jeudi 19 avril 2012

La campagne présidentielle vue de l'étranger

Source : L'Est Républicain

JUGÉE MORNE, DÉCALÉE par rapport aux préoccupations des Français par l’opinion publique hexagonale, la campagne présidentielle ne trouve pas davantage grâce à l’étranger, comme le soulignent les correspondants européens, américains et japonais en poste à Paris.

Ceux qui ont suivi les élections de 2007 ne cachent pas leur nostalgie et avancent des éclairages comparatifs peu flatteurs pour l’actuelle compétition et ses acteurs. La personnalité de Nicolas Sarkozy est souvent prise pour cible par les observateurs étrangers qui, lorsqu’ils regardent à gauche, s’inquiètent du phénomène Mélenchon (lire ci-dessous), puis du positionnement idéologique de François Hollande et du PS.

« La différence entre les deux campagnes est vraiment marquée », s’exclame Luis Uria, correspondant de « La Vanguardia », quotidien espagnol de centre droit. « Il y a 5 ans, on sentait un enthousiasme et une envie de part et d’autre. Aujourd’hui, l’ambiance est plombée par la crise. Sarkozy n’incarne plus le nouvel espoir de la droite. Son profil soulève les passions ».

Alessandro Grandesso, correspondant pour la chaîne italienne Radio Monte-Carlo se souvient de « la campagne excitante qui opposait un homme, le nouvel espoir de la droite, et une femme à gauche, ce qui constituait aussi une nouveauté. L’Italie continue toujours de plus s’intéresser à la France que vous à l’Italie, surtout depuis qu’on n’a plus Berlusconi, mais franchement, l’enthousiasme n’y est pas ».

« Pas franchement sexy, cette campagne, on a du mal à s’y intéresser », confesse Hitoshi Suzuki, chef du bureau parisien de la NHK, la grande chaîne de télévision japonaise. « Votre campagne, on pourrait la résumer à ceci : Sarkozy versus Sarkozy, cela fait vraiment bizarre qu’il choisisse de faire contrition sur le Fouquet’s et le yacht à quelques semaines du premier tour ! Ce qui nous inquiète le plus, c’est la façon dont le résultat de la présidentielle va peser sur la solidité de la zone euro, cela aura forcément un impact sur les autres économies du monde. »

« Les questions centrales autour de la crise ne sont pas abordées », estime Léo Klimm, correspondant du Financial Times Deutschland. Il se fait malicieux à l’évocation des tribulations du couple franco-allemand : « Ériger l’Allemagne en modèle, je m’en suis tout d’abord réjoui. Puis j’ai eu des doutes très forts : ce n’était pas une bonne idée pour un peuple fier comme les Français. Quant à la venue de Mme Merkel à un meeting de Sarkozy, elle était certes annoncée par la CDU, mais à la demande de l’UMP. La chancelière n’a aucun intérêt à venir. Elle doit pouvoir travailler avec n’importe quel candidat devenant le futur président ».

« Le ras-le-bol du sarkozysme la poussera-t-elle à donner sa chance au candidat socialiste qui se présente pour la première fois ? Le résultat s’annonce très serré », pronostique Alexander Freiherr von Sobeck-Skall, responsable de la ZDF à Paris.

« En 2007, beaucoup de nouveautés et de promesses, et aujourd’hui les Français sont déçus », relève Devorah Lauter, journaliste au Los Angeles Times, « je ne serais pas surprise qu’il y ait une forte abstention ».

Philippe RIVET

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