dimanche 29 août 2010

Discours de rentrée politique Hervé Morin La Grande Motte 29 Août 2010

Mes chers amis,
merci de votre accueil, merci de votre soutien, merci de votre amitié
Je veux particulièrement remercier Jérémy Coste, notre nouveau président des jeunes centristes, Laure Alteirac, Thomas Elexhauser et bien sûr, Damien Abad.

Après La Londe-les-Maures, après Agen cher Jean Dionis, nous voici cette fois tous réunis à La Grande Motte pour la troisième université d’été de notre parti, la troisième université d’été d’un parti qui s’est bâti pierre par pierre depuis 2007, patiemment, solidement. Et je sais ce qu’il vous en a parfois coûté de cette patience.

C’est pour moi un vrai bonheur d’être avec vous depuis hier matin pour partager, pour échanger, pour construire notre stratégie des prochains mois et des prochaines années.
Vous l’avez sans doute remarqué, en ce mois d’août si peu estival politiquement parlant, j’ai volontairement choisi de garder le silence.

La tentation était grande mais j’ai voulu prendre le recul nécessaire, j’ai voulu laisser les choses se décanter, j’ai voulu profiter du repos et de l’esprit vagabond pour faire le tri entre l’exaspération épidermique et les interrogations profondes. Et surtout, ce débat je voulais d’abord l’avoir avec vous les jeunes du parti, avec vous qui avez fait le choix de vous engager pour les autres, de vous engager dans une vie politique sur laquelle les Français jettent un regard critique et souvent déçu.

Savez-vous qu’en 1961, 53% des Français faisaient confiance aux hommes politiques. Vous connaissez le chiffre aujourd’hui ? 25%. Oui 25% seulement.

C’est pourquoi je vous suis extrêmement reconnaissant de votre présence et de votre enthousiasme. Je sais bien que vous prenez sur vos vacances, sur vos économies, pour venir à La Grande Motte. J’ai conscience que vous faites beaucoup de sacrifices pour participer au débat politique et à la construction de notre famille.

Je l’ai fait moi aussi, il y a bien longtemps, et c’est vrai que j’en garde de très beaux souvenirs. Certains, personnels, que je conserve précieusement pour moi avec les années qui passent, et d’autres que j’aime bien raconter. Pour moi à l’époque, les universités d’été, c’était le moyen de rencontrer en vrai celles et ceux qui faisaient la une des journaux ou ceux qui étaient invités aux JT de 20 heures …….
Il y avait déjà Longuet, Villiers, Madelin, Robien, Léotard…-. Bon c’est vrai que certains ont mal tourné quand ils ont quitté la famille - non je plaisante !

En tous cas les universités d’été, c’était l’occasion pour moi de découvrir un bout de leur personnalité, l’occasion de distinguer les sympas et les asociaux. Je me souviendrai toute ma vie d’un petit-déjeuner avec mon député de l’époque, Ladislas Poniatowski. Nous avions eu cette mauvaise idée de poser notre plateau-repas à côté d’Alain Madelin, le Madelin des grands jours, un livre dans la main, les pieds sur la table, les lacets dans notre confiture, le visage fermé, bouche cousue, à peine bonjour, certainement pas au-revoir, mais j’ai compris ce jour que la boîte à idées la plus géniale du parti goûtait peu les conversations badines du matin…et du soir d’ailleurs.
Bon rassurez vous j’ai fini avec mon couplet « anciens combattants ».
D’autant que cela fait très longtemps que les centristes n’ont pas eu un mouvement de jeunes comme celui d’aujourd’hui. 2 500 jeunes centristes (il faudra quand même que je vérifie les fiches), des jeunes enthousiastes, des jeunes issus de tous les milieux, des jeunes à l’image de la diversité de la société française, des jeunes qui portent non pas un message de peur et de haine mais un message d’espoir et d’ambition. Et je vous jure, j’aurai besoin de vous, et nous aurons besoin de vous, notamment pendant ces 18 prochains mois !
J’aurai besoin de votre énergie et de votre fougue. Votre engagement politique nous est d’autant plus précieux que la prochaine élection présidentielle portera en elle une nouvelle étape de transformation de la démocratie française dont vous serez les acteurs.

Mes Chers amis,

L’importance d’éthique sera au cœur du débat de la campagne de 2012.
Je souhaite que nous portions une nouvelle étape de la modernisation de la démocratie française, une nouvelle étape pour passer de la confusion à la clarification des pouvoirs.
Dans cette période si dure, d’incertitude sur l’avenir, de repli sur soi, nos compatriotes doivent avoir toute confiance dans les fondements de notre pacte collectif. Et cela suppose de rendre notre démocratie plus transparente et plus irréprochable encore pour tenter d’échapper à l’ère du soupçon. On est assez, même très injuste d’ailleurs car on lui fait porter beaucoup plus de maux que les comportements n’en révèlent.
Quelles améliorations pouvons-nous proposer ?

Déjà, un examen très attentif des incompatibilités entre le mandat électif et certaines fonctions notamment professionnelles. Etre universitaire et ministre ou médecin et parlementaire, cela ne pose pas de problème. C’est même indispensable si vous voulez reprendre votre travail, n’est-ce pas Olivier Jardé ?

Mais je suis convaincu du contraire pour d’autres professions : par exemple, député et avocat. Je ne veux pas dire que ceux qui ont cette double casquette sont dans le conflit d’intérêt – j’ai moi-même été avocat et député pendant quelques mois – mais quelles que soient leurs précautions, quelle que soit votre bonne foi et votre prudence, vous risquez toujours de vous compromettre.

Il faut mettre fin aussi à mon sens à des survivances de l’Histoire, comme le dernier tribunal d’exception français qu’est la Cour de justice de la République.
Seuls les ministres sont jugés par des politiques, et non seulement par des magistrats. Et pour ceux qui y ont participé – n’est-ce pas Charles de Courson – ils savent ce que je veux dire.
Un autre exemple : le cumul des mandats. Nous devons y mettre fin. Et c’est un expert qui vous parle…
C’est une exception française, et ce n’est certainement pas la meilleure, car elle ne grandit pas notre Parlement.

Le Parlement a des pouvoirs nombreux, notamment des pouvoirs de contrôle, renforcés depuis 2008. Pourtant, les parlementaires ne les exercent pas, ou pas assez.
Ce contrôle est pourtant si utile pour lutter contre la dépense publique inefficace.
Insuffisance de contrôle mais aussi confusion des genres dommageable au moment des délibérations parlementaires et du vote de la loi.

Le débat parlementaire sur le projet de loi sur la réforme territoriale en a apporté la démonstration à mon sens la plus éclatante : les parlementaires se sont davantage comportés en élus locaux qu’en représentants de la Nation, vidant la réforme de sa substance. Nous continuerons à avoir un système administratif complexe, incompréhensible, lourd et coûteux alors que nous avons un impératif besoin de simplifier en profondeur nos structures locales. Mieux, la majorité a inventé un mode de scrutin dont l’obscénité apparaîtra dès la première séance des assemblées territoriales qui réuniront jusqu’à plus de 300 membres.

Qui peut croire sérieusement qu’une assemblée régionale de plus de 300 membres – ce qui veut dire plus de la moitié de l’Assemblée nationale et presque autant que le Sénat – peut travailler dans de bonnes conditions avec de tels effectifs ? Qui peut le soutenir sérieusement ?
J’ai d’autres idées sur le sujet que je ne développe pas aujourd’hui. Je parle d’autres idées sur la confusion des pouvoirs, pas d’idées sur la confusion des esprits et notamment pas celle de François Bayrou, l’incroyable Monsieur ZigZag.

Vous vous souvenez qu’en juin à Tours nous avions quitté M. Zig sur le perron de l’Elysée faisant ensuite les honneurs de sa circonscription et de son tracteur au Président. Et bien nous avons appris que monsieur Zag avait déjà déménagé et qu’il allait prendre ses quartiers à Washington sans doute dans une chambre d’hôtel à deux pas du FMI et de son nouvel ami Dominique. Quoi ? Lequel ? Je parle de Dominique Strauss Kahn pas de Villepin. Remarquez il pourrait l’héberger dans sa chambre aussi, ils iraient bien ensemble. Henri IV et Bonaparte, le copain l’année dernière de Robert Hue et l’homme du CPE. C’est vrai qu’il s’y connait Villepin en matière de banlieue, souvenez- vous l’hiver 2005, les quartiers en feu, et l’homme du CPE qui perçait sous l’homme du couvre-feu.
Bon j’arrête le feu. Ah non pour la confusion ou plutôt la duplicité j’allais oublier le PS qui, à La Rochelle nous donne des grandes leçons de morale alors qu’au même moment à Paris, l’un de ses principaux responsables signe en catimini, avec l’UMP, le solde de tout compte qui empêchera la justice de faire son travail jusqu’au bout dans l’affaire des emplois fictifs. J’aurais pu aussi vous parler, n’est ce pas Francis Vercamer, de Martine Aubry et de ses leçons d’humanisme concernant les Roms alors que la même semaine elle demandait leur expulsion de terrains de la communauté urbaine de Lille qu’elle préside. Au championnat d’Europe de la duplicité et de la mauvaise foi, certains récolteraient un paquet de médailles !

Oui je compte sur vous, les jeunes du parti pour refuser l’immobilisme et lutter contre les conservatismes pour que nous portions cette nouvelle étape démocratique.

Je compte aussi sur vous pour porter haut et fort le message politique que je développe depuis des mois : le message d’une société apaisée et d’une société de la reconnaissance

La société est dure, l’exigence de performance et de productivité est permanente, la globalisation voit émerger des compétiteurs aux forces gigantesques. Notre planète est en proie à des tensions redoutables, des tensions pour l’équilibre et pour la paix du monde. Nous avons des défis considérables devant nous, comme le réchauffement climatique ou la prolifération nucléaire.
Tout va si vite ; tout s’accélère.
Jeudi soir j’étais à ma mairie et je discutais avec un de mes plus vieux administrés. Il me rappelait la vie de ces herbagés de Normandie. Le lundi, ils faisaient le marché de Pont-Audemer, le mardi celui de Beuzeville, le mercredi le marché au beurre de Cormeilles, le samedi Honfleur. Chaque fois c’était tout un cérémonial, et il ne s’agissait pas d’en changer. C’était une autre vie, une vie où on ne parlait pas encore de performance ou de productivité, une vie où la lenteur n’était pas encore un défaut, une vie comme dans les beaux romans d’Henri Vincenot, oui c’était la vie de mon grand-père, et je m’en souviens. Il y a cinquante ans et pourtant cela nous apparaît comme une éternité tant les choses ont changé.

Alors mes Chers amis,
Dans cette société de tensions, d’incertitudes, il est de la responsabilité des politiques de rechercher les voies de l’apaisement, sans nier la réalité, sans refuser de voir les problèmes bien en face.
Depuis des mois, dans l’indifférence la plus grande – pas si grande que cela finalement si j’en crois le nombre de personnes qui ont repris ma formule – je prêche pour une société apaisée. Attention. Pas une société amorphe ou ramollie. Pas une société immobile, non une société dans laquelle le pouvoir politique recherche sur chaque sujet, sur chaque difficulté, sur chaque réforme, une réponse efficace et une réponse qui veille aussi à ne pas provoquer de nouvelles tensions.

