg. Dès que l'accident est maîtrisé, les autorités doivent rapidement passer à la phase post-accidentelle. La question majeure étant de savoir dans quelles conditions le retour des populations évacuées est possible. Depuis cinq ans, 150 personnes travaillent sous la conduite de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour définir une doctrine sur ce point. C'est un tournant car la gestion des conséquences d'un accident nucléaire s'est trouvée longtemps occultée, aussi bien par ceux qui nient la possibilité de tout accident nucléaire que par ceux qui prétendent qu'il se traduirait par une apocalypse. Pour le Codirpa, il est important d'exposer les conséquences d'un accident et toutes les mesures qu'elles imposent dans la durée à tous les acteurs qui auraient à intervenir sur place à ce moment-là (pompiers, élus locaux, préfets, services administratifs, enseignants, ONG). Tchernobyl a servi d'exemple «Pour se préparer le moins mal possible aux conséquences d'un accident, même s'il est improbable, il faut impliquer un maximum d'acteurs. Il faut une culture du risque industriel», assure Jean-Luc Godet, de l'ASN, qui préside le comité de pilotage du Codirpa *. «Il faut être humble. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous n'avons pas de réponses», reconnaît de son côté André Oudiz, un ingénieur associé dès l'origine aux travaux sur le post-accident. Nombre de mesures s'inspirent de ce qui se pratique depuis vingt ans dans les zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl. La synthèse des échanges menés par le Codirpa est consignée dans un guide disponible sur le site de l'Autorité de sûreté. Un scénario d'accident nucléaire d'ampleur moyenne et entraînant des rejets radioactifs de courte durée (moins de 24 heures) a été retenu pour la circonstance. Un accident qui serait intervenu au cours d'une période de temps sec, sans précipitations qui augmenteraient les dépôts de particules radioactives. Le scénario d'un accident grave sera traité plus tard. Dans le cas de figure proposé par le Codirpa, une zone se trouvant sous le vent est contaminée par le panache radioactif. À l'intérieur de ce secteur, l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) effectue des mesures «non exhaustives» et fait tourner des modèles «permettant de calculer les doses susceptibles d'être reçues par la population au cours du mois à venir». Nombre de ces modèles - contestés par certains experts - ont été élaborés à partir des conséquences sanitaires d'Hiroshima et des essais nucléaires dans les îles Marshall. À partir de là, trois zones sont définies. La zone d'éloignement la plus proche du site est accessible aux seuls intervenants possédant une autorisation. Les habitants qui veulent y rester, le peuvent «à moins que les doses radioactives sur leur lieu de résidence soient telles qu'elles interdisent tout séjour prolongé dans la zone», note le guide. La zone dite de protection des populations est celle où le plus d'actions sont conduites dans le but de réduire les doses des habitants. Très rapidement, par exemple, les pompiers doivent asperger les toitures et les façades avec des lances à incendie ou des Karcher afin de décrocher les particules radioactives qui s'y sont fixées. Sinon, après cinq jours, celles-ci y adhèrent et peuvent irradier l'intérieur des maisons à des niveaux très faibles. Les balayeuses de rue doivent aspirer les particules au sol afin qu'elles ne soient pas remises en suspension lors du passage des voitures. Pour la même raison, dans les premiers jours, les personnes doivent retirer leurs chaussures avant d'entrer dans les habitations. Contamination des végétaux Les balades en forêt et parcs publics seraient aussi proscrites dans cette zone, car les feuilles d'arbres captent des particules qui peuvent être remises en suspension par les vents et tomber au sol à l'automne. Les champignons ainsi que le gibier seraient interdits à la consommation. Si des vignobles se trouvaient dans cette zone, il faudrait arrêter de commercialiser du vin. Les produits agricoles locaux, les légumes feuilles en premier lieu et légumes racines plus tard ne devraient plus être consommés et seraient traités comme des déchets, la contamination se faisant par l'ingestion. Les animaux pourrait être euthanasiés. Les mesures seraient modulées en fonction de l'évolution de la contamination de l'environnement et de la population. Dans la troisième zone dite de surveillance renforcée, les contrôles sont moins sévères et ce sont plutôt des mesures de restriction qui seraient mises en place. (*) Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d'un accident nucléaire.



http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/03/15/01016-20110315ARTFIG00696-nucleaire-le-plan-francais-en-cas-d-accident.php

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