vendredi 13 mai 2011

Le canal du Forez, un élément indispensable pour l'activité économique agricole de la plaine du Forez

Source : Le Progrès



« Sans le canal du Forez, on serait en train de pleurer sur les blés… »


Gilles Javelle est l’un des 600 agriculteurs que le canal préserve de la sécheresse





Gilles Javelle balaie du pied le bord de son champ. Nuage de poussière. La terre, très sèche, se craquelle en d’imposantes crevasses. « L’arrosage n’arrive pas jusque-là. Vous voyez le résultat, après toutes ces semaines sans pluie… ».


Ces épis-là, c’est sûr, n’arriveront pas à maturation. Mais le reste de la parcelle, verdoyant, promet une belle récolte. Le canal du Forez veille sur les terres du domaine du Banchet, à Bussy-Albieux !


Gilles Javelle s’est installé ici en 1977, se spécialisant dans la production de volailles et viande bovine charollaise. Il a d’abord vécu le pire. « L’eau n’est arrivée, grâce au canal, qu’en 1994. Avant, on subissait… ». Une sécheresse, et la catastrophe s’abattait sur les fermes du Forez. « L’agriculture, c’est une succession de périodes de manque, puis d’excès. L’idée est de pouvoir stocker l’eau en hiver pour la réutiliser en période sèche. Mais ce stockage est difficile en zone plate ».


Puis le « miracle » est arrivé. « Depuis 1994, nous sommes alimentés par la station du mont d’Uzore. Le SMIF (syndicat mixte d’irrigation et de la mise en valeur du Forez) livre, via des canalisations, de l’eau aux différentes ASA (association syndicale autorisée). La nôtre, l’ASA de La Pra, dessert Sainte-Foy/Saint-Sulpice et Bussy-Albieux, soit une vingtaine d’exploitations agricoles ».
Depuis plus de quinze ans, le canal du Forez apporte donc l’eau nécessaire à la production de foin et de maïs indispensables pour nourrir les animaux. « L’arrivée de l’irrigation a pérennisé nos exploitations. Bien sûr, ces installations coûtent cher. Mais sécuriser une installation agricole, cela n’a pas de prix ! ».


Car ce printemps 2011 met les nerfs paysans à rude épreuve. « Pas de pluie, une température supérieure de 2 à 3 degrés à la normale, du vent… c’est un sacré coup de sec. Nous en sommes déjà au troisième passage d’eau sur les blés. Si on n’avait pas eu le canal du Forez, on serait en train de pleurer sur ces blés. Et on n’aurait même pas tenté de semer le maïs ».


René Couturier, élu du bureau du SMIF, confirme. « L’irrigation rendue possible grâce au canal, c’est une sécurité pour les agriculteurs. S’il ne pleut pas rapidement, les cultures non irriguées pourraient subir jusqu’à 50 % de rendement en moins ».


Pourtant, une menace plane sur les exploitants agricoles de la Plaine. « Le SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux), en cours d’élaboration, envisage une réduction du droit de prélèvement du canal du Forez dans la Loire. On n’est pas du tout d’accord ». Une réunion est prévue demain. Et ce risque de chute du débit du canal inquiète les responsables de l’irrigation bien davantage que la sécheresse…

Quand le canal du Forez a-t-il vu le jour ?
Les travaux de construction de l’ouvrage ont commencé en 1865. La branche principale s’est terminée en 1887, la plupart des sous-artères ont été achevées en 1900.
Le canal a été géré directement par le Département de la Loire, puis par le SMIF créé en mai 1964.

Quel est son usage aujourd’hui ?
Alimenté par le barrage de Grangent et allant jusqu’à Montverdun, il dessert trente-cinq communes grâce à sa branche principale et aux deux artères de L’Hopital et Poncins.
Son but premier reste l’irrigation de terres agricoles (ainsi que la desserte d’étangs et jardins), à laquelle sont consacrés 6 à 15 millions de mètres cubes d’eau par an.
Un second usage est apparu en 1988 : la fourniture d’eau pour la consommation humaine, à raison de 1,3 million de mètre cube. Le canal est ainsi la seule source d’alimentation en eau de Feurs.

Quels sont les impératifs du syndicat ?
Nous avons réalisé beaucoup d’efforts en termes de gestion et d’économie de l’eau. Le débit du canal était en 1959 de 4,2 voire 5,2 mètres cubes/seconde. Aujourd’hui, la pointe maximale s’arrête à 3,7 mètres cubes/seconde avec une couverture plus importante : entre 6 300 et 6 500 hectares.

Quelle est la situation en cette période actuelle de sécheresse ?
Le débit de la Loire entrant dans le barrage de Grangent est de 8 mètres cubes/seconde : 2 mètres cubes restent dans la Loire, 2,8 arrivent dans le canal et le reste est stocké par EDF.
La demande en eau a commencé le 10 avril.
Mais nous savons que les besoins seront plus importants en juin et juillet, par rapport aux cultures mises en place.
Il y a une sécheresse printanière, c’est vrai, mais elle n’est pas exceptionnelle.

Combien d’exploitations agricoles du Forez bénéficient de « l’effet » canal ?
Environ 600, dont 80 % sont consacrées à la polyculture/élevage, 10 % au maraîchage et 5 % aux grandes cultures. Cela représente plus de 800 emplois directs.
Le canal dessert 30 000 hectares de surfaces agricoles utiles, dont 75 % en herbe (luzerne), 15 % en céréales ou colza et 9,5 % en maïs ou tournesol.

Marie Perrin


http://www.leprogres.fr/loire/2011/05/12/sans-le-canal-du-forez-on-serait-en-train-de-pleurer-sur-les-bles

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