Mes Chers amis,
Je vous le dis, quelles que soient les difficultés de nos compatriotes, quelle que soit leur exaspération, nous ne sommes pas là pour cultiver la peur. Nous ne sommes pas là pour attiser les haines. Nous ne sommes pas là pour rechercher des bouc émissaires.
Rejeter la faute sur l’autre, c’est tellement plus facile !
Si les Français vont mal, c’est la faute aux immigrés, quand bien même ils sont aussi très souvent Français.
Si l’économie française va mal, c’est la faute aux Allemands qui ont eu tort de se réformer et de faire des efforts quand nous restions immobiles.
Si l’Europe est en passe de devenir une Suisse géante sans la prospérité, privée de son énergie, militairement impuissante, musée de son propre passé, c’est la faute aux Américains.
Et si la planète souffre, c’est la faute aux Chinois et aux Indiens qui veulent sortir de la misère.
Trop facile, trop commode. Cherchons des réponses pas des coupables. A chaque question, il existe une solution qui sans biaiser, sans contourner les difficultés se préoccupe de l’équilibre de la société française. Et cette voie de l’apaisement, elle touche même des sujets techniques mais qui deviennent rapidement hautement symboliques.

Voilà pourquoi au bouclier fiscal et à l’ISF, je le répète, je demeure convaincu que la réponse qu’il faudra proposer aux Français en 2012 c’est la suppression du bouclier fiscal, la suppression de cet impôt imbécile qu’est l’ISF et par mesure de justice, la création d’une tranche marginale supplémentaire d’impôt sur le revenu.

Mes Chers amis,
Je veux aussi que nous portions l’idée d’une société de la reconnaissance. Au même titre que la société apaisée, c’est pour moi la condition d’une France retrouvée, confiante, où tout le monde a les cartes en main pour progresser, innover et inventer.

C’est quoi, ma société de la reconnaissance ? C’est une société qui n’oublie pas que quel que soit votre talent individuel, votre réussite est liée à votre environnement collectif et à la réussite des autres.

C’est une société où chacun, quel que soit son rang, son talent, ses diplômes occupe une place à part entière. Une société qui ne connaît pas les sous citoyens, les sous salariés, les sous-diplômés.
Je me souviens quand j’étais enfant à la maison, nous avions une personne qui faisait des heures de ménage. Et quand je rentrais avec mes souliers crottés du jardin et que je salissais le pavage qu’elle venait de laver, elle ne me grondait pas en me disant : « fais attention, je vais être obligée de repasser la serpillère », mais elle me disait seulement : « Hervé, respecte moi, respecte mon travail » ! La nuance est de taille et cette phrase je l’ai toujours gardé dans un coin de ma tête.Tenez, sur ce même sujet, juste avant les vacances, j’ai rencontré Florence Aubenas. J’ai longuement discuté avec elle de son dernier livre, « le Quai de Ouistreham ». Je vous en recommande vraiment la lecture. C’est une plongée très belle dans le monde de la précarité et de la dureté au travail. Ce qu’on perçoit bien dans la vie des femmes de ménage décrite par Florence Aubenas, c’est que l’argent n’est pas la seule revendication – elle est bien sûr importante mais ce n’est pas la seule – et le CDI non plus. La première revendication, c’est d’abord d’être reconnue en tant que personne humaine, et que son travail soit respecté parce que quelle que soit sa modestie, il est un maillon indispensable de la vie collective. Tout simplement, ne pas être un numéro, une employée interchangeable avec sa blouse en acrylique ou en coton, une employée dont on ne s’aperçoit même plus qu’elle a été remplacée par une autre, une employée sans visage. Oh je sais bien. Personne ne rêve pour ses enfants qu’ils fassent le ménage au petit matin dans les cabines des ferries. Mais Florence Aubenas nous fait toucher du doigt une chose que nous savons d’ailleurs, c’est que ces femmes, comme chacun d’entre nous, elles sont fières du travail qu’elles font. J’aime bien l’écrivain américain Thoreau. Comme Vincenot c’est un écrivain de la nature et du temps qui passe. Il écrit dans Walden, son roman le plus connu « on mesure la richesse d’un homme par le nombre de biens dont il peut se passer ». Il a raison et c’est sans doute l’une des vertus de la crise. Elle va nous obliger à revenir vers l’humain, à le réinventer, à ne plus avoir le marché comme seule boussole. A reconnaître davantage les mérites du chercheur, de l’infirmière, du professeur que ceux du banquier ou du trader, et à rechercher tous les moyens matériels mais pas seulement, pour leur dire à quel point nous savons qu’ils comptent pour notre pays et pour notre société.Elle va nous obliger aussi à redécouvrir des chemins de croissance que nous avions négligés comme par exemple celui de l’entreprenariat familial.

