mardi 17 mai 2011

Affaire DSK : accusations accablantes, images chocs, le déroulement de ces deux derniers jours est particulièrement glaçant

Les faits reprochés à DSK sont extrêmement graves. Pour le moment, quelques heures après le début de l’affaire, nous avons très peu d’informations puisque la défense n’a pu avoir la parole. DSK est donc peut être innocent, victime d'une machination, et si c'était le cas, il faudra que ceux qui sont derrière ce complot soient sévèrement punis ; il est aussi peut être coupable, et alors son geste est impardonnable et doit être jugé sans pitié selon les lois en vigueur aux Etats Unis.

Si Dominique Strauss Kahn est coupable, cela veut dire que les rumeurs sur son penchant immodéré pour les femmes, l'avertissement de Quatremer notamment, mais aussi les diverses affaires des dernières années, tout cela était finalement vrai. Cela voudrait dire que pendant des années, journalistes, personnalités politiques, personne n'a dit tout haut ce qui se passait... Ce serait inacceptable.

Si les faits reprochés sont vrais, c'est un sérieux coup qui serait porté sur l'action publique ; coup dont nous n'avons pas besoin, les politiques n'ayant pas la cote auprès de nos compatriotes







Edito du Monde de ce jour





Le temps juridique contre le temps politique

Les faits qui sont reprochés à Dominique Strauss-Kahn sont particulièrement graves. Mais, à ce stade de la procédure en cours, ils ont une particularité : ils ne sont pas avérés. Pourtant, médiatiquement et politiquement, M. Strauss-Kahn est déjà jugé. Et durement sanctionné, impitoyablement.

Quand l'un des hommes les plus puissants du monde est livré aux photos de presse, sortant d'un commissariat menotté, mains dans le dos, il subit déjà une peine qui lui est spécifique.

Question grave : faut-il que la célébrité d'un homme le prive de sa présomption d'innocence médiatique ? Car s'ils doivent assurément être à égalité devant la justice, tous les hommes ne le sont pas face à la presse… Dans cette affaire, les médias sont tous coupables. Et la mise en scène de la justice américaine est une manière d'organiser à l'avance une première condamnation – médiatique, celle-là – de tout suspect appartenant au monde des gens connus.

Sous le coup d'un triple chef d'inculpation – "acte sexuel criminel, tentative de viol et séquestration" –, le directeur du Fonds monétaire international devait être présenté ce lundi 16 mai à un juge de New York. M. Strauss-Kahn a déjà fait savoir, par l'intermédiaire de ses avocats, qu'il niait ces faits. Il a volontiers accepté de se soumettre à toutes les analyses corporelles auxquelles la police souhaitait procéder.

Après, bien après, viendra le procès, qui seul dira si, à l'examen des faits, les chefs d'inculpation sont fondés ou non.

Le temps juridique est un temps long. A l'issue du procès, M. Strauss-Kahn peut être totalement disculpé. Cela est arrivé lorsqu'il fut soupçonné – de "faux et usage de faux" – puis relaxé dans l'affaire de la Mutuelle des étudiants de France (MNEF), en 1999.

Le temps médiatique, on le sait, n'existe pas, ou plus. En ce domaine, règne une seule unité de compte : la nanoseconde. Par la grâce de Twitter et autres merveilles de la communication électronique instantanée, le récit est "en direct". Qu'on s'en félicite ou qu'on y voie les prémices de quelque chose de cauchemardesque, peu importe : c'est ainsi.

Du coup, la seule nouvelle de l'interpellation de M. Strauss-Kahn peut faire baisser l'euro sur les marchés asiatiques – c'était le cas lundi matin – ou compliquer à l'avance une négociation sur la dette grecque. Et elle peut aussi, on le sait à satiété depuis dimanche à l'aube, bouleverser dans la seconde la perspective de l'élection présidentielle française.

Car, aligné sur l'immédiateté médiatique, le temps du politique n'est pas celui du juridique. Que Dominique Strauss-Kahn puisse in fine être déclaré non coupable est presque sans conséquence sur son avenir politique.

La procédure en cours, qui va durer, l'empêche de participer à l'élection primaire du Parti socialiste. Le choc de l'affaire – ce "coup de tonnerre", comme dit justement Martine Aubry, la première secrétaire du PS – est tel qu'il chasse M. Strauss-Kahn de la scène politique. Quelle que soit sa culpabilité.


http://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/05/16/le-temps-juridique-contre-le-temps-politique_1522591_1522571.html#xtor=EPR-32280229-%5BNL_Titresdujour%5D-20110516-%5Bopinions%5D

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