dimanche 30 janvier 2011

Intervention de François ROCHEBLOINE au Conseil de l'Europe

SESSION ORDINAIRE DE 2011
CONSEIL DE L'EUROPE
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(Première partie)
COMPTE RENDU
de la septième séance
Jeudi 27 janvier 2011 à 10 heures

Débat selon la procédure d’urgence :
Violences à l’encontre des chrétiens au Proche et Moyen-Orient

LE PRÉSIDENT* – L’ordre du jour appelle le débat d’urgence sur les «Violences à l’encontre des chrétiens au Proche et Moyen-Orient », présenté par M. Luca Volontè au nom de la commission des questions politiques (Doc. 12493).
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La parole est à M. Rochebloine.

M. ROCHEBLOINE (France) – Monsieur, le Président, mes chers collègues, le sort détestable qui est fait aux communautés chrétiennes d’Orient est effectivement une question urgente, non seulement pour ces communautés, mais aussi pour l’équilibre du monde et pour la promotion des valeurs démocratiques et des droits de l’homme, promotion sur laquelle, en tant que membres de cette Assemblée parlementaire, nous devrions être tous d’accord.

Un point me paraît capital dans le débat : l’enjeu de le la question des chrétiens d’Orient ne doit pas être vu comme un problème de minorité.

Sans doute, dans beaucoup d’endroits de la région, les chrétiens représentent-ils une très faible part de la population totale : ce petit reste, ultra-minoritaire, est une proie facile pour les terroristes à prétexte religieux qui le persécute et le tue.

Mais on ne doit jamais oublier que les populations chrétiennes d’Orient ne sont pas le résultat de peuplements importé, ce sont historiquement les premiers habitants des différents pays. Si, du fait de la domination ottomane, ces communautés ont été soumises à un statut de minorité, il faut rappeler que ce statut est radicalement contraire aux principes proclamés par la Convention européenne des droits de l’homme, notamment à l’égalité des droits civils et politiques.

Tout aussi contraire aux principes fondamentaux qui nous inspirent est l’interdiction de fait de pratiquer tout autre religion que l’islam, qui est en vigueur en Arabie saoudite. On ne commet aucune ingérence contraire à la souveraineté de l’Etat en appelant le gouvernement de ce pays à respecter et faire respecter concrètement l’un des droits de l’homme les mieux établis.

Il ne faut donc pas poser prioritairement le problème des communautés chrétiennes d’Orient en les considérant avec la grille d’analyse des minorités. Le traitement qui leur est infligé est en effet une menace, non seulement pour le respect de celles et ceux qui en sont victimes, mais aussi pour l’équilibre global des sociétés qui forment le substrat de la vie collective dans les pays du Moyen-Orient.

Si les autorités en place dans les pays où des exactions antichrétiennes ont été constatées ne sont pas capables ou n’éprouvent pas le désir d’empêcher et de réprimer ces exactions et les meurtres qui les accompagnent, cela veut dire que dans cette région du monde les idéaux démocratique n’ont décidément plus aucun cours ; c’est accepter qu’au principe de liberté se substitue, pour la société tout entière, la règle de la violence. Violence qui frappe tous les citoyens de ces pays, sans distinction d’origine ni de religion. Violence qui compromet à un terme proche la stabilité des Etats et, par là même, la stabilité ou l’équilibre de la scène internationale dont ces pays sont des acteurs.

La situation ne pourra évoluer que du jour où les pouvoirs publics de ces pays comprendront que l’intérêt général exige l’éradication de la violence d’où qu’elle vienne.

Cela suppose de la part de tous une attitude de vérité. On a trop souvent noté dans le discours officiel des dirigeants des pays concernés une tendance à nier l’existence ou la portée réelle des attitudes de persécution envers les populations chrétiennes. Mensonge qui est en même temps un aveu de faiblesse et qui sape l’autorité du pouvoir. Mensonge dont les récents attentats d’Égypte ont montré le caractère tragiquement dérisoire. Dans nos pays aussi, on ferme volontiers les yeux sur l’ampleur et les causes de ces attitudes, au risque d’encourager les extrémistes en faisant preuve, à leurs yeux, de faiblesse. Toutes ces hypocrisies doivent cesser.
Pour ma part, je suis solidaire de ceux qui, quelle que soit leur confession religieuse, font de ce respect l’axe de leur action et de leur espérance contre le fanatisme et le terrorisme.

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