Vous le savez, l’économie française a besoin de PME de taille significative, reposant sur un actionnariat stable. Nous avons besoin de patrons qui portent leur entreprise avec une vision stratégique, qui réinvestissent, qui ne cherchent pas seulement à presser le citron au maximum comme les fonds d’investissement dont le siège social est souvent si éloigné de notre pays et des difficultés de nos territoires. Bref, des patrons responsables qui savent que leur entreprise dépend aussi des hommes et des femmes qui la font tourner, des patrons qui, tout simplement, respectent leurs salariés. Et c’est aussi aux femmes du quai de Ouistreham que nous devrons penser en priorité quand viendra l’heure de la bataille pour la réduction des déficits publics et du désendettement de notre pays. Pensons à elles parce que derrière la dépense publique, il y a des salles de classe et des professeurs. Pensons à elles parce que derrière la dépense publique, il y a des lits d’hôpitaux et des infirmières. Pensons à elle parce que derrière la dépense publique, il y a des crèches, des universités et des centres de recherche.Oui il faut réduire la dépense publique. Non ce n’est pas seulement l’affaire des technocrates de Bercy. C’est aussi aux Français de dire ce qu’il faut protéger et ce qu’on peut supprimer, ce qui est essentiel pour la cohésion nationale et ce qui ne l’est pas, ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Au Nouveau Centre nous affirmons que la question de la dette mérite un débat public comparable à celui des retraites. Un constat partagé. Un calendrier. Un horizon commun ; et il faudra le faire partager en 2012.Je veux quand même féliciter Charles de Courson qui, au bout de trois ans de combat a obtenu des décisions sérieuses sur plusieurs niches fiscales. Il voulait 10 milliards d’euros d’économies, on lui répondait que c’était impossible. Comme par miracle, c’est devenu aujourd’hui possible. Bravo Charles !

Mes Chers amis,

La question de la reconnaissance, elle se pose dans l’entreprise, à l’école, à l’hôpital mais au risque de vous choquer, elle se pose aussi pour les banlieues.

Oui c’est difficile la vie en banlieue, la vie dans les quartiers.On craint pour sa voiture,On voit ces jeunes désœuvrés, agglutinés en bas de son immeubleOn aperçoit des traficsOn vit tous les jours avec ce sentiment diffus et impalpable d’insécurité.Mais vous voyez aujourd’hui au lieu des poubelles et des voitures brûlées, au lieu des bus et des camions de pompiers caillassés, je voudrais que nous parlions aussi des banlieues qui réussissent, de ces femmes et de ces hommes qui créent leur entreprise, de ces jeunes qui font des grandes écoles. Ceux que j’ ai rencontrés à Bondy, à Rouen et à Argenteuil. Quel potentiel extraordinaire, quelle envie de vivre et de construire, quelle soif de consommation et de réussite sociale.

Et finalement eux aussi, la seule chose qu’ils vous demandent, c’est la reconnaissance, c’est de leur dire que la France est riche de la diversité des mondes.

Et c’est d’ailleurs extraordinaire qu’aux Etats-Unis, Démocrates et Conservateurs soient unanimes pour considérer que les Américains issus de l’immigration apportent, je cite G.W Bush, « une vitalité nécessaire, une ouverture d’esprit et un optimisme qui constituent une part cruciale de l’identité nationale ».

Et d’ailleurs, il y a tellement de talents dans nos banlieues que les Américains l’ont compris. Savez-vous qu’aujourd’hui, Washington recrute nos jeunes diplômés car ils savent que dans un monde globalisé, avoir deux cultures plutôt qu’une, c’est un atout. Parler trois langues au lieu de deux, c’est une chance pour faire la promotion de ses produits. Et pendant ce temps là, le seul message de la France à l’égard des banlieues est un message négatif.

Mes Chers amis,
Expliquez-moi pourquoi ce qui est une richesse aux Etats-Unis devient chez nous une menace ?
Expliquez-moi pourquoi ce qui est une fierté aux Etats-Unis devient chez nous une souffrance ?
Expliquez-moi pourquoi les américains parviennent à associer immigration et patriotisme et pourquoi nous, nous n’y parvenons pas ?
Expliquez-moi pourquoi on vient en France pour chercher des avantages sociaux et pourquoi on vient aux Etats- unis pour chercher la réussite.
Nous cherchons encore notre Martin Luther King alors qu’ils ont déjà leur Obama !

Avez-vous remarqué : quand ça ne va pas, quand il y a un problème particulier, on catégorise – la banlieue, les jeunes des quartiers, les musulmans – et quand c’est un succès, une réussite, on individualise. Un jeune sort un fusil, la banlieue est en feu ; Myriam Soumaré, musulmane, qui fait le Ramadan, son père mauritanien, est championne d’Europe. C’est l’itinéraire d’une championne et pas la réussite de la banlieue, la réussite d’une jeune femme issue d’un quartier difficile de Villiers-le-Bel.

Idem avec les statistiques. On prend celles qui arrangent et on oublie celles qui portent à l’optimisme et à l’espoir. Je pense par exemple aux mariages exogames qui est, selon les ethnologues, le meilleur indicateur d’intégration. Savez-vous que presque un jeune sur deux venant d’une communauté issue de l’immigration se marie en dehors de sa communauté ?
Et le ministre de la Défense veut vous le dire aussi.Avant-hier, j’étais à Fréjus, avec le Président de la République, pour rendre hommage à nos deux soldats tués en Afghanistan.L’un était probablement d’origine italienne. Il s’appelait Lorenzo Mezzasalma (Lieutenant)L’autre était probablement d’origine polonaise. Il s’appelait Jean-Nicolas Panezyck (Caporal)
Et en passant en revue les soldats qui rendaient honneur à leurs deux camarades morts pour la France, je voyais cette diversité, je voyais ces peaux un peu plus sombres, je voyais tous ces yeux qui disaient le respect, l’espoir et la fierté.

Savez-vous aujourd’hui que dans les montagnes afghanes, dans les déserts du Tchad ou dans les forêts d’Afrique équatoriale, 15 à 20% des unités de combat sont formées d’enfants nés dans les quartiers, des enfants qui sont fiers de porter le drapeau français sur leur épaule gauche.

Et Dieu sait qu’ils sont patriotes comme vous et moi. Et Dieu sait qu’ ils aiment le drapeau comme vous et moi. Et Dieu sait qu’ils chantent la Marseillaise comme vous et moi, qu’ils croient au ciel ou qu’ ils n y croient pas, qu’ils prient jésus, Mahomet, ou bouddha.

Non, ne soyons pas hypocrites, notre république une et indivisible devient à force d’immobilisme et de rigidité une et divisible.

Je le sais, l’attente d’intégration économique est immense de la part des français d’origine étrangère et elle l’est autant de la part des Français d’origine.

Notre Histoire nationale se confond depuis l’origine avec l’immigration. Oh, je sais bien, vous allez me dire : les Polonais, les Italiens, les Portugais, les Belges, ils étaient chrétiens, cela n’a rien à voir avec l’immigration aujourd’hui ! Et bien mes Chers amis, je dénonce ces propos.
D’abord, on ne disait pas forcément cela quand ils sont arrivés.

Et méfiez-vous, à force de laisser insidieusement cette idée pénétrer les esprits de nos compatriotes, nous en viendrons à justifier la violence et parfois la haine au sein même de notre communauté nationale, comme cette haine a pu se développer entre les wallons et les Flamands qui sont pourtant les uns et les autres des Européens depuis des siècles vivant ensemble dans la même monarchie.

L’exaspération de la différence elle est infinie si on n’y prend pas garde. Tenir ce discours sur l’intégration ne doit pas nous empêcher de dire les choses comme elles sont.

Oui, il y a beaucoup de beurs et de blacks dans nos prisons mais d’abord :

1) Pour la plupart, ce ne sont pas des immigrés mais ce sont des Français dont les parents ont été attirés par l’industrie française et ont quitté la misère de leur pays pour participer à la reconstruction de la France. Leurs enfants sont nés dans nos maternités, ont été éduqués dans nos écoles et ont grandi dans nos villes.

2) Et d’autre part, ils ne sont pas nés délinquants mais ils le sont devenus. Et ils le sont devenus comme tous les Français blancs, blacks ou beurs qui, de l’exclusion socioculturelle à l’exclusion socio-économique finissent vers la délinquance. Quand il y a 40 % de taux de chômage dans les quartiers, quand l’éducation et la culture ont déserté, quand la famille a démissionné, quand les repères ont disparu, c’est sûr qu’il y a plus de délinquance. Mais dans nos campagnes aussi, c’est la même chose. La délinquance frappe plus souvent des familles en voie d’exclusion et de décomposition sociale.

Oh les jeunes issus des quartiers ne demandent pas l’impossible. Ils s’attendent seulement à ce qu’on leur offre les mêmes chances d’ascension sociale, à ce qu’on les traite équitablement et j’allais dire fraternellement. Et ce n’est pas le cas quand l’étude menée par Jean-François Amadieu, Professeur à l’Université de Paris I, démontre que vous avez cinq fois moins de chances d’obtenir un premier entretien d’embauche quand la consonance de votre nom est africaine ou maghrébine. Cinq fois moins ! Et même trois fois moins si le CV est meilleur !Mes Chers amis,En vérité, la société française, comme toutes les sociétés occidentales, s’est profondément transformée. Elle est en mutation et il faut en tirer les conséquences.La société française n’est plus seulement blanche, rurale et chrétienne. Elle a profondément évolué par des apports successifs.

C’est pourquoi je souhaite que nous ne parlions plus des Français issus de l’immigration mais des Français héritiers de l’immigration, car ils portent un héritage qui est une richesse pour notre Nation.Et d’ailleurs mes Chers amis, quelles sont les premières victimes de cette délinquance, après les victimes elles-mêmes ?

Combien de fois dans les banlieues, j’ai entendu ce discours, un discours d’une extrême fermeté émanant de nos compatriotes héritiers de l’immigration qui ne supportent plus que ces minorités violentes entachent et conduisent à l’amalgame et à la stigmatisation. Ce sont elles les premières victimes.

Non la délinquance ce n’est pas l’immigration. C’est le fruit d’une longue crise de la société française, car je le répète, ces immigrés que l’on pointe du doigt, ce sont des Français qui souffrent plus encore que nous du déclin de l’économie française depuis 25 ans et que la majorité tente de remettre sur les rails depuis trois ans.

Mes Chers amis,

Grâce à l’action de la majorité et du Président de la République, Les chiffres de la délinquance sont nettement meilleurs aujourd’hui qu’en 2002 et pourtant, le sentiment d’insécurité chez nos compatriotes continue de progresser et ce n’est pas un petit sujet médiocre.

C’est un vrai sujet, c’est une vraie demande de nos compatriotes, de ceux qui prennent les transports en commun tôt le matin ou tard le soir et qui voient débarquer avec anxiété udes bandes de jeunes désœuvrés dans leur rame. Ce n’est pas un petit sujet méprisant car cela correspond à une vraie demande des Français, des plus faibles et des plus modestes, et la sécurité c’est bien l’une des premières libertés. Ce n’est pas seulement un slogan des partis de droite ; c’est une vérité.

Nous n’avons cessé de mettre en œuvre des dispositifs pénaux supplémentaires, de créer de nouvelles incriminations, le nombre de prisonniers n’a jamais été aussi important – de 48 500 détenus en 2002 à 66 000 en 2009 – et pourtant, on voit bien que la réponse pénale ne suffit pas à pour endiguer la délinquance.Pour une raison très simple : c’est parce que la lutte contre l’insécurité, quand elle s’appuie sur le seul volet répressif, est une politique hémiplégique qui est vouée à l’échec.

Une politique de sécurité qui ne s’appuie que sur la répression est vouée à l’échec car vous ne mettrez jamais assez de policiers, de gendarmes, de caméras. Vous ne construirez jamais assez de prisons pour répondre à la violence des jeunes et des moins jeunes désemparés, désocialisés, acculturés et souvent illettrés ayant perdu tous leurs reperes.

