lundi 26 juillet 2010

La Russie frappée par la canicule

Etat d'urgence en Russie, frappée par la canicule


Pénurie de ventilateurs, pannes de métro et bitume fondant... La Russie est aux prises depuis plus de trois semaines avec un épisode caniculaire tenace, qui éclipse les précédents records historiques.


Même le métro de Moscou, dont une petite partie du réseau est extérieure, n'a pas supporté la chaleur : samedi 17 juillet, le trafic a été interrompu durant plusieurs heures en raison de la dilatation des rails exposés en plein soleil.

La septentrionale Saint-Pétersbourg, pourtant située à près de 1 000 kilomètres plus au nord, croule elle aussi sous la chaleur : la Tour de la paix, une installation de verre offerte par la France en 2003, s'est fissurée sous l'effet du soleil et devra être réparée.


Exception faite de certaines régions nordiques isolées, c'est l'ensemble de l'immense territoire russe qui est soumis à de très fortes chaleurs et à une absence de précipitations. Dans la partie européenne du pays, le mercure a dépassé les 30 °C tous les jours depuis début juillet, et quatre journées ont été les plus chaudes jamais recensées depuis la création du centre hydrométrique national, en 1930.


Selon les prévisions de cet organisme officiel, et alors que la période caniculaire ne devrait pas s'estomper avant la fin du mois, juillet 2010 sera "le plus chaud de tous les temps" : la température relevée lors des quinze premiers jours dépasse de plus de 6 °C la moyenne historique : du jamais-vu depuis le début des observations météorologiques dans la capitale russe, au milieu du XIXe siècle.


Si les citadins sont accablés par la chaleur, ce sont surtout les régions agricoles du pays qui subissent les conséquences de l'épisode caniculaire actuel. Vingt-trois membres de la Fédération de Russie sont désormais considérés en situation "d'état d'urgence" par le ministère de l'Agriculture.


9,6 millions d'hectares de cultures céréalières ont été détruits par la sécheresse - le cinquième du total -, conduisant les autorités russes à revoir à la baisse les prévisions des productions céréalières du pays pour 2010, de 95 à 85 millions de tonnes.


Moscou estime à 40 milliards de roubles (1 milliard d'euros) les pertes engendrées jusqu'à maintenant dans le seul secteur agricole. L'Ukraine et le Kazakhstan voisins, également aux prises avec un été particulièrement chaud, viennent aussi d'annoncer des rendements agricoles inférieurs aux prévisions du début de l'année.


Les "petites" cultures - champignons, fruits et baies, fines herbes -, un secteur vital pour l'économie de nombreux villages, sont elles aussi affectées, même si le caractère souvent informel de ces activités permet difficilement d'évaluer les pertes encourues. L'industrie laitière déplore déjà des pertes au sein de certains cheptels, même si le nombre de têtes de bétail touchées n'a pas été communiqué.


Craignant une envolée des prix des céréales, la Russie a annoncé mercredi 21 juillet que l'Etat allait mettre en vente trois millions de tonnes de grains sur le marché intérieur à compter du 4 août, afin de supporter notamment l'industrie de l'élevage, grand consommateur de produits céréaliers.


En dépit de ces mesures, la crainte d'une inflation généralisée à compter de l'automne se profile. Le vice-ministre du développement économique évoque une hausse des prix à la consommation à compter de septembre en raison de la sécheresse estivale.


Plus précis, le président de l'Union céréalière de Russie estime, quant à lui, à 2 % d'inflation sur l'année la conséquence économique de la canicule actuelle, en raison de la hausse des prix des denrées de base - pain, lait, fruits et légumes - directement touchées par la crise agricole.


Trois semaines après le début de cette vague de chaleur, des organisations environnementales ont interpellé le gouvernement russe, l'exhortant à lutter davantage contre le réchauffement climatique, qu'elles tiennent responsable de la canicule actuelle. Selon Greenpeace Russie et WWF, le faible taux de précipitations qu'a connu la Russie en 2009, prélude à la sécheresse de cet été, confirme les prédictions d'experts entrevoyant, avec le réchauffement de la planète, une augmentation des périodes sèches dans les régions continentales comme celles du centre de la Russie.


Les autorités sanitaires, elles, n'ont pas fait état pour le moment d'une augmentation sensible du nombre de morts directement liés à la chaleur. Le ministère des situations d'urgence a cependant mis en garde contre les risques de noyade durant cette canicule : 71 personnes qui cherchaient à se rafraîchir, sont mortes noyées en une seule journée dans le pays au début de la semaine. Des noyades dues en grande majorité à un état d'ébriété avancé...


Alexandre Billette




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire