vendredi 2 avril 2010

Une crise de confiance incomprise

Nicolas Sarkozy a longuement hésité sur la dimension à donner aux élections régionales, se contredisant à plusieurs reprises, que ce soit dans ses propos ou dans ses actes. Le 25 janvier dernier au JT de TF1 il s’était clairement positionné et avait estimé que le chef de l'Etat n'avait pas à se mêler d'un scrutin local. Comme à son habitude, il s’était engagé en prenant à témoin les Français.

Puis la campagne battant de l’aile en Ile de France, il ne put s’empêcher de convoquer Valérie Pécresse et d’autres candidats afin de cadrer « les troupes ». L’engagement de ne pas intervenir pour les régionales n’était déjà plus tenu… Puis il intervint dans d’autres régions et fit même des déplacements…

En conséquence des propos tenus fin janvier, les nombreux ministres candidats ayant été tous battus, aucun remaniement gouvernemental ne s'imposait. Nicolas Sarkozy n'avait pas non plus à s'exprimer au lendemain de ce scrutin…
Ce n’était pas mon opinion car étant un citoyen engagé et attentif, j’avais perçu avant même le scrutin, le malaise des Français, leur désamour des politiques… Le résultat et la mobilisation à venir pour les régionales me semblait risqué pour la démocratie… Et j’estimais quand cas de lourde défaite pour la majorité, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas se permettre de ne pas en tenir compte d’autant plus qu’il s’était mêlé personnellement de la campagne et des investitures au cours des dernières semaines… Je pensais que les arbitrages étant faits à l’Elysée, le scrutin n’était plus local…
D’ailleurs, au lendemain du premier tour, c’est exactement ce que j’ai écrit dans ma réaction. Mais c’est seulement au soir du second tour que la majorité présidentielle, et donc l’Elysée, a reconnu la défaite se contentant, entre les deux tours, de jouer sur les mots, en parlant de 1ère mi temps et comparant les deux tours à deux mi-temps de match de rugby…

Contrairement à toute attente, suite aux déclarations présidentielles, dès le lendemain du second tour, nous avons assisté à un remaniement « technique », avec trois entrées symboliques : un chiraquien (qui quelques jours auparavant était encore très critique sur la politique conduite depuis 2007...), un Villepiniste, et un centriste UMP. Un remaniement gouvernemental symbolique qui a été complété par la nomination à la tête de la HALDE d'une militante UMP à la place de Malek Boutih... La gronde des parlementaires de l’UMP contre l’ouverture a convaincu Nicolas Sarkozy qu’il fallait « réunir la droite ». En effet, les 50% de Français ayant boudé les urnes étaient majoritairement issus de l’électorat de droite et les parlementaires ont notamment mis en avant l’ouverture dans les reproches… Mais est-ce seulement l’ouverture qui a dérangé les Français et qui les a motivés à ne pas se déplacer les deux dimanches ?

Ensuite, le Mercredi suivant, Nicolas Sarkozy a fait une allocution à l'issue du Conseil des Ministres au cours de laquelle il s'est adressé pour l'essentiel aux agriculteurs, aux médecins, et à ceux qui estiment qu'il est, de façon plus ou moins directe, en charge de la sécurité depuis 2002.
L’allocution est claire : aucune raison de changer de Cap…, François Fillon l’avait également affirmé aux députés et aux sénateurs la veille… Le remaniement et la cohésion de la droite sont les seuls objectifs…
Une allocution pour rappeler au final que tout ce qui a été fait depuis 2007 est parfait mais que la crise mondiale ne permettait pas d'en mesurer aujourd'hui les résultats, et qu'il n'y avait finalement aucune raison de changer quoi que ce soit.

« Pas de changements de Cap » cette expression a été martelée par les divers responsables de la majorité à plusieurs reprises. Mais depuis la mi-mars et le résultat des régionales, le Gouvernement revient sur nombres d’engagements pourtant « essentiels », « prioritaires » depuis 2007 !! C’est le cas de la taxe carbone qui a été laissée de côté avec du coup un grenelle de l’environnement mis à mal, la réforme de la justice sera finalement que très légèrement traitée avec les problèmes de « gardes à vues », il serait aussi question de revenir sur les engagements de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques… et c’est ainsi sur de nombreux autres sujets. Des engagements sur un non changement de Cap mais des actes à sens inverses…

Le « message » exprimé par les Français lors des régionales est donc passé et arrivé à la tête de l’Etat : ils sont en désaccord…. Il faut donc s’en réjouir ! Mais par contre, ce qui m’inquiète, c’est qu’il n’ait pas été compris…
Deux sondages viennent confirmer mes idées… Il s’avère que les Français ne sont pas contre les réformes qui sont essentielles pour notre pays. Donc, la sanction des régionales n’était pas contre les réformes engagées ou à venir… Or, contrairement à ce qui a été annoncé, le Gouvernement revient sur un tas de réformes.
Le 2ème sondage annonce que 61% des Français estiment que Nicolas Sarkozy ne devrait pas se représenter…
C’est avec le Président de la République que les Français sont en froid et en particulier son électorat… Ce sont ses méthodes, ses manières, son attitude, l’exposition de sa vie privée au grand public qui les agacent. Les trop nombreuses contradictions dans son comportement avec des promesses qui ne sont pas tenues. Trois ans après son arrivée à l’Elysée, son style lui est fatal.

Mais, 3 semaines après les régionales, le message des Français n’a pas été compris… le décalage entre les discours de l’Elysée et les actes sont toujours aussi importants. A croire que les Français sont pris pour des imbéciles ?

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