Lutter contre l’insécurité, cela commence par l’école et l’intégration socioculturelle.

Pourquoi les politiques mises en œuvres depuis 25 ans ne marchent pas ? C’est parce que nous mettons en œuvre une politique de zonage, alors qu’il faudrait une logique individuelle. Il faut diriger les actions vers les individus, les hommes et les familles, et non vers les territoires.

Dans nos sociétés contemporaines, la personne, surtout celles en difficulté, n’a jamais été aussi seule : familles décomposées et déstructurées qui ne jouent plus leur rôle, corps intermédiaires affaiblis, grands ensembles qui ont remplacé les villages facteurs de solidarités humaines, urbanisme délirant où l’on a concentré les familles en difficulté. A l’isolement de l’individu, il faut répondre par des politique d’accompagnement social, familial, éducatif dont nombre de pays ont démontré que, dans la durée, cela marchait.

Apprentissage du Français pour les primo-arrivants, suivi scolaire pour éviter l’absentéisme, médiateurs pour encadrer les fauteurs de trouble, internats d’excellence comme les développe le Gouvernement, écoles strictement ciblées avec un taux d’encadrement renforcé, conseillers d’orientation pour que les enfants des enseignants ne soient plus les seuls à se repérer, carte scolaire favorisant la mixité sociale.Je vous le dis, un enseignant de plus, cela peut faire autant sinon plus qu’un policier pour prévenir la délinquance de demain.

Oui, il nous faut une politique non pas de discrimination positive mais une politique que j’appellerai de mobilisation positive, reposant sur non pas sur des critères ethniques mais sur des critères socio-économiques, s’adressant à tous les jeunes enfants de France qu’ils s’appellent Durand ou Belarbi. Je le dis, certainement pas ethniques ; car cette politique poserait un redoutable problème de principe. Il nous faudrait des statistiques ethniques qui portent atteinte à notre conception de la République. Et surtout cette politique porterait atteinte à notre conception même de l’égalité. Et d’ailleurs en quoi le fils du cadre supérieur d’origine africaine aurait droit à une politique qui le favorise ?

En revanche, une politique de mobilisation positive sur des critères socio-économiques s’adressant aux plus modestes, quelle que soit son origine, est indispensable et serait approuvée par nos compatriotes, car elle correspond parfaitement à notre conception de la justice sociale et de l’égalité. Et bien je compte défendre cette idée dans les prochaines années.

Mes chers amis,

Il n’est plus supportable que seulement 5 % d’enfants d’employés et d’ouvriers intègrent les classes prépa et que ce soit 40 % d’enfants de cadres.Politique de prévention massive, ciblée, personnalisée. C’est le premier volet d’une politique de sécurité efficace et c’est le meilleur moyen d’une intégration réussie. C’est le meilleur moyen de mener une politique d’égalité des chances qui soit juste et s’adresse à tous les Français.

Et le deuxième volet d’une politique efficace de sécurité, c’est une politique de dissuasion, avec l’installation de vidéo-protection là où elle est nécessaire et encadrée pour protéger les libertés individuelles.

Politique de répression ensuite : il faut être implacable à l’égard de la délinquance et nous serons d’autant plus légitimes à l’être que la République aura tout fait pour vous aider à vous en sortir. Et cette politique de répression doit aussi s’appuyer sur des unités territoriales de quartier qui, par leur présence permanente, peuvent prévenir les débordements des jeunes désœuvrés ou en difficulté grâce à l’établissement d’un maillage étroit des quartiers. Yvan a aussi proposé des encadrements renforcés pour les jeunes les plus durs afin de leur donner des repères. C’est une bonne idée aussi.

Et enfin, politique de réinsertion pour donner à chacun une seconde chance.Et cela marche, et je l’ai constaté quand je suis allé chez Florent Montillot et Serge Grouard à Orléans la Source où la délinquance n’a pas baissé de 10 ou 20 % mais de 83 %. Et les Orléanais ne s’y sont pas trompés. Car c’est la seule ville reprise à la gauche en 2001 que la droite a conservée en 2008.

Mes Chers amis,

La France héritière de l’immigration est en demande d’intégration et d’égalité des chances. Et si la République fait ce qu’elle doit faire, la France est en droit d’être en exigence d’intégration.

A l’offre d’intégration doit correspondre une exigence d’intégration. La France donne sa chance à tous, mais elle exige que ses principes fondamentaux ne soient pas bafoués. Ni excision, ni polygamie, ni mariage forcé, ni atteinte à la dignité de la femme.

Voilà ce que pourrait être un contrat implicite au sein de la Nation.

Pour conclure ce sujet, Mesdames et Messieurs, il nous faut de l’ordre ; et j’ai envie de dire de la paix. Car ce n’est pas par hasard que les policiers s’appellent les Gardiens de la paix.

Mais l’ordre ne doit pas nous faire oublier les principes républicains. Nous sommes si prompts à les porter à l’étranger. Mettons-les déjà en œuvre chez nous et ils n’en auront que plus d’échos.

A la haine je veux porter l’apaisementA la peur je veux porter la réconciliation et l’espoir.Au discours du bouc-émissaire je veux porter une société de la reconnaissance.

Mes Cher amis,

Quelques mots sur un sujet qui a suscité beaucoup de passions cet été. Je veux bien sûr parler des Roms. A ce sujet, je voudrais d’abord vous lire, pour détendre l’atmosphère, le texto plein d’humour que j’ai reçu avant-hier d’un ami musulman. Il se reconnaîtra.

