jeudi 21 juillet 2011

La Grèce échappe à la faillite


Un plan de 158 milliards d'euros pour sauver la Grèce

Les dirigeants européens, réunis à Bruxelles, ont trouvé un accord pour un sauvetage du pays.


La zone euro a mis jeudi sur la table un nouveau plan d'aide de près de 160 milliards d'euros pour sauver la Grèce et empêcher une contagion de la crise de la dette, au risque toutefois de provoquer un défaut de paiement du pays et de briser un tabou. Après dix heures de discussions lors d'un sommet à Bruxelles, les chefs d'État de l'Union monétaire sont parvenus dans la soirée à un accord pour alléger la dette grecque - d'un montant de près de 350 milliards d'euros actuellement - et impliquer les banques.


Le volume de la dette devrait être au moins réduit de 26 milliards d'euros d'ici fin 2014, a annoncé le Premier ministre grec Georges Papandréou à l'issue de cette réunion de crise. Les dirigeants de la zone euro ont décidé de frapper fort avec un sauvetage d'un montant supérieur aux attentes et au premier plan décidé en urgence au printemps 2010, de 110 milliards d'euros. Ce deuxième plan d'aide courant jusqu'à fin 2014 sera dans le détail composé d'environ 109 milliards d'euros de prêts de l'Europe et du Fonds monétaire international, même si la répartition entre les deux ensembles n'a pas encore été décidée. Le reste doit venir des banques, assureurs et fonds d'investissement qui ont prêté de l'argent à la Grèce, répondant ainsi à une exigence de l'Allemagne qui avait suscité beaucoup de remous et de divisions parmi les Européens.


Tractations


Pour des raisons politiques, Berlin cherchait à faire participer les banques au deuxième plan d'aide, mais cette requête inquiétait au plus haut point car elle risquait de déboucher sur un défaut de paiement de la Grèce, aux conséquences désastreuses pour l'économie du pays. Les opposants à cette option, au premier rang desquelles la Banque centrale européenne, ont fini par céder. Car si les dirigeants de la zone euro ont accepté implicitement la probabilité que cela entraîne un défaut sur une partie de la dette grecque, ceci ne devrait durer que quelques jours, selon un diplomate. Il s'agira néanmoins d'une première pour un pays de la zone euro.


La participation des banques a donné lieu à un rude bras de fer ces dernières semaines entre Berlin, soutenu par les Pays-Bas et la Finlande d'une part, la Banque centrale européenne, la France et de nombreux pays d'autre part. Ces différends ont alimenté la nervosité des marchés et créé des turbulences qui ont failli emporter l'Italie - fortement endettée elle aussi - à son tour dans la tempête de la crise de la dette.


Jusqu'ici fermement opposé à cette solution, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a salué le nouveau plan d'aide, le jugeant "crucial" pour stabiliser l'économie grecque. Il n'a toutefois pas exclu un défaut de paiement de la Grèce, qu'il avait rejeté jusqu'ici. "Nous faisons valoir nos arguments, nous ne sommes pas toujours entendus", a-t-il reconnu. Il s'est aussi félicité du fait que la participation du secteur privé au plan d'aide soit limitée à la seule Grèce, et ne soit pas envisagée pour d'autres pays fragiles au sein de la zone euro.


Amorce d'un Fonds monétaire européen


Surtout, il a obtenu une concession forte : la zone euro accepte dorénavant de racheter elle-même de la dette publique de pays en difficulté sur les marchés, via son Fonds de secours financier, afin de soulager les banques qui en détiennent des montants importants. Seule la BCE était chargée jusqu'ici de cette tâche. Le Fonds pourra aussi débloquer des prêts "préventifs" pour empêcher que des pays fragiles soient entraînés dans une crise de la dette. Le président français Nicolas Sarkozy y a vu "l'amorce d'un Fonds monétaire européen". "Nous sommes conscients des efforts demandés aux Grecs, l'ensemble des pays de la zone euro ont décidé d'être à leur côté, on ne peut abandonner un membre de la zone euro à partir du moment où celui-ci s'engage dans un programme de réforme", a-t-il également estimé.


Après avoir accordé un plan d'aide substantiel, la zone euro n'entend pas s'arrêter en si bon chemin : des propositions pour améliorer sa gouvernance seront faites "avant la fin de l'été" avec la chancelière allemande Angela Merkel, a indiqué Nicolas Sarkozy, alors que l'avenir même de la zone semblait en péril avec la cause grecque. Dès vendredi, le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a déclaré vendredi que son pays était prêt à acheter davantage d'obligations du Fonds européen de stabilité financière (FESF) si nécessaire. En attendant, sur les marchés financiers, les annonces de jeudi ont favorisé un rebond par anticipation des marchés. Quant à la monnaie unique, elle s'est fortement apprécié face au dollar, repassant au-dessus de 1,44 dollar. Les marchés financiers asiatiques ont salué vendredi l'annonce du plan : vers 2 h 20 GMT, la Bourse de Tokyo gagnait 0,86 %, Hong Kong 1,35 %, Sydney 0,85 % et Séoul 0,56 %.


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