mercredi 23 mars 2011

La France a plus que besoin de l'oeil centriste

Il n'a échappé à personne, en interne des partis politiques mais aussi dans l'ensemble des communes dont le canton était renouvelable, que nous étions en campagne électorale depuis quelques mois ! Dimanche dernier avait en effet lieu le premier tour des élections cantonales. Dans l'ensemble des partis, l'artillerie lourde a été déployée afin de mobiliser les Français et les inviter à faire leur devoir civique.


Malheureusement, les voyants de la démocratie ont une nouvelle fois virés au rouge! 55,3% des électeurs ont boudé les urnes! L'abstention a donc été la grande gagnante !

Le parti socialiste peut se réjouir d'être arrivé en tête mais son score n'est pas aussi élevé que ce qu'on pouvait attendre... C'est en ajoutant ses voix avec celles des autres composantes de la gauche que l'opposition devient plus forte. Dans le scrutin de dimanche, on note aussi la progression et l'enracinement du Front National dans notre paysage politique où il totalise 15,2% des voix en ayant présenté des candidats dans 75% des cantons renouvelables. Enfin, les candidats de la majorité présidentielle mais surtout se relevant de l'UMP enregistrent un recul historique. Notons au passage que les candidats du Nouveau Centre enregistrent une moyenne de 23%.


A un an de l'élection présidentielle, nous venons de vivre un scrutin riche d'enseignements. Il s'agit bel et bien d'un vote sanction, d'un sévère avertissement, envoyé par les Français. Ils ont perdu confiance en leurs élus. Ils sont dans une phase d'inquiétude pour leur avenir et celui de leurs enfants. Ils semblent ne pas être entendus et ne trouvent pas aujourd'hui chez nos politiques des réponses à leurs interrogations.


Ces résultats ne sont que la redondance des dernières élections régionales qui n'avaient déjà pas été bons pour la majorité. Depuis, les Centristes avaient augmenté leurs prises de positions divergentes et constructives au sein de la majorité en portant les inquiétudes des Français. Aussi, tout en étant des partenaires loyaux, ils ont été régulièrement -bons conseils- en faisant remonter du terrain et en prévenant des situations sensibles l'exécutif.


Ce fut le cas pour l'ISF où la question de la justice des Français face à la fiscalité était altérée depuis l'instauration du bouclier fiscal. Depuis le début de la législature, le Nouveau Centre en particulier a toujours demandé son retrait mais aussi alerté la majorité sur les conséquences de son maintient, renforcé en période de crise, vis à vis des Français vivant de plein fouet les répercussions des crises successives et devant payer leurs impôts. Il a fallu attendre l'approche de l'élection présidentielle et des courbes de popularité extrêmement basses pour changer de cap peut etre trop tardivement...


La relation de confiance avec les Français a aussi été altérée lors du dernier remaniement où le Président de la République a commis une erreur de sincérité lors de sa déclaration aux Français. Nous avons bien compris que pour régler une situation plus tenable au Ministère des Affaires étrangères, il a mis en avant des risques en matière de conditions de sécurité en agitant le désormais récurrent chiffon rouge de l'immigration, en raison des soulèvements en Afrique du Nord. Ce n'était pas un changement de Ministre qui allait permettre à la France de prévenir le risque d'immigrants... Mais ce maquillage de chaises musicales a permis à Nicolas SARKOZY de ne pas reconnaitre l'échec de sa politique étrangère où il a eu autre possibilité que de placer son plus fidèle ennemi et de solder l'épineux problème des vacances de Michèle Alliot Marie. Ce faisait plusieurs semaines que les centristes réclamaient au Président de la République des actes afin de terminer cette série guère glorieuse pour la classe politique.


Les Français ont ce week end sanctionné la classe politique et exprimé leur "ras le bol" en raison du décalage total avec leurs priorités. Ils ont l'impression qu'ils sont plus attentifs à l'élection présidentielle de 2012 qu'aux réponses à leur apporter.

La gauche expose ses divisions dans l'organisation de ses primaires en occultant complètement le débat avec les Français mais aussi son rôle d'opposition. Quant à l'UMP, c'est sans aucun doute une stratégie de virage à droite choisie par l'Elysée qui a été rejetée par les urnes.


En un peu plus d'un an, nous avons enchainé les débats et les polémiques tels que l'identité nationale, la stigmatisation des Roms, la burqua, les minarets, la déchéance de la nationalité ; sujets importants mais que les Français ne jugent pas comme devant être au centre des débats politiques contrairement au pouvoir d'achat ou leur situation face à l'emploi.


Le débat sur la déchéance de nationalité a été une mesure, purement symbolique, électoraliste, annoncée en juillet dernier par le Président de la République. Les centristes ont immédiatement réagi, puis combattu au Sénat mais aussi à l'Assemblée Nationale le texte lorsqu'il a été présenté. Face à la fronde centriste, lucide sur le regard des Français, et aux conséquences de tels débats pour la cohésion de notre République, le Gouvernement et la majorité UMP ont décidé de retirer l'article en question dans le texte de Loi.


Le débat sur la place de l'islam puis / ou sur la laïcité,- l'objet précis ayant changé à plusieurs reprises-, a été un sujet de surenchère démagogique et a également été dénoncé par les Centristes. D'ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, le Ministre de l'intérieur se devait de reconnaître que l'ensemble des axes de réflexion autour de ce sujet se révélaient inutiles puisque l'application pure et simple des lois de la République permettait des répondre à l'ensemble des questions du débat. Les Centristes ont à plusieurs reprises alerté le Gouvernement et la majorité UMP de l'inutilité de telles polémiques et des risques concrets de centrer prioritairement les débats autour des questions de sécurité et des thématiques du Front National alors que les Français attendent avant tout autre chose du pouvoir en place actuellement.


Le scénario de dimanche dernier n'était donc pas une surprise pour les Centristes. Depuis longtemps, ils connaissent les problématiques des Français, leur désarroi, et ont conscience que le lien de confiance avec leurs gouvernants est rompu. Après les résultats de dimanche dernier, qui devraient remettre en cause nombre de nos élus, le Parti socialiste et l'UMP se déchirent autour de la présence au second tour du Front National. L'un accusant l'autre de ne pas prendre position contre le FN et le deuxième, au bord de l'implosion, démontrant une profonde confusion et crise de leadership, est dans l'incapacité de transmettre un message lisible. Malheureusement, avec une telle attitude et des discours culpabilisateurs, ce sont encore leurs concitoyens qui sont oubliés... Et çà ne pourra que renforcer la détermination des désespérés qui ont voté pour le Front National en ayant l'impression de ne pas avoir été compris ou entendus...


En tant que démocrates, humanistes, adversaires de la démagogie, les Centristes doivent reprendre le flambeau du changement porté si haut en 2007, mais abandonné par notre candidat. Les évènements successifs démontrent que nos réflexions, nos priorités, sont au coeur des attentes des Français. Pour ce faire, il nous faut poursuivre notre rassemblement qui n'en est qu'aux prémices. C'est notre fibre sociale, profondément européenne, qu'il manque dans les politiques conduites actuellement. Il faut que nous soyons plus forts, que nous pesions plus grâce à notre rassemblement qui, tout naturellement, nous conduira vers la présentation d'un projet alternatif aux Français. Nos compatriotes, las de l'UMP et du PS, se tournent vers le FN car ils ne trouvent pas d'autres offres clairement identifiées. C'est en permettant un choix plus large que l'on diminuera le vote protestataire mais aussi l'abstention. C'est la raison pour laquelle une candidature centriste est incontournable en 2012.

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