« Après 50 ans de bons et loyaux services, c’est avec beaucoup d’émotions (mais il est vrai avec un certain soulagement) que les Français d’origine maghrébine ainsi que moi-même sommes très fiers de passer officiellement le relais aux Roms comme boucs émissaires et responsables de tous les maux de la France. J’espère qu’ils seront et resteront dignes de cet héritage prestigieux. Bon courage à eux !

Plus sérieusement, de quoi s’agit il ?

De mettre un terme à des occupations illégales et jugées comme telles par les tribunaux de la République tout en prenant soin de ne pas stigmatiser une communauté dans sa globalité. Je pense de mon côté que c’est un sujet sur lequel les Etats européens doivent cesser de se renvoyer la balle.

L’Europe n’est pas seulement un espace de circulation des marchandises ; c’est une constitution politique donc éthique.

Elle a besoin d’un cœur avec une dimension spirituelle. Elle doit être une communauté de destin chaleureuse. Et c’est aux Européens de trouver ensemble une solution à ce problème.

Dès lors que la société française remplit son rôle, on est en droit de demander le respect d’un certain nombre de règles et de principes.

Mes Chers amis,Vous le savez, dans moins de 18 mois ce sera la présidentielle. Oh je sais que pour nos concitoyens tout cela est encore loin. Pour eux, la question ce n’est pas Eva Joly, Martine Aubry ou Strauss Kahn, c’est plutôt la question de l’emploi et du pouvoir d’achat. C’est ça les questions des gens aujourd’hui, c’est pas la présidentielle. Mais pour nous c’est différent. Nous nous sommes un parti. Nous nous sommes des élus, des responsables, des militants. Et nous nous devons préparer les élections. Et nous la présidentielle, nous savons qu’elle arrive à vitesse grand V et que nous avons des décisions à prendre.

Bientôt en tant que Président du Nouveau Centre, j’aurai 3 questions à vous poser : Avez-vous envie de rester assis dans les tribunes ou avez-vous envie d’être sur le terrain ?Avez- vous envie de porter le drapeau des autres ou avez- vous envie de porter vos propres couleurs ?
Avez- vous envie de défendre les idées de nos partenaires ou avez- vous envie de défendre les vôtres ?

Ce sera un choix important, un choix décisif. Alors, réfléchissez- bien à ces questions ? Parlez en entre militants. Pesez le pour et le contre autant que vous voulez.

Mais moi je vous dis déjà que si nous répondons non, ce que nous avons construit depuis presque 3 ans n’aura servi à rien.
Si nous répondons non, ce que nous avons construit ne sera plus rien.
Si nous répondons non, ce pour quoi nous militons depuis des années sera abandonné.
Alors oui, aujourd’hui, je vous dis que le temps est venu.
Car il y a un temps pour la reconstruction de notre parti et il y a un temps pour l’action.
Car il y a un temps pour la solidarité et il y a un temps pour l’indépendance.
Il y a un temps pour la discrétion et il y a un temps pour l’expression.

Oui, c’est au nom de ce devoir de solidarité scrupuleusement respecté pendant plus de 3 ans, de cette solidarité sans faille vis-à-vis de notre partenaire de la majorité, de l’esprit de responsabilité qui a été le nôtre pour reformer le pays qu’aujourd’hui je vous dis qu’il sera bientôt temps de retrouver notre pleine liberté de parole.

Oh, je sais bien que dés lors que nous nous engagerons pleinement rien ne me sera épargné.
Mais j’ai quelque chose de précieux qu’ils n’ont pas, et ce quelque chose c’est vous.
Vous les militants du Nouveau Centre, vous les militants de la première heure.

Tous ceux qui étaient là hier dans la longue nuit de 2007 pour maintenir la petite flamme d’un parti centriste. Tous ceux qui sont là aujourd’hui sous le soleil de la Méditerranée pour partager l’amitié et l’espérance.

Et surtout tous ceux qui seront là cet hiver pour m’accueillir dans leurs fédérations. Quand les sondages seront mauvais. Quand les plus fragiles (d’entre nous) auront cédé. Quand les tensions se feront toujours plus fortes.

Oui tous ceux qui étaient là hier et qui seront encore là demain, je sais que c’est auprès d’eux que je puiserai ma force, mon énergie, ma détermination.

Ma feuille de route pour les prochains mois je l’ai trouvée cet été chez Apollinaire et plus précisément dans Calligrammes. Il écrit à un moment : « La victoire avant tout sera de bien voir au loin, de tout voir de près, et que tout ait un nom nouveau ». Quel beau programme pour nous !

Bien voir au loin

Oui nous sommes les héritiers de Raymond Barre qui a été le dernier Premier Ministre à présenter un budget en équilibre.

Oui nous sommes les héritiers de Robert Schuman et des pères fondateurs d’une Europe qui aurait tant besoin de retrouver la source de leur pensée.

Oui nous sommes les héritiers de Simone Veil, de l’IVG, les héritiers de l’assurance chômage et du vote à 18 ans.

Mais non la vocation du Nouveau Centre n’est pas de regarder en arrière. Elle est au contraire de regarder loin devant. Elle est d’éclairer ce début de siècle comme nos prédécesseurs ont éclairé le siècle précédent. « Regarder l’avenir c’est déjà le changer », dit-on souvent. C’est ce à quoi je vous appelle aujourd’hui. Oui soyons disponibles à toutes les idées même à celles qui dérangent, soyons disponibles à toutes les interrogations même à celles encore sans réponses.
Il y a un proverbe saharien que j’aime beaucoup et qui ai repris dans le très beau livre consacré à l’un des moines de Tiberrine Christian de Chergé. Il dit ceci : « tu étais loin, j’ai ajusté mon fusil, j’allais tirer tu t’es approché, tu étais là, tu m’as tendu la main. J’ai su que tu étais mon frère. »

Oui, soyons plus que jamais disponibles pour écouter avec attention les battements de cœur de ce monde qui ne peut plus nous être étranger.

