dimanche 24 janvier 2010

Jospin le retour...

Quand Lionel Jospin arrêtera-t-il donc de dire qu’en fait, il aurait dû gagner l’élection présidentielle du printemps 2002 ? Même Valéry Giscard d’Estaing a reconnu et digéré sa défaite du 10 mai 1981 et n’a pas hésité à poursuivre son action politique dès 1982 pour apporter ses compétences et son énergie au service de l’avenir de la France. Au lieu de cela, Lionel Jospin essaie de vendre un livre et ressasse, ressasse…

Notre ancien Premier Ministre, Lionel Jospin, vient de sortir un livre sous forme d’entretien : "Lionel raconte Jospin". Alors, il s’épanche partout dans les médias et a même été l’unique sujet d’un documentaire diffusé sur France 2.

Il y a cependant un réel malaise à ressasser une fois encore son échec de 2002 alors que les socialistes ne semblent pas en avoir fini avec la malédiction de cette défaite !!

Longtemps dans l’ombre, presque mort politiquement lors de sa défaite aux législatives de 1993, candidat en 1995 faute de combattants au PS, Lionel Jospin est entré dans l’histoire en 1997 en gagnant une élection nationale et permettant la formation d’un Gouvernement de gauche.

Il faut reconnaître qu’il a été l’un des trois ou quatre leaders socialistes à avoir fait gagner la gauche non radicale depuis de nombreuses années, avec Léon Blum et François Mitterrand.

La dissolution de 1997 et l’impopularité du gouvernement Juppé ont suffi à lui apporter la victoire aux législatives deux ans après son échec présidentiel. Matignon au lieu de l’Élysée. Pendant cinq ans, Lionel Jospin a donc cru gouverner convenablement, du haut de ses certitudes.

Pourtant, il a fait plein d’erreurs et il ne faut pas les oublier...

La première, la plus grosse, ce sont les 35 heures. Heureusement que le monde se trouvait alors dans un contexte de prospérité et de croissance. Lionel Jospin, avec la réduction du temps de travail, a freiné la croissance économique. D’ailleurs, la preuve en est que la crise des nouvelles technologies (informatique et télécommunications) à partir de 2000 a engendré une baisse significative de la création d’emplois et de la croissance.
Une autre erreur fondamentale fut l’adoption du quinquennat. J’ai été parmi les très peu nombreux (27% des 30% de votants) à voter contre le quinquennat au référendum du 24 septembre 2000. Je craignais notamment que les Députés perdent de leur liberté et deviennent trop dépendants de l’Elysée… Maintenant, avec presque deux quinquennats de recul, beaucoup de voix commencent à se faire entendre disant que le quinquennat n’est finalement pas très pertinent. Cela rend la Présidence "hyper présidentielle".

Mais les deux principales fautes politiques de Lionel Jospin ne furent pas des actions mais des démissions : son refus de s’occuper du douloureux problème des retraites par simple lâcheté électoraliste et, par ignorance du monde "réel". Il a eu aussi un manque de compréhension des problèmes de sécurité, thème principal de la campagne présidentielle de 2002 après les attentats du 11 septembre 2001…

Je pense qu’il fallait souligner ces quelques lignes d’autant plus que ces erreurs n’étaient pas abordées dans le reportage de France 2. Il ne faut pas oublier non plus la « cagnotte » en raison du surplus de 50 milliards de Francs sur le budget 2000… A l’époque Lionel Jospin a reversé les excédents de l’Etat en baisse d’impôts au lieu de privilégier la baisse de la dette ! D’autant plus que ses réformes étant extrêmement coûteuses, dès la prochaine baisse de croissance, la France aurait eu besoin de ces recettes supplémentaires !

Lionel Jospin a été un homme brillant auprès de Mitterrand puis malgré tout en tant que chef du Gouvernement. Mais dans l’émission de France 2 lui étant consacré, son ego, trop fort, ce qui est sans doute la marque ordinaire d’un leader politique de premier plan, le rend guère objectif sur ses analyses sauf peut être sur sa réaction au soir du 21 avril…? Mais avec l’échec, peut-on rester avec tant d’autosatisfaction et de suffisance ? Il dit : « Quand je regarde en arrière, c’est le plaisir qui domine, parfois, la fierté, jamais l’amertume…Je me suis personnellement accompli et j’ai servi mon pays »

Alors, entendre Lionel Jospin, en 2010, ruminer encore et toujours sur son échec de 2002 et n’avoir aucune capacité à faire de l’autocritique est franchement aberrant et décrédibilisant. L’entendre dire (comme sur France Inter le 7 janvier 2010 où son interview a dû être écourtée en raison de l'annonce du décès de Philippe Séguin) que "normalement", 2002 aurait dû se passer autrement, c’est vouloir refaire l’histoire, refuser le verdict des électeurs, et finalement, c’est toujours faire preuve de mauvais perdant. Il répète en ce moment ce type de phrase : « Nous savons tous qu’avec un peu moins de légèreté et d’imprudence à gauche, le sort de l’élection pouvait être tout autre ».


Le seul mea culpa, ce fut pour dire du bout des lèvres : « J’ai surestimé le rejet de Jacques Chirac, j’ai surestimé la perception positive de mon bilan. J’ai sous-estimé l’impact qu’avait la division de la gauche, j’ai sous-estimé le premier tour. Ma campagne n’a pas été assez offensive. ». Tout en se dédouanant immédiatement : « Mais quand l’attelage va à hue et à dia, c’est difficile d’être bon ».Je ne pense pas que les causes réelles de son éviction soient dans la désunion de la gauche (ce n’est pas Chevènement, ce n’est pas Taubira, ce n’est pas Mamère). Il y a des causes qui proviennent de lui-même, de sa manière de se comporter avec les citoyens, et de sa politique : carences en matière de politique fiscale, de sécurité ou de rapport à l’Europe, distant avec les Français. Après huit ans, il serait temps de le reconnaître.


Toujours le passé… Et l’avenir, alors ? Il devrait plutôt aider les socialistes à rebondir !

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