jeudi 9 décembre 2010

«Les centristes n’ont pas vocation à cirer le banc de touche de la prochaine présidentielle»


Interview du président du Nouveau centre, Hervé Morin, qui prône la candidature d'un centriste, indépendant de l'UMP en 2012, «que ce soit jean-Louis Borloo ou [lui]».


Comment aujourd'hui la famille centriste peut-elle se rassembler?

Pour se rassembler, il faut déjà se rejoindre, la porte est grande ouverte mais visiblement certains ont du mal à retrouver le chemin. C’est pourquoi ce rassemblement passe d’abord par l’affirmation de nos valeurs, nos alliances et notre indépendance. Nos valeurs n’ont peut être jamais été aussi actuelles et mobilisatrices: la construction d’une Europe politique forte, la liberté d'entreprendre, l’émergence de nouvelles solidarités reposant sur les corps intermédiaires, et la tempérance fiscale.

Il faut être clair, ces valeurs nous rapprochent davantage de l’UMP que du PS et donc militent pour un accord de coalition avec la droite à l'issue du premier tour. L'idée est de peser sur la vie politique et de faire en sorte qu'il ne puisse y avoir de majorité sans nous. Nous avons besoin de construire une démocratie plus équilibrée qui oblige l'exécutif à discuter et à dialoguer en quête de la meilleure solution. Nous n'aurions pas traîné ce «sparadrap» du bouclier fiscal si le Nouveau Centre avait été un peu mieux entendu.

Mais ce rassemblement des centristes ne peut aussi se faire qu'avec des partis indépendants de l'UMP et par la constitution au même moment de groupes parlementaires communs à l'Assemblée nationale comme au Sénat. Celles et ceux qui participeront à ce rassemblement doivent afficher une conviction inébranlable, à savoir que les solutions proposées par les centristes aux difficultés de la société française doivent être portées par un candidat à l'élection présidentielle. Les Français attachés aux valeurs de la famille centriste doivent pouvoir se faire entendre dès le premier tour de l'élection présidentielle. Les centristes n’ont pas vocation à cirer le banc de touche de la prochaine compétition présidentielle.

Avec les conditions que vous fixez, est-ce possible de construire ce rassemblement avec les radicaux de Jean-Louis Borloo affiliés à l'UMP?

Il est évident que lorsque j'entends un certain nombre de centristes de l'UMP, expliquer que le seul candidat à l'élection présidentielle dés le premier tour de 2012, c'est Nicolas Sarkozy, cela me semble difficilement compatible avec la volonté de construire une force politique nouvelle.

Un candidat centriste doit donc être présent dans la course à l'Elysée en 2012?

En 2012, comme à chaque élection depuis 1965. Pour moi, il n'existe aucune alternative à cette volonté qui n’est que le reflet de la résonnance de notre famille et de nos valeurs dans la société. Une candidature centriste, c’est pour moi un élément déterminant du rassemblement du centre. La question des hommes n'est ni un préalable, ni même une priorité. Il s'agit avant tout de rassembler nos électeurs pour que cet électorat modéré se reconnaisse et trouve une espérance dans l'un d'entre nous, que ce soit Jean-Louis Borloo ou moi. Cela va beaucoup plus loin que le simple mécano partisan.

Des primaires pourraient-elles être organisées pour choisir le candidat centriste?

D'abord nous verrons bien qui sera sur la ligne de départ. Mais je ne l'exclus pas. Je suis ouvert à toutes les solutions pour peu qu’elles additionnent des volontés et non des velléités. De mon côté, ma détermination est sans faille. J'ai les bras grands ouverts pour un rassemblement mais je ne transigerai pas sur la nécessité que notre message politique soit porté au moment de l'élection présidentielle. Il n'est pas question pour moi de passer un marché de dupes.

Nicolas Sarkozy a-t-il commis une erreur en négligeant les centristes lors du remaniement ?

Il a surtout cherché à se constituer une équipe de campagne très marquée RPR plutôt qu’à constituer un vrai gouvernement. Lui-même vient d'entrer en campagne. A partir de son analyse segmentée de la société française, il part chaque semaine à la reconquête d'une clientèle de droite qu'il estime égarée.

N'avez vous pas l'impression d'avoir servi de faire-valoir?

En tout cas, nous avons tout fait pour que cela ne soit pas le cas. Mais c’est vrai que nous étions loin du gouvernement de coalition auquel j’aspire. Peser sur les grands arbitrages politiques, c'est tout notre combat. Toutes les grandes démocraties européennes, beaucoup plus avancées dans les réformes que la France n'en a engagées ces dernières années, fonctionnent avec des coalitions.

Or, à l'UMP aujourd’hui comme au RPR hier, les responsables considèrent qu'un centriste finit toujours par se coucher. C’est contre cela que je me bats, je veux des centristes debout. Le renoncement ne peut pas être la marque de fabrique des centristes, et de ce point de vue, je pense que cela peut être salutaire pour les centristes d'être en dehors du gouvernement.




http://www.liberation.fr/politiques/01012306902-les-centristes-n-ont-pas-vocation-a-cirer-le-banc-de-touche-de-la-prochaine-presidentielle

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