mercredi 2 février 2011

Plus de 10 millions de mal-logés en France

Un sujet inquiétant qui a explosé ces dernières années notamment depuis la crise. Il faut voir comment encadrer le coût des loyers, le prix du foncier, les constructions de logements sociaux...

Source : Le Figaro


Dans son 16e rapport, la Fondation Abbé Pierre insiste sur la classe moyenne, cette nouvelle catégorie de personnes fragilisées par la crise.

Une fois de plus, la Fondation Abbé Pierre tire la sonnette d'alarme. Dans la 16e édition de son rapport sur le mal logement, rendue publique ce mardi, elle chiffre à 8,2 millions le nombre de Français en situation de mal logement ou de fragilité et de précarité. Dans le détail, il s'agit de 3,6 millions de personnes non ou très mal logées et plus de 5 millions en situation de réelle fragilité à court et moyen terme. L'an dernier, elle avait chiffré à 6,6 millions le nombre de personnes en fragilité.


Mais cette année, la Fondation Abbé Pierre va plus loin : elle estime que 1,2 million de personnes sont en demande d'un logement social, tandis que 3,4 millions sont en situation de précarité énergétique et que 1,3 million de locataires ont rencontré des difficultés pour s'acquitter de leur loyer. Ce sont au moins 10 millions de personnes qui subissent aujourd'hui, selon elle, les conséquences de la crise du logement.


Car la crise économique, souligne la Fondation Abbé Pierre, a incontestablement renforcé la sensibilité du logement à la pauvreté et à la précarité. Mais surtout, elle a élargi le champ de ceux qui se retrouvent confrontés à des problèmes de logement. Parmi les plus vulnérables, dont la crise a accentué les difficultés, se trouvent les jeunes, mais aussi les femmes seules avec enfants. Dans ces conditions, explique la Fondation, «l'aide d'urgence et les dispositifs d'accompagnement ont été débordés». Et tous les acteurs du secteur «témoignent des difficultés des plus modestes d'accéder au logement et de s'y maintenir». Mais surtout, la crise a aussi fait basculer dans la précarité des ménages jusqu'à présent épargnés. C'est ainsi que les couches moyennes sont désormais parfois frappées de plein fouet par des difficultés de logement. Non seulement parce que leur travail est devenu de plus en plus précaire. Mais aussi parce que «l'évolution des revenus et du coût du logement crée une nouvelle zone de fragilité et provoque un élargissement des publics confrontés au problème de logement». Et de poursuivre que la situation ne devrait pas s'améliorer, compte tenu de l'évolution du prix de l'immobilier, dont la hausse se poursuit, tandis que celle des revenus ne suit pas cette tendance. Tout en soulignant «une incapacité croissante de la politique du logement à limiter cette extension et à réduire ces difficultés».


La «zone grise» du logement


Dans un contexte de crise, les plus vulnérables n'ont souvent comme solution que de recourir à ce qu'on appelle la «zone grise» du logement (hébergement chez des tiers, squats, abris de fortune…). Ils sont 685.116 à être privés de domicile personnel : 133.000 SDF, auxquels il convient d'ajouter 85.000 personnes vivant dans des habitations de fortune et 411.000 en hébergement contraint chez des tiers. Le recensement a également permis d'établir que 38.000 personnes vivaient à l'année dans des chambres d'hôtel.


Une autre partie de la population, si elle occupe un logement, souffre de conditions très difficiles : il s'agit principalement de personnes en privation de confort - 2,1 millions de personnes - ou de personnes dans des logements considérés comme surpeuplés de manière accentuée - 800.000 personnes. On considère comme privés de confort, par analogie avec les critères retenus pour la loi Dalo, des logements situés dans des endroits insalubres, menaçant de tomber en ruine ou ayant deux défauts au moins parmi les suivants : installation de chauffage insuffisante ou mauvaise isolation, infiltrations d'eau, installation électrique non conforme, absence d'installations sanitaires ou de coin cuisine.


Les problématiques du mal logement ne doivent pas oublier le nombre croissant de personnes vivant à la limite de la précarité. Il s'agit notamment de locataires en impayés de loyers - 1,2 million de personnes -, de propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté - avec un défaut d'entretien ou des impayés importants -, soit 729.636. Enfin, 3,2 millions de personnes vivent dans des conditions de surpeuplement au sens large - soit moins d'une pièce par rapport à la norme qui prévoit au minimum une pièce pour le ménage, une pièce par couple et par célibataire de plus de 19 ans, une pièce pour deux enfants s'ils ont le même âge ou moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant.






Les Français ont dépensé 9800 euros pour se loger


Les dépenses courantes liées au logement ont progressé de 4,2% en 2010, soit trois fois plus que l'inflation. L'augmentation des produits pétroliers et une météo peu clémente ont alimenté la hausse.

Le pouvoir d'achat des français a été fortement amputé l'an passé par l'envolée des coûts du logement. En 2010, les Français ont consacré 297,7 milliards d'euros à leur logement. Chaque ménage a ainsi dépensé 9.800 euros pour se loger, contre 9500 euros en 2009. Le budget consacré à l'habitat a ainsi progressé de 4,2% l'an dernier, près de trois fois plus que l'inflation (+1,5%), et contre une hausse de 1,8% en 2009, selon les comptes nationaux du logement publiés mercredi par le ministère de l'Écologie.


Le coût de l'énergie et les charges expliquent cette progression. Selon les chiffres du ministère, les dépenses d'énergie ont progressé de 12,1% en 2010, conséquence de la hausse des prix du fioul et du gaz où la hausse a été comprise entre 22% et 36% au cours des 5 dernières années. Par ailleurs, le volume de la consommation s'est également accru en raison d'une météo moins clémente qu'en 2009.


Les charges, qui représentent un dixième du total, ont enregistré également une accélération en 2010 : elles ont augmenté de 2,2% en 2010 après une hausse de 1,3% en 2009).


Logement : premier poste des dépenses des français


À l'inverse, l'augmentation des loyers, qui représentent les trois quarts des dépenses courantes, a ralenti en 2010 pour la cinquième année consécutive. Elle a augmenté de 2,7% contre une hausse de 3,1% en 2009. Le secteur privé enregistre une hausse de 1,3%, en deçà de celle du secteur social de 2,0%, et ce pour la troisième année de suite.


Le logement reste le premier poste des dépenses des Français. En 2009, ils ont consacré 21,7% de leur revenu disponible brut aux dépenses courantes de logement, soit deux fois plus que pour l'alimentation ou les transports qui occupent tous deux près de 11,5% des dépenses.


Le secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu a reconnu mercredi que la situation du logement en France était «grave», au lendemain de la publication du rapport de la fondation Abbé Pierre. Selon l'association, 10 millions de français sont victimes de la crise du logement.


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