dimanche 17 juillet 2011

Ne l'oublions pas : l'euro est un atout

Source : Le Monde




L'actualité de la zone euro est tellement sinistre - l'interminable tragédie grecque et les risques que celle-ci contamine plusieurs autres pays - qu'on prendrait volontiers la monnaie unique pour une malédiction. Une de ces bonnes idées qui aurait mal tourné.


Rien n'est plus faux : l'euro est un atout. Il a bien servi l'union monétaire depuis sa mise en circulation en 2002. Il est l'un des éléments qui font que l'Europe a un avenir dans le monde de demain.



Cela, il faut le répéter au moment où la crise née de la dette souveraine européenne fait douter de l'euro. Celui-ci n'est pour rien dans l'état désastreux des finances publiques grecques, dans l'endettement bancaire irlandais, ni dans celui des comptes publics du Portugal.


Le montant du déficit fédéral américain ou celui de la dette publique britannique montrent que les déséquilibres budgétaires ne sont nullement l'apanage de la zone euro.


Les philosophes devront s'interroger un jour sur cette caractéristique des démocraties occidentales en ce début de XXIe siècle : elles sont toutes lourdement endettées. Et, pour l'essentiel, cet endettement public précède la crise financière de 2008-2009.


On estime que seuls 20 % à 30 % du déficit de ces pays sont imputables aux mesures de relance prises en 2008-2009 pour lutter contre la récession. Le reste relève d'une singulière propension à la dette, dont les causes ne sont sans doute pas qu'économiques.



Exprimé en monnaies nationales, il est à peu près certain que cet endettement aurait conduit nombre de pays aujourd'hui membres de la zone euro, notamment la France, à dévaluer plusieurs fois ces dernières années - et la perte de valeur d'une monnaie est une perte de pouvoir d'achat qui touche d'abord les plus pauvres.


C'est l'un des grands mérites de l'euro : il a été un bouclier contre les chocs financiers de l'époque. Il a permis à ceux qui l'ont adopté de maintenir l'inflation sous contrôle et de connaître des taux d'intérêt historiquement bas.



Sa relative bonne tenue face aux autres grandes devises - certains jugent même l'euro surévalué - a diminué le prix auquel les membres de la zone achètent leurs matières premières. Enfin, supprimant le risque de change, il a présidé à un accroissement sans précédent du commerce intra-européen.



Tout cela, qui est considérable, se traduit en précieux points de croissance que nous n'aurions pas eus sans la monnaie unique. Le monde de demain sera organisé autour de trois à quatre blocs monétaires. L'Europe sera l'un d'eux avec l'euro : c'est la garantie de peser un peu dans la compétition globale.



Il y a un prix : l'euro suppose une coordination des politiques budgétaires, encore balbutiante. Et qui peut heurter la sensibilité des plus attachés à la souveraineté nationale. Mais, si l'on en croit les sondages, une majorité des Européens sont disposés à aller plus avant dans l'harmonisation des politiques budgétaires. C'est du côté des politiques que le souffle manque.




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