mercredi 8 février 2012

Encore une occasion ratée de se taire

Ils ont tous ratés une belle occasion de se taire, à droite comme à gauche, suite aux propos tenus par Claude Guéant le week end dernier lors d'un congrès de l'UNI.


Une nouvelle fois, c'est avant tout la classe politique, la démocratie et nos institutions qui sont ridiculisées face à de telles attitudes.


On a tout d'abord un incendiaire qui n'est autre que le Ministre de l'Intérieur en personne qui, pour dénoncer des pratiques tout à fait condamnables, a utilisé volontairement des termes suscitant de lourdes interrogations sur le message exact qu'il voulait faire passer.


Personnellement, nous sommes à la veille d'un scrutin présidentiel où le Président sortant est en mauvaise posture dans l'ensemble des sondages. Ils annoncent même un risque d'élimination du second tour au profit de Marine Le Pen : il ne faut donc pas perdre une seule voix, voire même en récupérer à la droite de la droite... Je ne doute donc pas que le vocabulaire ait été sagement recherché afin de toucher l'électorat frontiste grâce aux remous que provoquerait la gauche après de tels propos.


Et, l'étincelle a bien été allumée par la gauche qui s'est offusquée du discours de Claude Guéant. Elle est même montée au créneau lors des séances de questions au Gouvernement d'hier après midi en copiant la méthode du Ministre : exagérer en utilisant une métaphore des périodes sombres de l'histoire mondiale...


Au final, la gauche et la droite se sont critiqués, se sont hurlés dessus... mais le débat n'a absolument pas avancé... Les Français ont quant à eux observer le spectacle et je ne doute pas une seconde que cet épisode, de tout de même 5 jours, aura malheuresement créé une nouvelle détérioration de l'image des politiques.






Un député évoque le "nazisme" pour dénoncer les propos de Guéant




Une levée de séance a eu lieu à l'Assemblée nationale, mardi 7 février, lors des questions au gouvernement, suite à l'intervention du député apparenté socialiste de Martinique Serge Letchimy, qui a évoqué le "nazisme" et "camps de concentration" pour fustiger les propos polémiques du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, sur "les civilisations".


Fait rare, les députés UMP et les membres du gouvernement - le premier ministre François Fillon en tête - ont quitté en masse l'hémicycle, après que Serge Letchimy, a déclaré sous les huées des députés de la majorité : "Vous, M. Guéant, vous privilégiez l'ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration." "M. Guéant, le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ?", a lancé l'élu, qui dirige le Parti populaire martiniquais (PPM), créé par Aimé Césaire.

Lire : L'intégralité de la question du député Letchimy


"UN JEU DANGEREUX"


M. Letchimy a ensuite accusé le ministre de l'intérieur de chercher à "récupérer" une part de l'électorat du Front national en flattant "une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque". "C'est un jeu dangereux", a-t-il dit. Un discours prononcé devant M. Guéant, visiblement détendu et souriant.


Lorsque M. Letchimy a fait réference aux "camps de concentration", M. Fillon a aussitôt fait signe aux membres du gouvernement et de la majorité et ils ont quitté l'hémicycle. Les députés UMP ont suivi dans la cohue, tandis que des huissiers de l'Assemblée établissaient un cordon entre les bancs de l'opposition et ceux de la majorité. Peu après l'incident, le chef du gouvernement a demandé dans un communiqué aux responsables de l'opposition de condamner "une provocation indécente".





"TIRER UNE SONNETTE D'ALARME"


Le président de l'Assemblée UMP, Bernard Accoyer, a vainement appelé au calme, puis demandé au ministre des relations au Parlement, Patrick Ollier, resté seul au banc du gouvernement, "si cette intervention appelait une réponse du gouvernement". En l'absence de réponse et alors que l'effervescence ne diminuait pas dans l'hémicycle, il a levé la séance à 15 h 42. M. Accoyer a précisé que le bureau de l'Assemblée se saisirait de cet incident "très grave" le 22 février.


Après l'incident, M. Ollier a indiqué au Monde, au nom du gouvernement, que cette assimilation était "insupportable" et qu'il s'était "senti insulté". M. Letchimy a ensuite précisé ses propos, indiquant que comparer les civilisations était pour lui "un recul historique". "Moi Martiniquais, moi fils d'esclave, je ne peux pas accepter les propos de M. Guéant. Il s'agissait pour moi de tirer une sonnette d'alarme, il fallait le faire, je l'ai fait, je l'assume." "On va vers une dérive, on ne peut pas se taire devant ce genre de choses", a-t-il ajouté sur LCP.


"AUCUNE EXCUSE PUBLIQUE"


Dans les couloirs, le président des députés UMP, Christian Jacob, a réclamé des "excuses" à son homologue socialiste, Jean-Marc Ayrault, après ces "propos prémédités" de M. Letchimy. M. Ayrault a éludé en dénonçant les "provocations" de M. Guéant. M. Letchimy a rétorqué qu'il ne ferait "aucune excuse publique" et que c'était au ministre de l'intérieur de "s'excuser" pour ses propos.




M. Letchimy fait partie des élus martiniquais ayant prévenu mardi matin que le ministre de l'intérieur n'est pas le "bienvenu" en Martinique, à quelques jours de la venue de M. Guéant sur l'île.




Avant cet épisode, le ministre de l'intérieur Claude Guéant a maintenu ses propos controversés mardi, assurant dans une lettre au Conseil français du culte musulman (CFCM) - qui lui avait demandé de dire qu'il ne visait pas "la civilisation musulmane" - que ses propos controversés sur les civilisations ne visaient pas les musulmans français.



Les propos du ministre marquent le début d'une offensive à droite sur les thèmes de l'immigration ou de la sécurité. Suite à ses propos polémiques, M. Guéant a été vivement critiqué par l'opposition, notamment par la gauche qui y a vu "un dérapage volontaire", alors que Nicolas Sarkozy lui a apporté son soutien, lundi.



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