Nous vivons dans un pays amoureux de son passé. C’est bien, mais moi je voudrais que nous imaginions aussi des lendemains que nous pourrions aimer.

Ecouter, décrypter, proposer c’est la responsabilité que j’ai confiée à Jean-Marie Cavada et à Philippe Vigier.

Comparer, confronter, conjuguer les futurs rêvés et les futurs possibles, c’est la responsabilité que je vous confie à vous tous élus et militants.

Des conventions thématiques auront lieu à partir du mois d’octobre à raison d’une par mois. La première, le 4 octobre, portera sur l’Europe. La deuxième, le 15 novembre, traitera de l’équilibre des chances. La troisième, le 16 décembre, sera consacrée à la Santé. Et les suivantes, en 2011, traiteront notamment de l’éducation, des territoires, des institutions, du logement, de l’environnement. Ces conventions seront précédées d’une intense période de consultation, d’entretiens et de déplacements.

De ces laboratoires d’idées, de ces pépinières d’innovations, de ces gisement d’imagination, va naître j’en suis sûr un formidable projet qui nous donnera un temps d’avance sur tous les autres.
Nous ferons vivre nos instance pour qu’elles participent non seulement à l’élaboration de notre projet mais aussi pour que chaque militant, chaque responsable départemental soit un moteur de notre montée en puissance.
Tout voir de près

Regardez bien ce cahier parce que vous n’avez pas fini de le voir. Il m’accompagne depuis plus d’un an maintenant dans toutes mes rencontres, de Méaulte à Léognan, de Saizeré à Douarnenez, de Saint Omer à Pointe à Pitre.

J’y note des idées et des propositions bien sûr mais surtout j’y fais le portrait de ces hommes et de ces femmes qui l’espace d’une heure ou deux veulent bien m’ouvrir leur porte et leur cœur. Chaque semaine, je me nourris de leurs passions et de leurs vies, de leurs difficultés et de leur générosité, de leurs révoltes et de leurs espoirs. Bien souvent, sur leurs visages, comme sur les lignes d’une main, on peut lire l’histoire de leurs vies.

Je sors parfois bouleversé de ces rencontres, et chaque fois j’en sors enrichi ; ce que je consigne dans ce cahier, c’est la France des petites villes, une France où les cortèges ministériels ne s’arrêtent que rarement, une France bien loin du VIIe arrondissement, de l’île d’Arros et des banques du Liechtenstein. Ce que je consigne, c’est une France de talents qu’on ne connaît pas toujours, une France de PME exceptionnelles à l’ombre des grands noms du CAC 40.

Depuis près d’un an, je suis à un voire deux déplacements par semaine. L’idée c’est de passer à au moins deux. Oh ne me plaignez pas, moi j’adore ça. C’est même ma raison d’être en politique. Allez voir les gens. Leur parler. Les écouter. Mais pour ça j’aurais encore plus besoin de vous. Pour construire les programmes, pour identifier les lieux et les hommes qu’il faut connaître et rencontrer, pour mobiliser les militants et la presse locale.

Neuf sujets sont au cœur de mes rencontres dans les prochains mois. - L’agriculture et l’espace rural- Le monde de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche- Le monde du droit- Le monde de la santé- l’équilibre des chances et les banlieues- le commerce et l’artisanat et la petite entreprise- les femmes et leur place dans notre société- le monde des solidarités- l’écologie –responsabilités individuelles et collectivesBien voir de loin, tout voir de près …et que tout ait un nom nouveauOui c’est vrai nous devons faire entendre une musique nouvelle. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avancer dans le XXIe siècle avec les idées du XXe. Alors méfions nous. Méfions nous de nos certitudes. De nos préjugés. De nos pulsions. Des effets de mode.Prenons garde aux concepts usés, aux conservatismes poussiéreux et aux déclinologues de profession.Au contraire, ouvrons nos fenêtres sur le monde, sur les nouvelles libertés, les nouvelles énergies, les nouvelles technologies. Aidons ceux qui innovent, ceux qui rapprochent, ceux qui se donnent.Battons nous pour ce qui est juste, pour ce qui est droit, pour notre pays comme pour notre planète, pour les sinistrés de Xynthia comme pour ceux du Pakistan, pour nos otages français à Kaboul comme pour Sakineh Ashtiani à Téhéran.Mes Chers amis, En conclusion, connaissez- vous « Si le soleil ne revenait pas », le si beau roman de l’écrivain suisse Ramuz. Il raconte l’histoire de paysans suisses du val d’Hérens, paniqués par l’hiver sans lumière et le soleil sans visage, diabolisés par des haines aveugles et de froides vengeances. Il faudra qu’un jeune guide, audacieux et chaleureux, les mène en pèlerinage contempler le soleil renaissant de l’autre côté de la montagne, autre côté qui est aussi l’autre versant de l’être humain.

Alors chers jeunes amis du Nouveau Centre, à chacun et chacune d’entre vous, je demande d’être comme ce jeune guide du val d’Hérens, de ne jamais vous laisser gagner par l’abattement et le fatalisme, d’être au contraire des messagers de l’espoir, des porteurs d’optimisme et d’espérances.Je crois de tout mon cœur que nous pouvons y arriver. Oui tout donner au présent, ne pas calculer, c’est le pacte que je vous propose.Pour cela, j’ai besoin de vous. J’ai besoin de vos mains, j’ai besoin de votre énergie, j’ai besoin de vos cœurs.
Merci à tous.

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